La course électorale au palais de Carthage a touché à sa fin, avec ses torts et ses raisons. C'était la journée d'hier qui devait, finalement, marquer le début d'une nouvelle étape politique cruciale. En ce dimanche décisif, dans toutes les circonscriptions du pays, tout le monde retenait son souffle, en attendant impatiemment le verdict final des urnes. A l'école Ibn-Mandhour à El Mourouj I, un des plus grands centres de vote du gouvernorat de Ben Arous, où se sont inscrits quelque cinq mille électeurs au total, le second tour de la présidentielle n'est pas sorti de l'ordinaire. L'acte citoyen s'est exercé à faibles doses de volonté et de détermination. Devant les bureaux de vote, on ne se bouscule plus, comme autrefois. Cette ambiance d'indifférence était quasi généralisée. Comme si les électeurs s'étaient trouvés dans l'embarras du non-choix : Caïd Essebsi ou Marzouki, alors que chacun d'eux n'hésite pas à se présenter comme le sauveur de la nation et garant de la démocratie. Ces deux finalistes à la magistrature suprême ont été mis à l'épreuve de leurs programmes et de leur vision des choses. Mais, tous les deux n'ont pas vraiment convaincu les cinq millions de votants potentiels. Loin s'en faut. Le faible taux de participation estimé par l'Isie à 36,8% jusqu'en début d'après-midi résonne comme une réponse claire. Même à l'échelle du centre Ibn-Mandhour, aux dires de son président, M. Hassen Ben Nejma, ce taux s'est situé aux alentours de 35,3 % à 12h30. Soit un résultat préliminaire non satisfaisant. Il a fait, de plus, remarquer que l'affluence des électeurs n'était pas à son rythme habituel par rapport aux échéances précédentes. Et pourtant, le scrutin se poursuivait sans surprises. D'ailleurs, aucun abus n'a été, heureusement, relevé, a-t-il encore ajouté. Ce constat a été aussi confirmé par les deux représentants des deux candidats. D'après eux, rien n'a été signalé. Sauf que, en dehors du centre, de vaines tentatives de manipulation ont été dissuadées, à la faveur de l'intervention des forces de l'ordre. Car la protection sécuritaire était de taille. D'autant que la zone a été, aussi, déclarée interdite à la circulation à tous types de véhicules. Sans arrêt ni stationnement, lit-on également dans le communiqué du ministère de l'Intérieur. Près d'une centaine de milliers d'agents militaires et de sécurité ont été mobilisés partout, là où il faut. Ailleurs, à l'intérieur du pays, dans les centres de vote frontaliers, ce potentiel est ainsi doublé d'un renfort humain et logistique conséquent. Cependant, la ruée vers le centre de vote n'a pas été si remarquable. Comme si le débat sur le scrutin s'était, en fait, déplacé dans les cafés de quartier, où le choix des uns et des autres suscitait une vive polémique. Un serveur a chuchoté, en réaction à de tels comportements réticents : «Il n'est pas si facile de tremper son doigt, il faut réfléchir mille fois avant... C'est que le choix d'un futur président relève d'une responsabilité citoyenne...».