Le virtuose turc Omar Farouk Tekbilek sera sur les planches des festivals de Carthage (8 août) et de Sousse ((10 août). Après une tournée estivale qui l'a mené à Istanbul et Mendecino en Californie, Omar Farouk Tekbilek et son ensemble donneront deux concerts tunisiens placés sous le signe de la diversité dans l'unité, leitmotiv de cet artiste. Accompagné de son ensemble, Omar Farouk Tekbilek est en Tunisie à l'invitation des services culturels de l'ambassade des USA en Tunisie. Ce musicien porte un univers énigmatique, un monde dans lequel mysticisme et romance cohabitent avec le folklore ou l'imaginaire le plus débridé. Un symbole de l'interculturalité, une savante alchimie... Véritable virtuose, Tekbilek joue de nombreux instruments et parvient à être brillant aussi bien aux percussions que sur les claviers électroniques. Toutefois, c'est le nay (flûte) et le oud (luth) qui sont ses instruments de prédilection avec le kaval, un autre genre de flûte, ou le baglama, un luth à la forme allongée. Ainsi, le cachet de Tekbilek est une savante alchimie entre tradition et sound contemporain. Cette musique de confluences est à la pointe de la modernité et c'est en ce sens que la venue de Tekbilek en Tunisie est un véritable symbole, une tension vers l'interculturalité, telle que la pratique Anouar Brahem, pour citer notre musicien le plus connu à l'échelle internationale. Toutefois, on peut regretter que la venue de Omar Farouk n'ait pas été accompagnée par un travail "pédagogique" pour mettre en valeur cet artiste de renommée internationale mais dont l'oeuvre se situe à mille lieux du "mainstream" du show business. Loin du show business, les artistes du contemporain... Cette défaillance de nos grands festivals dévoile en fait et a contrario que nos festivals ont perdu leur essence et leur projet culturels. En effet, tournés vers les grandes stars qui rempliraient même des stades, nos festivals ne font plus l'effort de faire connaître les véritables stars culturelles de nos manifestations de l'été. Lorsqu'un Omar Farouk passe inaperçu ou presque, lorsque les spectacles culturels se déroulent devant des audiences confidentielles, cela signifie que les festivals font mal leur travail et n'investissent plus dans la culture. Cette fracture ne date pas d'aujourd'hui: on a pu voir dans le passé un Herbie Hancock, mythe du jazz, jouer à Carthage devant une poignée de spectateurs... Souhaitons que Omar Farouk puisse drainer le grand public tout comme l'avait fait Anouar Braham lors de la saison antérieure de Carthage. Souhaitons aussi que les festivals gérent mieux ce type de concerts exigeants en sachant les mettre en valeur. Omar Farouk Tekbilek est peu connu du public tunisien mais son audience internationale et sa discographie imposante plaident pour lui et annoncent une soirée aux allures de pépite, un moment de musique aérien qui conjugue les expressions mystiques et la recherche musicale contemporaine. En attendant les concerts de Carthage et Sousse, les passions de musique pourront se retremper dans les albums les plus connus de Omar Farouk à l'image de "Alif", "Beyond the sky", "Mystical Garden" ou ""Crescent Moon".