Décidément, quand la Tunisie veut, elle peut. En tout cas, elle vient de réussir une opération promotionnelle en Autriche à près de trois mois avant la saison du balnéaire, ce qui n'est pas sans importance étant donné que le tourisme tunisien a toujours souffert de la saison dite basse. A supposer qu'une telle opération aille logiquement appeler à d'autres, on peut espérer que, hautes ou basses, les saisons tunisiennes n'auront plus dans l'avenir à pâtir du vide laissé après le balnéaire. 7.500 touristes autrichiens devront séjourner en Tunisie à partir du 15 avril et jusqu'au 19 mai 2009. C'est le résultat auquel est parvenue une délégation de l'ONTT et du ministère du Tourisme partie en décembre dernier séduire le marché autrichien. Que la Tunisie ait jeté son dévolu sur l'Autriche, ce n'est ni fortuit ni un coup de dé. Trois facteurs ont motivé ce choix. D'abord la catégorie ciblée, à savoir le troisième âge. Ensuite le pouvoir d'achat de l'Autrichien qu'on estime être le double de celui de l'Européen en général. Enfin, cette catégorie des retraités, il va sans dire ne subit en rien les effets de la crise financière mondiale. Alors que généralement on évalue à 350 euros par semaine le séjour de l'Européen en Tunisie, celui de l'Autrichien tourne autour de 755 euros la semaine. Deux coups en un : on n'est pas (pour une fois ?) dans le tourisme de masse, et on en profite à une saison où d'autres destinations concurrentes craignent jusque pour la saison estivale. D'ailleurs, l'Opération Autriche'' a failli profiter à d'autres destinations n'eussent été le charme des sites tunisiens, la paix sociale et la stabilité politique du pays qui ont pris le dessus. Coûteuse mais porteuse, cette opération menée en Autriche auprès de l'Association des Personnes Agées (800.000 membres) aura nécessité une enveloppe de 58 750 euros sur deux années, car au contingent de 2009 succèdera l'an prochain un autre d'environ 9.000 touristes autrichiens. En somme, 16 mille personnes sont prévues entre le printemps 2009 et celui de 2010. Les 7.500 visiteurs attendus dès la mi-avril courant seront hébergés dans trois hôtels de catégorie 5 Etoiles à Mahdia. Durant une semaine pour chaque touriste, celui-ci aura à visiter également El Jem, Kairouan (capitale de la culture islamique), Tunis et banlieues. En fait, l'Opération Autriche est autrement délicate, comme l'a expliqué ce matin lors d'un point de presse M. Khalil Laâjimi, ministre du Tourisme. Il s'agit de personnes âgées, ce qui implique un accueil adéquat, un surplus de protection, de surveillance (notamment à la frontière), de soins particuliers, et un environnement pour le moins propre. Les autorités locales à Mahdia semblent tout à fait conscientes de l'étendue de la responsabilité qui leur est confiée. Le directeur de l'Association Autrichienne des Personnes Agées, invité à la conférence de presse, a pour sa part justifié le choix porté sur la Tunisie, déclarant que trois facteurs ont été déterminants : la qualité du site tunisien, le climat magnifique'' surtout en cette période de l'année où il pleut encore en Autriche, et les prix raisonnables des hôtels de luxe tunisiens par rapport à ceux d'autres destinations, ajoutant que l'Autrichien, le long de sa vie active, n'a pas vraiment assez de temps pour voyager, et que le départ à la retraite constitue la période propice au voyage et à la découverte de la culture de l'Autre. Profitant du point de presse, M. Laâjimi a livré d'autres chiffres et d'autres impressions. A fin mars 2009, ont visité notre pays quelque 1.100.000 touristes, portant les recettes à +2,9% en dinars par rapport à la même période de l'année écoulée, mais juste à +0,7% en euros. Cela veut dire que, crise ou pas crise, la saison n'augure rien de mal. Mieux : le ministre dit flairer une bonne dynamique touristique dès le mois de mai prochain, expliquant cet optimisme par le fait que l'Européen n'est plus en mesure de réserver bien à l'avance, mais qu'il a tendance à réserver sur le court terme. Quoi qu'il en soit, le ministre semble serein quant à une croissance possible du tourisme tunisien de l'ordre de 10% en 2010.