Autant on a applaudi l'initiative de la numérisation des sujets des examens de certaines matières du Bac 2018, autant on a été surpris par la désorganisation et la précipitation qui ont caractérisé l'opération d'inscription obligatoire à distance des collégiens et des lycéens. Les parents et les élèves ont dû affronter une montagne de difficultés pour parvenir à décrocher une carte postale et charger les frais d'inscription. De très longues heures d'attente dans les recettes postales leur auront été nécessaires. Ils n'avaient pas besoin de tels contretemps. D'autant que les contrariétés se sont accumulées et ils se sont sentis comme piégés. On les a vus, alors, faire la queue et remplir d'interminables formulaires (contrats avec la Poste) pleins de clauses les unes plus contraignantes que les autres, aller faire des photocopies de la CIN, imprimer le reçu dans les «publinets» (pour ceux qui ne possèdent pas d'imprimantes…). Mais, avant d'en arriver là, les parents ou les élèves auront essuyé des échecs lors de l'accomplissement des formalités par SMS ou via Internet. L'introduction des données n'est pas, du tout, une sinécure. Cela demande un travail fastidieux et une perte de temps précieux. Le site web est très souvent injoignable. Le message suivant apparaît, toujours : «Connexion non sécurisée. Les propriétaires de inscription.cnte.tn ont mal configuré leur site web. Pour éviter que vos données ne soient dérobées, Firefox ne s'est pas connecté à ce site web». Doit-on recourir aux «publinets» et ajouter d'autres sommes d'argent ? A ces tracas, il faut ajouter les frais payés qui ne correspondent pas à ceux annoncés. Selon beaucoup de citoyens qui se sont adressés à la Poste pour la même inscription (achat d'une «digicard» et versement des frais pour une seule personne) on est obligé de payer entre 9 et 10,400 dinars. C'est à n'y rien comprendre. Pourtant, chacun sait que la carte en question coûte 400 millimes et les frais d'inscription pour un seul élève sont de l'ordre de 8.600 millimes. D'ailleurs la «digicard» n'a pas une validité exceptionnelle de 3 ans comme on l'a laissé croire. Elle n'a cours que jusqu'au mois d'avril prochain (soit environ 7 mois). Donc il faudra la renouveler pour la rentrée prochaine et payer plus cher que les 400 millimes exceptionnels accordés actuellement. Du coup, cette opération s'avère être une grande opération commerciale aux dépens de près d'un million de Tunisiens. Ces derniers sont obligés de s'adresser à une multitude de services en casquant à plusieurs reprises. Les vrais gagnants, ce sont, surtout, les cinq banques qui ont saisi cette occasion et la Poste qui vont profiter de l'aubaine. C'est ce qui a compliqué les dépenses familiales et entraîné l'augmentation du budget de la rentrée. On parle aussi des frais que les parents auront à débourser en cas d'envoi de lettres de convocation ou d'un avis par voie postale ou par SMS. On nous parle de «courrier hybride» pour l'envoi des bulletins de notes aux élèves et du service web Télégram qui devrait servir aux correspondances destinées aux parents des élèves… Et dire qu'on veut éviter la paperasse ! On y est en plein dedans ! Avec, en sus, toutes les contrariétés imaginables. Pour tout dire, l'inscription ainsi prônée ne coûte pas moins que l'inscription classique. Elle vaut plus cher : matériellement et moralement. Le citoyen paie, aujourd'hui, la précipitation au niveau du lancement d'une «innovation» trop prématurée, mal préparée et pas profitable aux élèves et à leurs parents. Si c'était à refaire, le ministère aurait réfléchi à plusieurs reprises avant d'embarquer tout le monde dans cette galère.