L'Union Tunisienne de l'Industrie, du commerce et de l'Artisanat (UTICA) a boudé, hier, une réunion qui devait marquer la reprise des négociations sociales dans le secteur privé après une longue rupture consécutive à un désaccord profond entre le patronat et les syndicats. Aucun représentant de l'organisation patronale ne s'est en effet manifesté lors de cette réunion qui devait avoir lieu en présence du ministre des Affaires sociales, lequel est intervenu dernièrement pour calmer les tensions entre les deux parties. «Les représentants de l'UTICA se sont absentés sans préavis alors que cinq dirigeants de l'UGTT et des représentants du ministère des Affaires sociales se sont présentés à la réunion», déplore Belgacem Ayari, secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé du secteur privé. «Le patronat a ainsi manqué à ses engagements», a-t-il ajouté, indiquant que le groupement du secteur privé relevant de la centrale syndicale se réunira prochainement pour discuter de ce «faux-pas du patronat qui risque de nuire aux relations entre les deux organisations». Le ministre des Affaires sociales Ahmed Ammar Younbaï avait annoncé samedi dernier que les négociations sur les augmentations salariales dans le secteur privé reprendraient le mardi 13 octobre, notant que cette première réunion sera consacrée à l'examen de la situation de cinq secteurs d'activité économique parmi les 52 secteurs régis par des conventions sectorielles communes qui n'ont pas encore accordé aux salariés les augmentations au titre de l'année 2014. Ces secteurs sont deux du cinéma, des jardins d'enfants, du gardiennage, du transport des hydrocarbures et de la distribution des médicaments. Contacté à ce sujet Khalil Ghariani, membre du Bureau exécutif de l'UTICA, a affirmé que l'organisation n'a reçu une convocation de la part du ministère des Affaires sociales pour participer à une réunion du comité central des négociations sociales que le lundi 12 octobre. «Au regard de cette convocation tardive, nous avons adressé un courrier au ministre des Affaires sociales pour demander le report de cette réunion, afin de pouvoir mener des consultation avec les dirigeants des structures patronales représentant les cinq secteurs qui n'ont pas encore signé les avenants relatifs à l'accord sur les augmentations salariales au tire de l'année 2014» , a-t-il ajouté, indiquant aussi que les dirigeants de l'organisation patronale avaient d'autres engagements importants, dont la participation à une conférence nationale sur les négociations entre la Tunisie et l'Union européenne pour un Accord de libre-échange complet et approfondi (Aleca). Il est à rappeler qu'un bras de fer avait opposé en septembre dernier l'UGTT et l'UTICA. Dans le cadre de ce duel à fleurets mouchetés, la centrale syndicale est allée jusqu'à brandir la menace d'organiser une série de mouvements de protestation pouvant aller jusqu'à la grève générale, au cas où le patronat continue à bloquer les négociations sociales et refuse d'accorder des augmentations salariales aux employés des entreprises privées. L'UGTT avait aussi accusé l'organisation patronale de «chercher à renier le droit des salariés du secteur privé de bénéficier de majorations salariales» et à «créer une situation sociale tendue». A l'origine du bras de fer, la proposition de l'UTICA de prendre en considération le taux d'inflation ainsi que la croissance économique et de la productivité pour déterminer le montant des augmentations salariales dans le secteur privé, ce qui se traduirait par des majorations salariales dérisoires vu que le taux de croissance du PIB ne devrait pas dépasser 1% en 2015. Visiblement, les tensions entre les deux organisations qui font partie du Quartet de la société civile tunisienne ayant reçu le prix Nobel de la paix 2015 pour son rôle dans la résolution de la crise politique de 2013- 2014 ne semblent pas près de retomber...