"Ce que je porte", aux Editions Fayard, est le titre de la fameuse autobiographie de Jordan Bardella, le jeune président du Rassemblement national (RN), un bouquin dont la presse a fait ses choux gras bien avant sa parution et qui avait valu à son présumé rédacteur les foudres de sa direction. Le livre est là, enfin presque. Théoriquement sa promotion sera faite dans presque toutes les gares de la France, excusez du peu. Je dis théoriquement parce que toute cette publicité dans ces lieux très fréquentés fait grincer beaucoup de dents… A commencer par celles des syndicats de la SNCF. Les idées de Bardella on les connait, des horreurs qu'il n'hésite pas à déballer jusque dans les chaînes publiques, c'est vous dire leur degré d'infusion dans la société. Il n'a même pas besoin d'aller sur C8 pour servir son fiel, Pascal Praud et compagnie s'en chargent. Mais la promotion de la xénophobie et du racisme les cheminots n'en veulent pas, ils ont décidé de se battre contre Hachette Livre, maison maire de Fayard. La maison d'édition est la propriété du milliardaire conservateur Vincent Bolloré (qui est aussi "l'heureux" propriétaire de C8, donc tout se tient finalement), elle s'est mise d'accord avec la régie publicitaire de la SNCF pour réserver 581 panneaux publicitaires dans les gares, ont rapporté Libération et l'Humanité hier mercredi 16 octobre… Au total 100 gares (57 à Paris et en Île-de-France, 43 en province) à la gloire de la biographie de Bardella (on se demande ce qu'il a bien pu coucher dans ce livre vu qu'à part la politique il a tout raté, surtout son cursus universitaire). Le champion de l'extrême droite bénéficiera de cette exposition exceptionnelle du 25 novembre au 17 décembre 2024… Enfin, si les syndicats laissent faire. Ce jeudi la CGT cheminots crie à la "provocation (…). Vous n'ignorez pas l'engagement qu'a été celui de la CGT avant l'été (lors des législatives, NDLR), pour éviter le pire, à savoir l'accession de M. Bardella à Matignon", poste le syndicat sur Facebook, un rappel adressé en premier à Jean-Pierre Farandou. "Nous l'avons fait parce que le FN/RN est un parti raciste, xénophobe, homophobe, sexiste, totalement contraire à nos valeurs qui au contraire prônent la tolérance, le vivre-ensemble", martèle texte. Idem du côté de Sud Rail, qui clame son "opposition totale" au RN. Il rappelle que le "Conseil d'Etat a confirmé le positionnement à l'extrême droite" du parti de Marine Le Pen. Le syndicat souligne dans une lettre que le Front national (qui avait été monté par le papa de Marine Le Pen), qui s'est mué en RN, "a été créé par des Waffen-SS, des collaborateurs du régime de Vichy et des membres de l'OAS". "En début d'année, la régie publicitaire de la RATP et de la SNCF Mediatransports n'a pas eu de problème pour retirer les affiches de l'humoriste Waly Dia et interrompre la campagne pourtant validée dans un premier temps au motif que celle-ci 'présente un caractère politique incompatible avec le devoir de neutralité qui s'impose dans les transports publics et pourrait être considérée comme diffamatoire ou injurieuse'", ajoute par ailleurs Sud Rail. La direction de la SNCF argue la bonne foi en affirmant qu'elle ne savait rien de ce contrat publicitaire, Fayard n'étant pas contraint d'indiquer que les panneaux ont été réservés pour l'ouvrage de Bardella. Mediatransports, la régie publicitaire de la SNCF, a déclaré sur Franceinfo que rien ne l'empêche de "refuser une campagne d'affichage, même si elle a été réservée"… "On vérifie si elle est conforme à la loi et aux obligations déontologiques et contractuelles. Dans ce cas, les gares sont des lieux publics, il y a donc par exemple une obligation de neutralité politique qui s'applique", a dit la même source. Elle attend la réception des "visuels" de cette campagne pour donner son verdict. Donc affaire à suivre.
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