Comme un boomerang… Ça part mal pour le deuxième mandat du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, réélu en juin dernier avec la bénédiction de l'opposition vu que son parti, le tout-puissant ANC (African National Congress), a perdu sa majorité absolue au Parlement, ce qui n'était pas arrivé depuis la fin de l'apartheid, en 1994. La Cour constitutionnelle a fait savoir hier jeudi 3 septembre qu'elle déterrera en novembre prochain une plainte qui pourrait mener tout droit à la destitution de Ramaphosa. Le missile est parti de deux partis d'opposition et il est aussi éminemment politique, les adversaires du chef de l'Etat ne sont pas passés loin de l'exploit aux dernières législatives, alors pourquoi pas abréger le règne contesté de l'ANC (notamment à cause des scandales de corruption) en surfant sur une sombre affaire. Le dossier date de 2022 et il a trait à quelque 580 000 dollars américains en espèces planqués dans le salon du président, le canapé plus précisément, dans son ranch… Le hic c'est que cet argent n'avait pas été déclaré. Comble de malheur pour le président de la République, ces sous ont été dérobés par des voleurs. Quand de l'argent non déclaré est volé on ne peut pas aller porter plainte au risque de s'attirer les foudres des services du fisc. Alors le chef de l'Etat s'est tu. Mais patatras : cette affaire hautement explosive est déballée 2 ans après. Ramaphos a été accusé par ses opposants de fraude fiscale, de blanchiment d'argent et d'infraction à la législation sur les devises étrangères. Il a démenti catégoriquement toute malversation et a juré ses grands dieux que l'argent est issu de la vente légale de son bétail, sauf qu'il n'a fourni aucune explication plausible sur son étrange cachette. Et quand on lui demanda si le vol avait été bien notifié à la police le président de la République se borna à dire qu'il avait alerté le chef de son service de sécurité. Bref, tout cet argumentaire exhale un parfum de dissimulation de vol pour justement dissimuler l'argent planqué dans le canapé… Toujours est-il qu'il a été blanchi par la Banque de réserve et un organisme public de surveillance, des décisions qui ont ulcéré les partis d'opposition. Ramaphosa échappa in extremis à un vote de destitution en 2022, l'ANC ayant pesé de tout son poids – sa majorité absolue – pour bloquer la motion, en dépit d'un rapport indépendant qui recommanda qu'une investigation complète soit conduite . Entre temps le parti de Feu Nelson Mandela a perdu son hégémonie au Parlement mais a réussi à monter une coalition gouvernementale avec 9 autres partis, dont certains étaient des adversaires coriaces de Ramaphosa. Ainsi ce dernier a pu étouffer le scandale du ranch de Phala Phala. Mais deux formations qui n'ont pas rejoint le gouvernement d'union nationale ont transmis des documents à la plus haute juridiction du pays… Ces dossiers disent que le Parlement a violé la Constitution en s'abstenant de cuisiner le chef de l'Etat sur ses présumés écarts. A 71 ans l'homme d'affaires à la tête de la première économie du continent devra affronter le défi le plus important et le plus périlleux de toute sa carrière politique, de toute sa vie tout court puisqu'il risque la destitution et la prison.
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