Critiquant tout et tous, la Constitution, l'ANC, la Troïka... Khaskhoussi a également fait son autocritique et tiré la sonnette d'alarme quant à la défaillance de tout un processus transitoire bafouillé d'après lui... Après l'annonce, lundi dernier, de sa démission de l'Assemblée nationale constituante (ANC) en une première, le secrétaire général du Mouvement des démocrates socialistes (MDS), Ahmed Khaskhoussi, est revenu, hier, sur les raisons de cette décision. Il a précisé, lors d'une conférence de presse qu'il a tenue en présence d'un certain nombre de dirigeants et militants du MDS, que c'est une décision prise au sein du parti. La qualifiant d'initiative, Khaskhoussi a présenté sa démission comme le déclement d'une éventuelle série de démissions au sein de l'ANC. «J'ai démissionné au terme de la période consacrée à la déposition des propositions concernant le projet de Constitution. C'est que nous nous sommes rendus à l'évidence que cette Constitution a été falsifiée, et ce, pour qu'elle soit au profit de ce qu'ils appellent la majorité au pouvoir», a-t-il précisé. Revenant sur les délais de l'écriture de la Constitution, Khaskhoussi s'est indigné des dépassements qui ont eu lieu et qui ont «prolongé le séjour à l'«hémicycle dans un seul objectif, celui de sauver le projet qui portait en lui son échec», a-t-il déploré. «Je ne veux pas être associé à une constitution manipulatrice et servant les intérêts d'une certaine partie au pouvoir, qui veut éliminer l'union des travailleurs de la course et infiltrer l'administration en écartant toutes les compétences et les remplacer par ses partisans qui manquent énormément d'expérience», a-t-il lancé, tout en s'étalant sur les défaillances que lui et son parti ont relevées dans le dernier brouillon de la Constitution. «Un projet qui a été tronqué, a-t-il ajouté, par le rapporteur général de la constitution qui a falsifié pas moins de 7 articles dans cette quatrième copie». Manipulation et jeu antidémocratique S'étalant sur sa critique de l'ANC, il a, entre autres, insisté sur les interférences voulues dans les travaux des commissions dont certaines ont été lancées rien que pour «assurer une destitution des commissions initiales et légitimes par d'autres récemment créées dans l'objectif manipulateur de préparer une Constitution à la guise du parti majoritaire au pouvoir», a-t-il enchaîné. Khaskhoussi a évoqué longuement l'histoire du militantisme contre la dictature de Ben Ali et n'a pas mâché ses mots en revenant sur «des pratiques loin d'être démocratiques de la part des islamistes : attentats à la bombe et autres». Et d'ajouter : «Ils ont joué la partie contre Ben Ali pour la gagner par points et maintenant ils utilisent les méthodes de Ben Ali contre la démocratie naissante en Tunisie. Ils avaient le vent en poupe avant les élections du 23 octobre, et maintenant ils ne l'ont plus. Qu'ils s'intègrent dans la société et cessent leurs pratiques manipulatrices». Khaskhoussi n'a pas tourné sa langue sept fois avant de parler et ses attaques envers Ennahdha étaient fortes tout comme à l'encontre du président provisoire de la République qui, d'après lui, n'a couru que derrière la présidence... Khaskhoussi a souhaité que sa démission soit «un message fort à l'opinion publique tunisienne en cette phase de crise qui s'abat sur la situation, notamment sociale et économique du pays». Se joignant à la conférence, le leader du Front populaire, Hamma Hammami, a précisé qu'il venait soutenir l'initiative de Khaskhoussi «politiquement et moralement». Il a indiqué que les composantes du Front populaire sont en train d'étudier la possibilité de retrait de ses élus à l'ANC, alors que certains sont d'ores et déjà pour. Verra-t-on une démission massive des opposants, ce qui serait un coup dur en cette période transitoire qui se veut démocratique?