Tout ça pour des futilités ! C'est le résumé effarant, en tout cas, d'une affaire qui a été examinée récemment par la 29e chambre criminelle de la cour d'appel de Tunis. Une affaire dont les péripéties ont eu pour cadre la cité Ettadhamen, au cours de l'année dernière. Un mois et demi, pour être précis, après la Révolution. C'est-à-dire au moment où on vivait comme dans une jungle ! Mais laissons les trois principaux témoins de l'affaire reprendre le cours de leurs souvenirs. Le premier était devant son commerce lorsque le suspect est venu taquiner tout le monde. Taquiner, serait peu dire d'ailleurs, puisqu'il n'a pas arrêté d'injurier et d'insulter les passants et les commerçants du coin. Il paraissait éméché, le témoin en était certain, et tenait un gourdin, cependant qu'il portait un couteau qu'il avait coincé à son ceinturon. C'est alors qu'allait apparaître la victime, armée pour sa part, d'une épée de confection artisanale. Le dernier arrivé s'est d'ailleurs planté devant le brailleur menaçant, mais ce dernier fut plus rapide, lui portant deux coups de couteau à la poitrine, avant de prendre la fuite. Pour le deuxième témoin, un habitant de la localité, le suspect s'est montré agressif, sinon vulgaire, puisque lançant des propos injurieux à la cantonade à l'encontre de tous les témoins de la scène. Il s'est muni d'un gourdin et d'un couteau. Apparut dès lors la victime qui n'a pas hésité à lui jeter un verre à la figure…Ensuite, le témoin s'est bonnement retiré de la scène, préférant quitter les lieux ! Le troisième témoin n'est autre que la propre mère de la victime, sortie en catastrophe ayant entendu les cris, aussi bien du suspect que de son fils. Elle est arrivée au moment où ce dernier était poignardé en pleine poitrine. Elle se serait alors empressée de demander du secours pour transporter le blessé à l'hôpital le plus proche. Malheureusement il devait succomber à ses blessures. En fin de son témoignage, elle a tenu par ailleurs à préciser que son malheureux fils n'était nullement armé. Venons-en à présent à la version de l'agresseur, lequel, selon sa déposition, fut lui-même victime d'une agression de la part de la victime et qu'il n'a fait que se défendre. C'est son adversaire qui l'aurait attaqué, lui jetant au passage un verre l'atteignant à la tête, sans compter l'arme menaçante, une épée, qu'il exhibait, décidé à s'en servir. Il fut soutenu dans sa version par l'avocat de la défense, sollicitant l'acquittement pur et simple. Or, la cour d'appel n'était pas du même avis, maintenant ainsi le verdict initial, celui de la prison à perpétuité…