L'ouverture de la 42è édition du festival international de Dougga, le 20 juillet courant, le plus ancien festival d'été en Tunisie, a été un véritable miracle pour ses organisateurs l'Association du festival international de Dougga, en l'occurrence, dans la mesure où la subvention de 100 000 dinars promise par le ministère des affaires culturelles n'est pas encore parvenue. « C'est une édition très difficile » a lancé Mokhtar Belatek, directeur du festival de Dougga lors d'un point de presse tenu juste avant le coup d'envoi de cette manifestation. « Un grand défi » a ajouté l'interlocuteur contre une situation embarrassante nourrie par la bureaucratie et les lenteurs administratives. Il a également affirmé que 80% des festivals à travers le pays n'ont pas encore reçu leur subvention. Pourtant, l'objectif de l'Association du festival de Dougga est la promotion culturelle dans la région du Nord-Ouest tunisien et la création d'une dynamique économique et touristique tout au long du festival et des manifestations culturelles au cours de l'année. L'utopie et le rêve alimenteront malheureusement les esprits des agitateurs culturels devant des situations surréalistes qui poussent au militantisme culturel récompensé par l‘ingratitude et l'indifférence. Et à la question du « Temps » sur la non- programmation à Dougga de pièces classiques françaises comme au bon vieux temps du festival, Mokhtar Belatek nous a répondu que cela ne serait pas difficile en associant l'Institut français de Tunisie, par exemple. Et en attendant des jours meilleurs, le spectacle d'ouverture du festival de Dougga a drainé un public assez nombreux au mythique amphithéâtre situé sur le site de l'ancienne Thugga. L'orchestre et le chœur du Conservatoire El Manar, à Tunis, une formation académique qui comptait 75 personnes principalement jeunes ce soir-là sous la direction du maestro Fadi Ben Othmen, a donc ouvert la nouvelle édition du festival de Dougga. Un voyage vocal et musical avec des œuvres classiques remises au goût du jour, associées à des chansons-thèmes de films et à la World Music. Du touche-à-tout musical comme pour satisfaire à tous les goûts et varier un tant soit peu le contenu. Cela a donné à voir et à écouter un spectacle musical où les écarts se faisaient remarquer entre les genres allant de l'opéra aux chansons de variété. Des voix confirmées comme celles du baryton Heithem Lahdhiri, de la soprano Yosra Abid, du ténor Hatem Nasri, du chanteur compositeur Mahmoud Turki et de l'artiste pluridisciplinaire Yasser Jradi. Chacun d'eux s'est démené. Les chanteurs ont proposé leurs propres œuvres nouvelles et anciennes malgré les mauvaises surprises du micro qui n'arrivait pas parfois à faire entendre les voix. Cela s'est passé sous les applaudissements au terme de chaque morceau ou chanson. Ce public, un peu trop chahuteur, a également apprécié les performances des artistes d'opéra. Une soirée musicale conviviale de découverte et de retrouvailles dans une atmosphère des plus chaudes avec la canicule nocturne qui s'y était invitée et qui régnait sur la région du Nord-Ouest et sur tout le pays.