Le Premier ministre britannique, David Cameron, a remporté une victoire électorale d'une ampleur totalement inattendue aux législatives de jeudi, faisant mentir les sondages qui prédisaient le scrutin le plus serré depuis des décennies, ce qui lui permettra de diriger le Royaume-Uni pendant cinq ans supplémentaires. La reine Elizabeth l'a invité hier à former un nouveau gouvernement, après ce triomphe qui dépasse de très loin les prévisions les plus optimistes des Tories, qui sont majoritaires pour la première fois depuis 1992 à la Chambre des communes. Les marchés financiers ont applaudi les résultats, exprimant leur soulagement de voir écartée l'hypothèse d'un parlement sans majorité claire, qui aurait conduit à des jours, voire des semaines de pourparlers pour tenter de former une coalition. Mais malgré son ampleur, la victoire des Tories est loin de répondre à toutes les incertitudes politiques, à commencer par celles de l'unité du pays et de son avenir au sein de l'Union européenne. Les conservateurs ont obtenu 331 des 650 sièges à pourvoir, tandis que les travaillistes comptent 232 élus, d'après les résultats complets et définitifs. David Cameron, qui devient le premier chef de gouvernement sortant à gagner des sièges depuis Margaret Thatcher en 1983, pourra donc se passer des libéraux-démocrates avec lesquels il a gouverné ces cinq dernières années. Les «Lib-Dems» sont d'ailleurs, après les travaillistes, les principaux perdants des législatives puisqu'ils ne conservent que huit des 57 sièges dont ils disposaient dans le parlement sortant. Nick Clegg, leur chef de file, a également démissionné bien qu'il ait été réélu. De retour de Buckingham Palace, David Cameron a adopté un ton conciliant, notamment envers l'Ecosse, qui sera sans doute le dossier le plus délicat des débuts de son nouveau mandat. Pour le Labour, la défaite est d'une ampleur sans précédent depuis près de 30 ans, principalement à cause du succès éclatant remporté en Ecosse, un bastion historique de la gauche, par le Parti nationaliste écossais (SNP), vainqueur dans 56 des 59 circonscriptions alors qu'il ne détenait que six sièges jusqu'à jeudi. Humiliation supplémentaire pour le Labour, Douglas Alexander, le directeur de campagne du parti et porte-parole pour la politique étrangère, a perdu son siège au profit d'une candidate SNP de 20 ans, Mhairi Black, qui devient ainsi la plus jeune élue aux Communes depuis 1667. En Angleterre, c'est Ed Balls, porte-parole du parti pour les finances, qui était appelé à devenir chancelier de l'Echiquier en cas de victoire, qui a été battu à Leeds, par un conservateur. Quant au Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP), qui prône la sortie de l'Union européenne, il devrait certes confirmer son statut de troisième parti du royaume en voix mais devra se contenter d'un seul siège. Son chef de file, Nigel Farage, a été battu dans sa circonscription et a remis sa démission en laissant toutefois entendre qu'il pourrait à nouveau briguer la direction du parti dès cette année. Sur le plan international, une conséquence d'un maintien de David Cameron au 10 Downing Street est d'ores et déjà connue: un référendum sur le maintien de la Grande-Bretagne au sein de l'Union européenne devrait avoir lieu d'ici deux ans, ce qu'a promis le Premier ministre sortant en cas de réélection. Il assure qu'il fera campagne pour le maintien dans l'UE s'il obtient au préalable de ses partenaires une modification satisfaisante des traités. François Hollande l'a quant à lui félicité et invité à Paris, une fois son gouvernement formé. «Le Président a marqué son attachement à l'amitié profonde entre la France et le Royaume-Uni, et au renforcement de leur partenariat dans tous les domaines notamment au sein de l'UE. Ils sont convenus de travailler ensemble pour le succès de la Conférence sur le climat (COP 21)», ajoute l'Elysée dans un communiqué.