A la CTN, les officiers en grève réquisitionnés par le ministère du Transport estiment qu'il est temps qu'ils accèdent au statut qu'ils méritent. «La réquisition est contraire aux conventions maritimes internationales et peut amener à la saisie des navires de la CTN par les autorités des pays où ils accosteront», préviennent-ils. Au sein de la Compagnie tunisienne de navigation (CTN), les officiers des navires ont, semble-t-il, décidé de refuser les ordres de réquisition lancés à leur encontre par le ministère du Transport, mardi 15 juin, en réponse à la grève qu'ils ont décidé d'observer du 2 au 7 juin. «Nous tenons à ce que les autorités nous considèrent comme des officiers de la marine et non comme des employés d'une société de transport comme la Transtu. Nous représentons la Tunisie en tant qu'autorité reconnue par les autorités des pays où nos navires accostent. Malheureusement, les responsables au sein du ministère du Transport, avec lesquels nous sommes en négociation continue, se comportent avec nous comme si nous étions de simples fonctionnaires ou agents subalternes», confie à La Presse Mohamed Beldi, porte-parole du Syndicat de base des officiers de la CTN (relevant de l'Union des travailleurs de Tunisie). Il ajoute : «Nous rejetons les ordres de réquisition tout simplement parce que les règlements maritimes, plus particulièrement la convention internationale MNC en date de 2006, disposent que le travail forcé est interdit. Et la réquisition est considérée comme une forme de travail forcé. Et ce que nos responsables ne veulent pas accepter, c'est qu'au cas où la réquisition est appliquée, les navires de la CTN peuvent être bloqués et saisis pour une période d'au moins quarante jours (frais d'entretien et de saisie à la charge de la CTN) par les autorités des pays d'accueil, si elles sont informées de la réquisition et il n'est pas difficile qu'elles le soient puisque le ministère du Transport a déjà publié le communiqué relatif à la réquisition. C'est la première fois dans l'histoire de la compagnie qu'une telle décision est prise». Mais comment faire pour éviter que les navires de la CTN en partance pour la France ou l'Italie ne soient pas pris en otage dans les ports de Marseille ou Gênes, où les Tunisiens à l'étranger se préparent à regagner la Tunisie pour leurs vacances estivales ? Le statut, notre première revendication «Pour le moment, notre syndicat négocie avec les responsables du ministère du Transport. Malheureusement, ils ne semblent pas compréhensifs vis-à-vis des dégâts que va entraîner la décision de réquisition des officiers de la CTN», ajoute Mohamed Beldi. Et si les objections des officiers face à la décision de réquisition sont désormais connues, l'on se demande pourquoi veulent-ils bloquer les navires de la CTN une semaine durant dans les ports au moment de la haute saison ? «D'abord, nous tenons à signaler que nous avons accepté de reporter pas moins de six préavis de grève en préférant le dialogue avec la direction de la compagnie et le ministère du Transport. Jusqu'ici, nos revendications n'ont reçu aucune suite positive. Pourtant, nous ne demandons aucune augmentation salariale. Nous exigeons la mise au point d'un statut particulier pour les officiers exerçant au sein de la CTN, comme c'est le cas dans les compagnies internationales de navigation. Il n'est plus acceptable que les officiers de la CTN soient traités sur un pied d'égalité avec les serveurs ou les cuisiniers et que ces mêmes cuisiniers soient représentés dans les commissions paritaires qui décident des promotions. Notre deuxième demande est que la direction générale ouvre sérieusement les dossiers de corruption et de malversation». En attendant que les négociations aboutissent à un compromis, les syndicalistes de la CTN soulignent : «Si l'on nous accorde le statut que nous exigeons, nous arrêterons notre mouvement. D'ailleurs, nous avons déjà fait preuve de notre bonne volonté puisque, avant-hier mardi 2 juin, jour du démarrage de notre grève, deux navires ont assuré leur voyage volontairement. Notre but est de réduire au maximum l'impact financier de la grève», conclut Mohamed Beldi.