Sacré Jean-Marie Le Pen, toujours fidèle à ses sulfureuses habitudes, à 96 ans bien tassés. La tête de gondole de l'extrême droite française (sa fille Marine Le Pen a repris le "label familial") est le grand absent du méga procès (27 accusés) qui s'ouvre ce lundi 30 septembre, pour détournement de fonds européens présumé. Les juges seront contents d'apprendre que M. Le Pen poussait la chansonnette avec le groupe de rock néonazi "Match Retour", alors qu'il a été dispensé de procès pour raisons médicales. Le papa de Marine Le Pen est lui aussi mis en examen pour détournement de fonds publics et complicité, mais voilà, 2 certificats médicaux attestent de l'altération de ses facultés cognitives. En d'autres termes il n'est plus un justiciable, quoi qu'il ait fait par le passé (et Dieu sait qu'il en a fait des choses, demandez aux Algériens qu'il a torturés durant la guerre). Reste à expliquer comment il s'est retrouvé avec cette joyeuse bande de néonazis, entonnant une chanson qu'affectionnent particulièrement les fascistes. Le Pen a brillé sur le "tube" Fanchon, il a chanté sans faiblir en dépit de la dite maladie, la main sur le cœur et en répétant clairement les paroles, dans cette vidéo relayée par Mediapart. Ce déballage a provoqué un profond émoi dans la classe politique française, surtout la gauche. «Une altération des facultés cognitives empêcherait donc Jean-Marie Le Pen d'être entendu dans le cadre du procès qui doit faire toute la lumière sur le pillage des ressources publiques par une obscure PME sise à Saint-Cloud, qu'il a naguère présidée. Tout porte à croire que c'est faux», tacle le député de La France insoumise (LFI) Arnaud Saint-Martin. Le sourire de Le Pen on l'a bien vu dans le film quand ses potes musiciens ont repris une chanson écrite pour le fondateur du Front national (FN). «Je vais t'faire courir le rouquin, je vais t'rattraper, t'iras pas bien loin», dit le refrain, en allusion au discours de Le Pen en 1997 lors d'une visite à Mantes-la-Jolie (il avait alors ajouté «Pédé»). La chanson s'achève par «Jeanne au secours !», un cri qu'il avait lancé en 2015, devant la statue de Jeanne d'Arc. «Ce tout nouveau morceau est à la gloire de notre illustre Jean-Marie Le Pen. Il mérite tellement une chanson de son vivant», avait dit Renaud Mannheim, leader du groupe, en juillet dernier. Sur son compte Facebook, fouillé par Mediapart, l'homme a posté peu après la partie du week-end : «On a fait quelques chants. Jean-Marie voulait des chansons joyeuses. On a notamment fait "Au 31 du mois d'août"». C'est un chant marin qui loue l'artillerie française. La colère monte dans les rangs de LFI. Le député Raphaël Arnault a posté sur son compte X une photo des membres du fameux groupe. 6 hommes arborent des tenues en cuir noir, cagoule noire vissée sur la tête et batte de baseball à la main. «Voici le groupe néonazi, dont plusieurs responsables ont été jugés pour des faits de violences et de trafic d'armes, qui a été accueilli chez Le Pen. S'approchant de plus en plus du pouvoir, offert sur un plateau par Macron, ils ne font même plus semblant», s'emporte le camarade de Jean-Luc Mélenchon… «Hier, Marine Le Pen félicitait la victoire d'un parti fondé par des nazis en Autriche, aujourd'hui on apprend que Jean-Marie Le Pen chante chez lui avec des néonazis. La famille Le Pen toujours fidèle aux racines nazies du Rassemblement national», embraye son collègue Thomas Portes. Marine Le Pen, qui aurait appris les talents de son père dans le journal d'investigation, a affirmé qu'elle projette de porter «plainte pour abus de faiblesse» contre le groupe de rock néonazi «et contre les personnes qui ont permis à ces musiciens de rentrer au domicile» de Jean-Marie "Abus de faiblesse"… Pourtant dans la vidéo Jean-Marie Le Pen était manifestement ravi, installé sur son fauteuil, une canne à la main. A ses côtés il y avait son épouse, Jany Paschos-Le Pen ainsi que Thomas Joly, président du Parti de la France, mouvement pétainiste et nationaliste qui a vu le jour en 2009, d'une scission du FN. Joly a confié «qu'il s'agissait d'une visite amicale dans un cadre strictement privé. Le groupe "Match Retour" a écrit une chanson sur Jean-Marie Le Pen et ils sont venus là lui chanter en version acoustique». Fin de l'histoire. Pour lui oui peut-être, pas pour cette étrange famille.
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