La pharmacodépendance aux drogues est complexe, au carrefour de nombreuses disciplines: clinique, médicale, psychiatrique, biologique et humaine. C'est un problème de santé publique majeur, dans lequel le pharmacien a toute sa place: du dialogue (pouvant être considéré comme le premier acte thérapeutique), à la prise en charge. Le pharmacien d'officine a la chance d'être un professionnel de santé accessible à tous, c'est pourquoi il doit avoir un rôle clé dans les domaines de la prévention et de l'accompagnement. De par sa promiscuité avec les patients suivi pour addiction, il pourra assurer un suivi personnalisé du traitement et s'intégrer dans un système de réseau de soins, car c'est en étant en relation avec les multiples intervenants du domaine de la toxicomanie qu'il pourra exercer au mieux son rôle d'accompagnant. C'est dans ce cadre que l' Association Tunisienne de Lutte contre les MST et le SIDA a organisé à Nabeul un atelier sur la réduction de risques associés à la consommation de drogues par voie intraveineuse , animé par le psychologue clinicien, Bilel Ben Taleb, en présence de 40 pharmaciens de la région. C'est un atelier interactif, souligne le psychologue clinicien, Bilel Ben Taleb, chargé de ce programme à l'ATL. « Il a porté sur la présentation des objectifs de la réduction des risques des consommateurs de drogues, l'utilité sanitaire et sociale de la réduction des risques, les traitements de substitutions aux opiacés, le rôle des pharmaciens et la présentation des centres d'accueil et de prévention ainsi que des principales réalisations des CAP (Centre d'accompagnement pour la prévention) . Nous avons voulu aussi sensibiliser le pharmacien grâce sa proximité avec ses clients et l'approche des soins de substitution pour un sevrage et une diminution des risques d'addiction. » Cette réduction des risques ajoute t-il est une démarche qui s'adresse aux consommateurs actifs de drogues. Cette démarche privilégie des stratégies de soin et de prévention visant à limiter au maximum les risques sanitaires (infections, abcès...) et sociaux (exclusion, précarité...) et infectieux chez les usagers de drogues par voie intraveineuse. L'usage de drogues par voie intraveineuse se fait par la réutilisation de la seringue et le partage du matériel de préparation : récipient, filtre (coton), tampon, eau.) Il fait courir des risques d'infection d'origine virale (VHC, VHB, VIH/Sida) ». Accompagner et soigner Les centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues sont des établissements médico-sociaux destinés à accueillir des usagers de drogues. Le psychologue clinicien, Bilel Ben Taleb nous fait savoir qu'il existe 4 centres qui offrent un accueil de prévention et constituent des espaces d'assistance socio-médicale, psychologique, psychiatrique ergo thérapeutiques et juridiques et ce à Mellassine, à Nabeul, à Kasserine et à Gafsa. « Leur rôle dit-il est de prendre en charge les toxicomanes (psychologiquement et médicalement dans le centre d'aide et d'écoute) et assurer leur réintégration socio familiale et faire dynamiser tous les acteurs pour un suivi à domicile des usagers de drogues. Une équipe pluridisciplinaire composée de médecin, psychologue, professionnel socio-éducatif propose une écoute, des informations, une évaluation et un accompagnement personnalisés, et, si besoin, une orientation vers un établissement de soins adapté ». Cette prise en charge, estime , la pharmacienne Rim Chelli, a des impacts positifs parce qu'elle peut sauver des vies, des études ont montré que 50% des patients présentent, à la suite de cette prise en charge une meilleure situation, près de trois quarts des personnes addictes guérissent et deux tiers des usagers estiment qu'ils disposent d'une meilleure qualité de vie avec ces traitements