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À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire
Publié dans Business News le 07 - 10 - 2024

D'ici quelques heures, l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) donnera les résultats préliminaires de la présidentielle 2024 et tout porte à croire qu'elle déclarera vainqueur le président sortant Kaïs Saïed. On le savait depuis des semaines déjà et cela a été confirmé hier après la diffusion des résultats du sondage sortie des urnes sur la télévision publique par l'institut Sigma Conseil que dirige Hassen Zargouni.
Kaïs Saïed rempilera donc, en théorie, pour cinq années pour le grand bonheur de ses partisans sortis hier, par centaines, un peu partout dans le pays pour fêter sa victoire.
Selon le pourcentage donné par M. Zargouni, Kaïs Saïed aurait collecté 2.194.150 voix, soit 89,2%, pour un taux de participation de 27%,7.
Si la victoire de Kaïs Saïed était attendue, tant il y a eu de manigances et de magouilles, le pourcentage soviétique de 89,2% est surprenant.
Les deux rivaux de Kaïs Saïed se sont empressés de contester les chiffres de Sigma et ils ne manqueraient pas de crier au scandale et à la fraude si l'Isie confirme ce sondage en donnant, comme résultats préliminaires, des pourcentages définitifs.

Pour ma part, je ne crierai ni au scandale, ni à la fraude. Je me limiterai à décortiquer les chiffres et les faits.
- Pour les chiffres, l'Isie annonce un corps électoral de 9,7 millions d'individus et ce chiffre ne colle pas avec la démographie tunisienne. Première intrigue.
- Le nombre de voix pour Kaïs Saïed serait, selon Sigma, de 2,194 millions d'électeurs. En 2019, Kaïs Saïed a gagné avec 2,7 millions et a bénéficié, alors, des soutiens des démocrates et des islamistes, y compris les plus radicaux. Sachant que ces derniers dépassent largement le million d'électeurs, et qu'ils sont totalement anti-Saïed aujourd'hui, on ne peut pas comprendre comment le président sortant n'a perdu que 600 mille voix en cinq ans. Deuxième intrigue.
- L'article 172 du code électoral interdit clairement les sondages durant la période électorale laquelle court du 14 juillet 2024 jusqu'à la proclamation définitive des résultats. Comment Sigma a pu, donc, violer la loi et envoyer ses équipes faire des sondages au su et au vu de la police, de l'armée et de l'Isie ? Comment son directeur, qui n'a fait aucun sondage les deux dernières années et qui disait avoir peur pour sa famille, a pu avoir accès au prime time de la télévision publique, un jour d'élection, cette même télé qui n'a cessé de faire la propagande de Kaïs Saïed durant toute la campagne ? Comment le président de la République et candidat à sa réélection s'est permis de crier victoire en se basant sur des sondages théoriquement interdits ? Troisième intrigue.
- Si le pourcentage soviétique est réel, et s'il y a eu plus de deux millions de personnes qui ont voté pour Kaïs Saïed, pourquoi ne les voit-on pas dans la rue et les marchés, sur les réseaux sociaux, dans les multiples manifestations de soutien au régime, ni même au dernier meeting de fin de campagne qui n'a vu qu'une centaine de quidams vendredi dernier ? Deux millions soutenant un candidat, ce n'est pas rien et il est anormal de les voir dans les urnes et pas dans la vraie vie. Quatrième intrigue.

Ces interrogations sur les sondages diffusés et les résultats à venir s'ajoutent à toutes les aberrations contraires aux pratiques démocratiques observées un peu partout dans le monde.
En voici quelques-unes :
- Les membres de l'instance électorale ont été nommés par le président sortant.
Plusieurs candidats ont été éliminés par l'Isie ou par la justice par le biais de procès express.
- Trois candidats ont été éliminés par l'Isie et rétablis dans leurs droits par la justice administrative, mais l'instance électorale a quand-même refusé de les réintégrer dans la course.
- Un candidat adoubé par l'Isie a été jeté en prison et condamné à plus de douze ans de prison ferme lors de procès express d'une rapidité record, jamais observée dans les tribunaux tunisiens.
- En pleine campagne électorale, le président sortant annonce une nouvelle loi pour accorder des primes aux membres des conseils locaux.
- L'Isie annonce un plafond de dépenses ridicule qui empêche, drastiquement, les candidats de bien mener leur campagne électorale. Le plafond autorisé ne permet même pas de payer un per diem aux observateurs pour leur travail le jour du scrutin. Il n'a même pas atteint 10% du plafond de campagne de la présidentielle 2019.
- L'Isie a refusé d'accorder des accréditations aux observateurs les plus crédibles, en évoquant les prétextes les plus futiles et les moins crédibles.
- La même Isie a multiplié les menaces et les intimidations ciblant les journalistes indépendants ce qui a poussé certains d'entre eux à refuser l'accréditation et toute collaboration avec l'instance. D'autres ont fait contre mauvaise fortune bon cœur et accepté l'accréditation. Sauf que voilà, leur liberté de ton a dérangé l'Isie au point de leur retirer l'accréditation déjà donnée.
- À dix jours du scrutin, le pouvoir a changé le code électoral, faussant du coup les règles du jeu en plein match.
- 100% des médias publics ont fait de la propagande à outrance au profit du président sortant. Kaïs Saïed a même changé les directeurs de deux médias publics en pleine campagne.

Avec autant de violations flagrantes de la loi et de la bienséance, autant de pratiques suspectes et autant de manque de respect des règles minima observées dans les pays démocratiques, il n'était plus surprenant que Kaïs Saïed soit donné vainqueur. Tout a été fait pour lui ouvrir un grand boulevard et barrer la route à ses adversaires.
Peut-on, dès lors, estimer que Kaïs Saïed ait gagné haut la main et honnêtement la présidentielle, si bien est que l'on considère qu'il a réellement obtenu plus de deux millions de voix ?
Quand on triomphe d'une personne ou d'une situation sans avoir rencontré de résistance ou de difficulté, la victoire est dénuée de mérite. À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, disait Corneille dans le Cid.
Les partisans du président sortant peuvent se pavaner autant qu'ils veulent, Kaïs Saïed a usé de tout son pouvoir pour rempiler. Sa victoire n'a rien de glorieux, elle était plus que prévisible. Pour l'écrasante majorité de ses opposants, notamment ceux en prison, elle est abjecte.
Le score soviétique, s'il est confirmé, est honteux et indigne de la Tunisie du XXIe siècle.
Kaïs Saïed peut balayer tout cela d'un revers et se réjouir de sa victoire. Grand bien lui fasse. Il ne doit cependant pas oublier que la majorité du peuple (72%) n'a pas voté pour lui et que l'élite du pays est contre ses pratiques.


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