Par Pr Hatem MASMOUDI(*) En dépit de sa contribution incommensurable au développement de la médecine et de la biologie (17 Prix Nobel de médecine), l'immunologie reste une science pas ou très peu connue, souvent assimilée aux problèmes liés au Sida. C'est justement pour faire connaître cette jeune discipline et découvrir ses domaines d'activité et son apport décisif au développement de la recherche médicale et scientifique que fut instaurée en 2005 la « Journée mondiale de l'immunologie » célébrée tous les 29 avril. Si l'immunologie est une science assez récente ayant réellement débuté à la fin du 19e siècle avec les travaux de Pasteur sur la vaccination, la notion d'immunité est bien connue depuis l'antiquité. En effet, le mot immunité vient du terme latin «immunis» qui signifie «libre de» ou «exempté de» en référence, comme l'a rapporté, au 5e siècle avec J-C, l'historien grec Thucydide, aux personnes ayant guéri d'une épidémie et qui seules pouvaient prendre soin des malades puisqu'elles ne contractaient pas la maladie une seconde fois. Longtemps considérée comme une branche de l'hématologie (les cellules du système immunitaire étant essentiellement des globules blancs du sang) et/ou de la microbiologie (la fonction princeps du système immunitaire étant d'éliminer les microbes), l'immunologie n'a été reconnue comme une discipline à part entière qu'à la fin des années 70, voire début des années 80. L'immunologie est la science qui étudie les moyens et les mécanismes de défense de l'organisme contre les agressions extérieures, représentées souvent par les infections microbiennes, et intérieures représentées par les processus tumoraux. Cette branche qui représente en quelque sorte la physiologie du système immunitaire est généralement appelée « immunologie fondamentale » ou « immunophysiologie ». L'immunologie concerne aussi l'étude des diverses situations de dysfonctionnement ou d'anomalie du système immunitaire, des déficits immunitaires héréditaires ou acquis aux maladies auto-immunes en passant par les maladies allergiques. Cette branche médicale de l'immunologie est généralement appelée « immunopathologie » ou immunologie clinique. En plus de leur rôle déterminant dans la réussite des transplantations et greffes d'organes, les recherches en immunologie ont permis le développement de nouveaux outils et moyens thérapeutiques très prometteurs pour de nombreuses maladies (infectieuses, auto-immunes, cancéreuses..) ; c'est l'immunothérapie ou immuno-intervention. Enfin et non moins important, les techniques immunologiques et immunochimiques sont largement utilisées dans les laboratoires de recherche et de biologie médicale. Faut-il rappeler qu'avant la découverte des anticorps, on ne pouvait doser qu'un nombre très limité de substances, celles qu'il était possible d'extraire du milieu biologique ou qui pouvaient être révélées par une réaction chimique observable et quantifiable. Grâce à l'immunologie, il est devenu possible de doser toute sorte de substance dans n'importe quel milieu biologique, il suffit d'en produire l'antisérum ou anticorps spécifique. *(Président de la Société tunisienne d'immunologie)