«Nous voudrions créer des fonds d'investissement en Tunisie » Jusqu'ici faiblement présente en Tunisie, Deutsche Bank veut désormais y développer son activité. Explications de M. Rajeev Misra, dirigeant à Deutsche Bank, qui a séjourné en Tunisie les 3 et 4 juillet 2006.
WMC : Quel est le but de votre visite en Tunisie ? Rajeev Misra : L'objectif de Deutsche Bank est d'étudier des opportunités de développement en Tunisie, en vue d'investir éventuellement dans des projets intéressants. J'ai eu l'honneur de rencontrer des responsables tunisiens et nous avons parlé de ces projets. Deutsche Bank réalise beaucoup de projets à travers le monde, tant sous forme de financement que de participation. Mon deuxième objectif est de rencontrer des chefs d'entreprise tunisiens en vue d'étudier la possibilité de monter des joint-ventures avec des entreprises européennes afin de produire, par exemple, de l'acier, du ciment, etc. Deutsche Bank est très active au Moyen-Orient. Elle a récemment, par exemple, ouvert sa première filiale en Arabie Saoudite, et mis sur pied aux Emirats Arabes Unis, avec Abraaj Capital, un fonds d'investissement en vue de lever 2 milliards de dollars. Quelle est son ambition en Afrique du Nord d'une façon générale et en Tunisie en particulier ? Parlons de la Tunisie. Nous voudrions y créer des fonds d'investissement avec des partenaires européens. Nous pouvons aider à lever des capitaux pour ce fonds. Nous pouvons également trouver les bons promoteurs qui peuvent devenir des opérateurs de ces projets, Y a-t-il de la place pour un partenariat entre l'Inde, qui est en train de rejoindre le club des plus grands pays industrialisés, et la Tunisie qui essaie de se «vendre» au monde extérieur, comme une porte d'entrée vers l'Union européenne, le reste de l'Afrique du Nord et l'Afrique sub-saharienne ? Pour l'Inde, la Tunisie est surtout une porte vers l'Europe du Sud. Je crois qu'il y a un énorme potentiel de collaboration entre la Tunisie et l'Inde. Les gens se ressemblent beaucoup. En Tunisie, on connaît bien l'Inde grâce au cinéma. La Tunisie a beaucoup d'atouts, parfois plus que l'Inde. Elle a de bonnes infrastructures, des aéroports bien connectés avec les principales capitales européennes à deux heures et demi de Londres, deux heures de Paris, une heure de Rome, etc.-, des avantages en matières de connaissance de langues. La stratégie de la Tunisie devrait consister à monter des joint-ventures avec cinq ou six entreprises indiennes afin de montrer rapidement quelques réussites. Les investisseurs commenceront alors à affluer pour lancer d'autres projets. On peut lancer ces joint-ventures dans les call-centers, la fabrication de composants automobiles, etc. Les Indiens ont réussi surtout dans des pays anglo-saxons, mais la Tunisie peut les aider à percer en Italie, en France, en Belgique, etc. Ces projets doivent être montés par des hommes d'affaires, avec l'aide du gouvernement. On peut lancer de petits centres d'appels, de petits centres de traitement de données pour les banques françaises, des activités de programmation informatique, etc. Les entreprises indiennes veulent se développer à l'étranger. Elles le font déjà en Chine, au Sri Lanka, aux Philippines, à Singapour, à Hong Kong, au Japon, à Dubaï. Très proche de l'Europe, la Tunisie convient parfaitement du point de vue de l'analyse des coûts-bénéfices, de ses jeunes diplômés qui peuvent travailler pour fournir des services à la France, l'Italie, l'Espagne.