Lotfi Mraihi, président de l'Union Populaire Républicaine et candidat à la présidentielle, s'est adressé aux Tunisiens par le biais d'une vidéo enregistrée avant son interpellation, hier 3 juillet. Dans la vidéo publiée aujourd'hui, 4 juillet 2024, et visiblement tournée depuis un moment, Lotfi Mraihi a affirmé que son arrestation était liée à sa candidature à la présidence et que le chef de l'Etat, Kaïs Saïed ne voulait pas céder le pouvoir.
« Si vous regardez cette vidéo, c'est que j'ai été arrêté... Je ne suis pas ici pour me plaindre ou me lamenter... Je fais l'objet de harcèlement depuis un certain temps... Je ne vous ai pas parlé de cela, car je connais la nature du pouvoir auquel je m'oppose, la situation du pays et les plus grandes injustices dont d'autres personnes font l'objet... Je ne vous raconte pas le nombre de convocations et d'auditions dont j'ai fait l'objet... Une interdiction de voyager non justifiée... D'après vous, on me harcèle pour quelle raison ? Parce que je me suis exprimé dans les médias et j'ai déclaré que Kaïs Saïed était incompétent... Je n'ai ni abordé sa personne ni sa réputation... J'ai évalué sa prestation... Je suis un concurrent politique ! Je me présente comme alternative et j'ai le droit de l'évaluer... Mon évaluation n'est pas aléatoire, mais repose sur des données... Il a réalisé 0% de croissance ! Sous son pouvoir, le chômage a explosé comme jamais ! Une flambée sans précédent des prix... La situation au sein des hôpitaux est sans précédent ! La pénurie de médicaments est sans précédent ! Les gens font la file pour s'approvisionner... Tout cela, ne signifie-t-il pas l'échec ? Faire taire les gens et les atteintes aux libertés, n'est-il pas un échec ? C'est mon point de vue... Ceci a fait face à un ministère public... Un juge d'instruction entamant une enquête... Un magistrat prononçant une sentence... Ceci a fait l'objet d'un jugement de six mois de prison avec sursis... Une peine n'ayant pas plu au ministère public qui a fait appel... En moins de deux mois, ce dossier est passé devant les autres... On a accéléré son traitement... On a prononcé un jugement par contumace sans que je ne sois au courant... On a initié des recherches... Je suis recherché ! Un criminel... L'objectif est de m'empêcher de me présenter à l'élection, car tout candidat sérieux le gène... Car il n'est pas prêt, même s'il se présente comme étant une personne désintéressée par le pouvoir et décrivant la chose comme étant un fardeau, y tient par les mains et les pieds et cherche à exclure par les institutions de l'Etat toute voie le gênant... C'est la réalité des choses... Je ne cherche ni à me plaindre ni à me lamenter... Le jour où j'ai entamé ma carrière politique, je l'ai fait par conviction et après avoir abandonné mon autre vie...Pour servir l'intérêt public et mon pays... Pour faire prévaloir la vérité... Celui qui s'adonne à cette pratique ne récoltera que la honte et l'humiliation », a-t-il dit. Lotfi Mraihi a affirmé qu'il ne comptait pas renoncer ou abdiquer et que cette arrestation ne le brisera pas.
Le président de l'Union populaire républicaine (UPR) et candidat pour la présidentielle, Lotfi Mraihi a été arrêté, dans la soirée de mercredi 3 juillet 2024, apprend Business News. Le 1er juillet, le porte-parole du Tribunal de première instance de Tunis, Mohamed Zitouna avait indiqué qu'une enquête avait été ouverte contre Lotfi Mraihi. Le président de l'UPR ainsi que la secrétaire générale du parti sont soupçonnés de blanchiment d'argent, de déplacer des biens et d'ouvrir des comptes à l'étranger sans autorisation de la Banque centrale. Selon Mohamed Zitouna, l'affaire a été révélée par la secrétaire générale de l'UPR qui avait été auditionnée dans le cadre d'une autre affaire portant sur de faux parrainages. Elle avait alors avoué qu'elle aidait Lotfi Mraihi à transférer de l'argent vers ses comptes à l'étranger. La secrétaire générale de l'UPR avait été placée en garde à vue et un mandat de recherche avait été émis contre Lotfi Mraihi.