Par Abdelhamid GMATI Demain, lundi 1er décembre, dernier délai, les candidats aux élections législatives du 26 octobre dernier, n'ayant pu obtenu 3% des suffrages, devront rembourser la subvention publique dont ils ont bénéficié pour leur campagne électorale. 1.172 listes sont concernées. Ce remboursement est exigé par la Cour des Comptes qui engagera des poursuites judiciaires contre les contrevenants. Sera-t-elle entendue ? Aux élections de 2011, plus de 2 millions de dinars n'ont pas été remboursés. Elyes Fakhfakh, ex-ministre des Finances, avait déclaré que sur les 2,9 millions de dinars de financement public que l'Etat aurait dû récupérer après les élections de 2011, seuls 26%, soit 752.000 dinars, avaient été restitués. Les candidats ayant participé au premier tour de l'élection présidentielle sont également concernés par le remboursement des subventions publiques obtenues. Du moins les 19 qui n'ont pas obtenu les 3% de suffrages exigés. Ils devront restituer 39.628 dinars chacun, dans un délai de 10 jours à partir de l'annonce des résultats définitifs. Cinq candidats en seront exemptés et les deux qui participent au second tour percevront, chacun, 52.837 dinars versés en deux tranches. A rappeler que ceux qui s'étaient retirés de la course, à savoir Larbi Nasra, Mohamed Hamdi et Abderrahim Zouari, n'ont rien perçu et ne sont donc pas concernés. Il faut, néanmoins, rappeler que chaque candidat à la présidentielle avait déposé une caution non récupérable de 10.000 dinars. Ce qui réduit fortement les dépenses de l'Etat. A condition que ces messieurs fassent preuve de civisme et d'intégrité et remboursent ce dont ils ont bénéficié. Ce qui nous amène à mesurer les défis auxquels la communauté nationale a dû faire face depuis le 14 janvier 2011. Le président de l'Association tunisienne pour la transparence financière (Attf), a rappelé, cette semaine, ce qu'a coûté l'Assemblée nationale constituane. Il a précisé que « les frais de voyage des députés de l'ANC ont atteint, en seulement 3 ans, la bagatelle de 600.000 dinars ». Une assemblée élue pour un mandat d'une seule année, mais qui s'est maintenue au pouvoir pendant trois ans, durant lesquels les 217 députés ont bénéficié de salaires élevés et de primes et autres avantages matériels et financiers. Le rapport financier de l'Instance supérieure indépendante des élections, Isie, a révélé les données financières relatives aux élections de l'Assemblée constituante tenues le 23 octobre 2011. Les dépenses ont atteint 41.995.297 dinars pour la location de 200 voitures, carburant, alimentation et nourriture, subventions, campagnes publicitaires et affichage, enregistrement des interventions télévisées des candidats, séminaires, conférences de presse et dépenses pour l'annonce des résultats au Palais des Congrès. Mais il n' y a pas que cela. Il y a eu aussi les dépenses engendrées, notamment, par les gouvernements de la Troïka : nombre très élevé de ministres et de secrétaires d'Etat (41) avec ce qui s'ensuit en salaires plus que confortables (3.824 DT pour un secrétaire d'Etat, 4.500 DT pour un ministre et 6.000 DT pour un Premier ministre), primes, commodités (voitures), voyages à l'étranger, etc. Il y a également le ralentissement des activités économiques et les grèves plus ou moins légitimes, plus ou moins sauvages. 398 grèves rien que durant les 10 premiers mois de 2014, qui ont coûté 311.929 jours de travail et qui ont touché plusieurs entreprises publiques (Tunisair, Transtu, la Steg, la Sonede, Tunisie Telecom ou la Compagnie des phosphates de Gafsa, et même les établissements d'enseignement). L'instauration de la démocratie a un coût élevé. Verra-t-on le bout du tunnel ? Pour la présidente de l'Utica, l'absence de visibilité politique se traduit par une paralysie économique (peu d'investissements à l'échelle nationale ou internationale), aucune certitude quant à la fin d'une transition qui perdure. Cela veut dire que les candidats à cette présidentielle devraient se préoccuper de cette situation déplorable et oublier leurs ego stériles et destructeurs.