Je ne vous laisserai pas remplir mes vers De tristesse brûler mes champs de coquelicots Casser mon piano confisquer les oliviers De mon grand-père abattre mes étoiles Par vos étincelles marcher sur mes ailes Je ne vous laisserai pas Dieux des armes Tirer sur mes pierres utiliser mes palmes Pour vos feux réduire ma terre à des cimetières Couvrir le rire des enfants par vos balles Noyer la mer par vos naufrages Je ne vous laisserai pas ondes mensongères Voler mes frontières détruire mes collines Salir mon thym vos bottes par-dessus Mon corps jeté dans le vide les réfugiés Par milliers les toits par terre Je ne vous laisser asphyxier mon ciel Par vos fumées étouffer l'air enterrer Mes rêves de beauté assourdir mon chant Par vos cuirasses qui bombent le torse La nuit réveillée en sursaut Je ne vous laisserai semer les vautours Par-dessus mes blés détourner les flots Avilir le cyprès près de mon puits Dresser les murs contre mes paysages Retenir la fragrance de mes citronniers Je ne vous laisserai maîtres de la poussière Abattre mon poème élevé comme un œillet Au seuil de la porte pour accueillir vie Et lumière Dites à votre expansion oublieuse De l'Histoire qu'elle ne cesse de falsifier la mémoire