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Création d'un observatoire national sur les drogues et la toxicomanie Deuxième table ronde sur le développement et la mise en oeuvre d'une politique sur les drogues et la toxicomanie
Le ministère de la Santé publique et le Groupe Pompidou de coopération en matière de lutte contre l'abus et le trafic illicite de stupéfiants ont organisé, hier à Tunis, la deuxième table ronde sur le développement et la mise en œuvre d'une politique sur les drogues et la toxicomanie. Cette rencontre a pour finalité de présenter les grands axes de la politique en vue, notamment d'un point de vue juridique et scientifique; des axes à même de fournir aux experts relevant des parties concernés les données nécessaires et appropriées aux futures interventions. Elle vise, également, à mettre en lumière les jalons de l'instauration de l'Observatoire national sur les drogues et la toxicomanie. La séance de l'après-midi a été focalisée sur les prémices de l'observatoire, qui promet d'être un pilier à vocation informative, consultative et de recherche scientifique sur le phénomène. Présentant le projet, Mme Chaïma Ayari, administratrice à l'unité juridique du ministère de la Santé publique, a indiqué que l'Observatoire vient combler les lacunes existantes en matière de collecte des données et de traitement du phénomène à la fois social et de santé publique. Il a ainsi pour missions de maîtriser les phénomènes d'addiction et de crimes liés aux drogues. Ce nouvel organisme se chargera, en effet, de la collecte des données relatives aux drogues et à la toxicomanie via évidemment des enquêtes sur le terrain. Il procèdera, également, à l'analyse et à l'évaluation des indicateurs et des statistiques obtenus et contribuera, par conséquent, à titre consultatif, à la mise en place des programmes et au développement des recherches ayant trait aux drogues. Il est à noter que l'Observatoire sera créé selon un décret qui fixera son organisation administrative et financière ainsi que ses modalités de fonctionnement. Ce qui est certain c'est qu'il sera une institution publique à caractère administratif placée sous la tutelle du gouvernement. S'agissant des différentes prérogatives de l'observatoire, elles seront assurées par plusieurs directions et sous-directions spécialisées, dont la direction de collecte des données et du recensement, la sous-direction des études et des recherches ainsi que le conseil scientifique. De son côté, M. Richard Muscat, professeur au département des sciences biomédicales à l'Université de Malte, a donné son avis sur la conception et la mise en œuvre de l'observatoire. Pour lui, il convient de tenir compte des indicateurs obtenus lors de l'élaboration de la pré-enquête MedSPAD, réalisée par la direction de la médecine scolaire et universitaire en collaboration avec le Groupe Pompidou et le Conseil de l'Europe; des indicateurs jugés comme étant typiques de la région méditerranéenne. Cependant, il serait encore plus intéressant d'élaborer une enquête portant sur la population adulte afin de cerner plus de données sur la toxicomanie en Tunisie. S'agissant de l'Observatoire, M. Muscat a indiqué que cet organisme ne saura apporter le plus informatif et consultatif sans une certaine autonomie vis-à-vis des parties officielles. Pour lui, l'aspect juridique doit servir d'instrument favorable à l'élaboration des stratégies appropriées. Rassembler tous les morceaux du puzzle est de mise afin de dresser la mosaïque organisationnelle et de fixer les missions de chaque partie concernée, dont le gouvernement, le ministère de la Santé, le ministère de l'Education, la société civile, etc. L'orateur a, par ailleurs, insisté sur la diffusion de l'information sur les drogues dans le sens informatif mais aussi dans celui de la sensibilisation. Pour lui, la publication, dans un an, d'un rapport présentant l'état des lieux de l'usage des drogues et les missions de chaque partie concernée serait déjà, pour l'Observatoire, un premier pas. Zoom sur les expériences méditerranéennes en la matière La table ronde a permis, également, aux participants représentant différents pays méditerranéens de présenter leurs expériences en la matière. Mme Fatma Omar a donné à l'assistance un aperçu sur l'Observatoire national marocain des drogues et de la toxicomanie (Onda). Selon une enquête nationale marocaine des ménages sur les troubles mentaux et sur l'usage des drogues, publiée en 2007, 4,8% des Marocains âgés de plus de 16 ans sont concernés par ce phénomène. La moyenne mondiale étant de 4%. Au Maroc, l'usage de la drogue est favorisé par plusieurs facteurs dont les faibles prestations spécialisées, la faible implication de la société civile, les insuffisantes actions de prévention et l'absence d'un système performant pour la collecte des données. D'autant plus que l'accessibilité des drogues, la facilité du flux des capitaux et l'ouverture de la société marocaine sur les autres pays ne font qu'enfoncer le clou. L'Onda intervient depuis sa création, en octobre 2011, pour remédier aux défaillances. Il joue alors un rôle important dans la collecte des données, l'analyse et l'interprétation des indicateurs ainsi que la publication des résultats des enquêtes et des rapports élaborés. Il tend, en outre, et grâce à la collaboration avec la société civile, à rendre les services de soins plus accessibles à la population cible et veille sur la réduction des risques. Pour l'Onda, la lutte contre l'addiction n'est pas restreinte aux drogues mais est acharnée contre toute forme d'addiction. De son côté, Mme Elisabetta Simeoni, représentant le département des politiques antidrogues en Italie, a insisté sur l'impératif de réfléchir sur la réduction de l'offre et de la demande des drogues. Pour elle, la prévention doit dépasser les seuls degrés primaire et secondaire pour être universelle, spécifique et sélective. Elle a parlé, par ailleurs, d'un logiciel performant pour la collecte des données sur les drogues, un logiciel qui sera octroyé à l'Observatoire national sur les drogues et la toxicomanie.