Tebboune écarte une visite en France : "Je ne vais pas à Canossa" Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a exclu la possibilité d'une visite en France dans le contexte des récentes tensions entre les deux pays. Lors d'une interview télévisée, il a déclaré : "Je ne vais pas à Canossa", reprenant ainsi une expression historique signifiant le refus de se soumettre. Cette expression fait référence à l'acte de l'empereur allemand Henri IV au XIe siècle, lorsqu'il s'est rendu dans la ville italienne de Canossa pour demander pardon au pape Grégoire VII. Une visite maintes fois reportée La visite du président algérien à Paris, initialement prévue pour mai 2023, a été reportée à plusieurs reprises. La dernière date envisagée était entre la fin septembre et le début d'octobre de cette année. Cependant, les relations entre Alger et Paris se sont refroidies après l'annonce par la France, fin juillet, de son soutien au plan d'autonomie marocain pour le Sahara occidental. En réaction, l'Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris et a réduit son niveau de représentation diplomatique, ne conservant qu'un chargé d'affaires. Le dossier de la mémoire coloniale sur la table Dans sa première intervention médiatique depuis sa réélection pour un second mandat en septembre dernier, le président Tebboune a abordé le sujet sensible de la "mémoire" liée à la période de la colonisation française en Algérie (1830-1962). Il a affirmé : "Nous voulons la vérité historique et nous exigeons la reconnaissance des massacres commis par le colonialisme français, qui était une colonisation pure et simple." Tebboune a également évoqué la question des essais nucléaires français en Algérie, déclarant à l'attention de la France : "Si vous voulez que nous soyons amis, venez et nettoyez les sites des essais nucléaires." Entre 1960 et 1966, la France a réalisé 17 essais nucléaires dans différents sites du désert algérien. Des documents déclassifiés en 2013 révèlent encore des retombées radioactives étendues de l'Afrique de l'Ouest à l'Europe du Sud. L'accord franco-algérien de 1968 au centre des tensions Tebboune a également pointé du doigt l'accord de 1968 entre la France et l'Algérie, le qualifiant de "épouvantail et slogan politique pour une minorité extrémiste de droite" en France. Cet accord octroie aux Algériens des droits spécifiques en matière de mobilité, de résidence et de travail en France. En décembre 2023, l'Assemblée nationale française a rejeté une proposition demandant aux autorités de l'annuler. Vers une révision constitutionnelle ? Sur le plan intérieur, le président algérien n'a pas exclu une modification de la Constitution adoptée en 2020, qui limite le mandat présidentiel à deux termes. Tebboune a déclaré : "S'il y a une demande urgente et logique de modifier la loi électorale et la Constitution, nous le ferons pour amender un article ou une clause que nous pourrions considérer injuste, car l'objectif est de réaliser le rêve des martyrs et de construire un Etat démocratique qui protège les faibles et les pauvres." Des élections anticipées envisagées ? Interrogé sur la possibilité d'élections générales anticipées, Tebboune n'a pas écarté cette option. "On ne peut pas affirmer qu'il y aura des élections locales et législatives anticipées, mais nous pourrions y recourir si les circonstances l'exigent", a-t-il affirmé. Il a également évoqué une enquête menée par l'Autorité nationale indépendante de surveillance des élections, visant à éclaircir les irrégularités constatées lors de l'annonce des résultats de l'élection présidentielle du 7 septembre dernier. Le président a promis de rendre les conclusions de cette enquête publiques prochainement. Dialogue national et droits de l'homme Tebboune a également réaffirmé l'absence de prisonniers d'opinion en Algérie et a annoncé le lancement d'un "dialogue national" entre fin 2025 et début 2026, dans le cadre de ses engagements pour renforcer la démocratie en Algérie. Ainsi, les récentes déclarations du président Tebboune reflètent la complexité des relations entre l'Algérie et la France, entre mémoire historique, tensions diplomatiques, et évolutions internes. En écartant la possibilité d'une visite en France pour l'instant, Tebboune affirme la souveraineté de l'Algérie et sa volonté de voir la vérité historique enfin reconnue. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!