La crise économique mondiale, conjuguée avec la propagation de la grippe aviaire a touché le tourisme mondial dans le vif. Selon l'Organisation Mondiale du Tourisme, le tourisme mondial est en baisse plus prononcée que celle enregistrée après les évènements du 11 Septembre. La Tunisie, qui a fait du Tourisme un des moteurs de sa croissance économique avec une contribution de plus de 6% au PIB, est aussi touchée par les effets de la crise économique. Cette réalité est prononcée aux bouts des lèvres, mais elle est prononcée malgré tout. La spécificité du tourisme tunisien et dans les pays islamiques en générale, c'est que la haute saison coïncidera durant les 8 à 10 années prochaines avec le mois saint. Cette réalité doit être prise en considération par les responsables du tourisme, surtout dans le cadre d'une proportion encore plus importante de touristes venant d'Algérie et de Libye.
Un bilan positif, mais qui interpelle : Selon les derniers chiffres communiqués par le ministre du Tourisme, le secteur semble éviter la crise de justesse. En effet, on a enregistré une croissance des entrées de 1,1%, entre le 1er janvier et le 31 juillet 2009. Durant cette période 3 millions 952 mille touristes, toutes nationalités confondues, sont entrés sur notre territoire. Les touristes ont généré des recettes en devises de l'ordre de 970,7 millions d'euros, soit 1805,4MD. Les recettes enregistrent ainsi une croissance de 4,7%, en dinars et de 2,4%, en euros. Dans la panoplie de chiffres présentés sur les performances du tourisme au cours des 7 premiers mois de l'année plusieurs nous interpellent : - La baisse des nuitées et du taux d'occupation: les 7 premiers mois enregistrent une baisse des nuitées de l'ordre de -6,3%, et du taux d'occupation de l'ordre de -1,9%. Ces deux indicateurs sont très importants dans l'évaluation du rendement du secteur, puisque c'est de leur évolution que dépend le rendement des unités hôtelières. - Crise oblige, tous les marchés européens enregistrent une baisse significative : le marché français (-3,2%), britannique (-0,8) ; allemand (-5,6%) ; celui des pays scandinaves (-13,4%), Autriche (-9,9%) ; espagnol (-11,6%) ; tchèque (-26,1%), Bulgares -6,5%). La crise a fait des ravages au niveau des budgets des ménages européens qui préfèrent de plus en plus faire des vacances chez eux à moindre coût. - Les deux principaux marchés du tourisme tunisien depuis des années, à savoir le marché libyen et algérien, enregistrent quant à eux une performance importante avec des augmentations de l'ordre respectivement de 18,2% et 11,6%. Un soutien important venu de nos voisins pour soutenir un secteur qui sent la crise. Selon les prévisions du ministère du Tourisme on s'attend à accueillir 3 millions de touristes maghrébins cette année avec 2 millions de libyens et 1 million d'algérien.
Sur l'ensemble le tourisme tunisien semble tirer son épingle du jeu, surtout si on fait la comparaison avec d'autres pays similaires ou concurrents tel que le Maroc. En effet, selon l'Observatoire du Tourisme au Maroc, qui nous livre au mois d'août, les statistiques du mois de Juin seulement. Le nombre de nuitées réalisées dans les établissements d'hébergement touristique classés en juin 2009 a affiché une légère baisse de -2% par rapport à la période comparative de l'année. Selon la même source, au titre du premier semestre de 2009, le taux d'occupation des chambres a baissé de 4 points pour se situer à 41% contre 45% une année auparavant. Au cours des six premiers mois de l'année 2009, les recettes voyages ont baissé de 14,4% par rapport à la même période de l'année dernière.
Ramadan et le tourisme maghrébin : Loin de crier victoire les opérateurs du tourisme tunisien, étaient déjà prêts à ne pas enregistrer une année 2009 glorieuse vu la conjoncture économique internationale. 2 éléments ont permis de « sauver » cette saison touristique, si on peut l'affirmer ainsi : - La réservation last minute. - Les touristes maghrébins
Le premier élément, il n'est pas sans risque. En effet, les réservations last minute exigent des prix très bas et des offres promotionnelles importantes. Cette situation peut entraîner un bradage dommageable pour notre tourisme, qui souffre déjà d'une réputation de tourisme « bon marché ». Le deuxième élément qui est les touristes maghrébins, il est nécessaire de ne pas miser sur lui pour le futur. En effet, le mois de ramadan coïncide avec la haute saison durant les prochaines années, et comme tous musulman, en préfère passer ce mois saint chez soi. Donc on peut prévoir déjà, une baisse des flux de touristes algériens et libyens au cours des saisons prochaines. Les principaux sites touristiques semblent se vider depuis quelques jours, suite à la rentrée de nos amis maghrébins chez eux. Il ne faut surtout pas oublier que la Libye est en train d'investir considérablement dans le secteur touristique avec des investissements de l'ordre de 20 milliards de dollars pour les prochaines années. Ils ne peuvent pas détrôner notre secteur, qui a une histoire et une expérience, mais il risque de réduire la venue de nos amis d'El Jamahiriya. Avec plus de 40% de nos 7 millions de touristes, chaque année, les touristes maghrébins, nous laissent en dépendance totale. Ces deux marchés sont vulnérables parce qu'ils obéissent à des considérations politiques et géographiques. Beaucoup de questions doivent se poser autour de l'avenir du tourisme en Tunisie, auxquels il faut trouver les réponses adéquates, tel que l'investigation de nouveaux marchés, le tourisme du Golfe, la reconquête de marchés historiques tel que le marché allemand, l'importance du budget alloué à la promotion, la formation du personnel hôtelier et la qualité des services,…..