La fin de l'année scolaire n'est pas toujours synonyme de farniente et de vacances au bord de la mer pour les enseignants. A pareille époque, l'été de beaucoup d'entre eux commence par des soucis nouveaux très différents de ceux de la classe. En effet, et dès le 30 juin, date de la remise des emplois du temps de la nouvelle rentrée, les administrations des établissements et les bureaux syndicaux enregistrent les premières réclamations des professeurs et entament leurs " confrontations " estivales désormais rituelles. L'autre dossier " explosif " de l'été des enseignants concerne les demandes de mutations : rapprochement de conjoints, cas humains, mutations régulières, roulement. L'étude de ces dossiers se déroule habituellement en deux et trois sessions dont les résultats font toujours des mécontents et donnent invariablement lieu à des plaintes diverses. Les cas des enseignants en surnombre représentent un autre défi et pas des moindres pour les syndicats et les établissements lesquels passeront les vacances à chercher des solutions de rechange pour les victimes de cette mesure implacable.
Les emplois du temps de la prochaine rentrée décrétés par circulaire ministérielle et qui devaient être prêts à la fin juin, ils n'ont pas fait que des heureux cette année. Préparées dans des conditions pénibles par des agents administratifs sollicités de toutes parts, ces répartitions horaires multiplient les erreurs et les lacunes : tel professeur devra le même jour travailler le matin et l'après-midi, tel autre se voit attribuer jusqu'à quatre niveaux d'études à la fois, on remet à quelques uns des répartitions provisoires et à leurs collègues des emplois " blancs " où rien n'est indiqué. Certains proviseurs et censeurs soucieux de s'épargner les récriminations que ces confusions peuvent générer préfèrent ne pas affronter les enseignants lésés et chargent des fonctionnaires subalternes de distribuer à leur place des emplois du temps en majorité erronés. En plus des prises de bec violentes que cette situation a déclenchées, on parle d'enseignants qui en sont venus aux mains avec leurs supérieurs hiérarchiques à cause d'un emploi du temps mal conçu. Aujourd'hui, la majorité des professeurs du secondaire s'accordent à dire que la mesure du ministre est à revoir, dans la mesure où la préparation des emplois requiert une disponibilité de tous les instants impossible à garantir au sein du corps administratif pendant les mois de mai et de juin. Il faudrait en conséquence, proposent-ils, revenir à l'ancienne formule qui avait au moins l'avantage de léser moins de monde que la nouvelle. Rapprochement de conjoints Dans le secondaire toujours, l'étude des dossiers de mutations a déjà été entamée et la première session, tenue le 17 juin dernier, concernait les demandes de rapprochement de conjoints. Sur les 2184 dossiers examinés, 684 ont reçu un avis favorable. Ce qui représente un taux de 31 %, pourcentage prévisible et raisonnable selon les délégués des enseignants qui espèrent l'améliorer lors de la session du 26 juillet prochain. On peut satisfaire jusqu'à 60 % des demandes et plus à la fin de l'été. " Figurez-vous, nous dit un responsable syndical, que certains enseignants vivent pratiquement séparés de leurs conjoints depuis plus de dix ans. Le mari ou l'épouse peuvent être affectés dans des établissements situés à plus de 300 kilomètres du foyer conjugal. Parfois, les deux conjoints exercent séparément loin de leurs enfants qu'ils confient généralement à des parents proches résidant à une adresse différente de la leur. " Le problème se pose surtout pour les professeurs de certaines matières comme les sciences de la vie et de la terre, l'éducation religieuse et l'éducation artistique, car il est désormais difficile de libérer un poste dans ces spécialités peu demandeuses en personnel enseignant. L'année dernière, une solution provisoire a été trouvée pour certains professeurs qui ont accepté d'accomplir un service administratif dans un établissement plus proche que celui où ils enseignaient, et ce en attendant mieux bien évidemment. D'autres ont préféré présenter un dossier de congé longue-durée et jouir de la sorte d'une vie de famille plus stable fût-ce pour les quelques années d'arrêt de travail. L'espoir reste en effet permis de prolonger le congé de maladie ou de prendre la place d'un fonctionnaire parti à la retraite ou décédé. Un programme chargé Il faudra aussi trouver des solutions aux professeurs jugés en surnombre et suivre leur cas au ministère en s'informant régulièrement des nouveaux besoins en personnel enseignant pour l'année scolaire à venir. Les victimes de sanctions administratives passeront l'été eux-aussi entre les bureaux du ministère et ceux du syndicat. D'autres effectueront tout au long des vacances des allées et venues similaires pour faire bénéficier leurs enfants d'une bourse universitaire ou de faveurs d'une autre nature. En un mot, l'été de ces fonctionnaires ne sera pas de tout repos !