Les récriminations contre les inspecteurs du secondaire et du primaire et contre les directeurs de lycée, de collège ou d'école ont de tout temps marqué les rapports de certains enseignants avec l'autorité administrative ou pédagogique dont ils relèvent directement. Dans le milieu des professeurs, on enregistre régulièrement des plaintes visant un ou plusieurs inspecteurs des matières enseignées ou bien les proviseurs, premiers responsables des établissements. En général, le litige qui déclenche ce genre de réaction peut n'avoir qu'une incidence mineure sur la carrière de l'enseignant ; quelquefois cependant, le motif de la réclamation du professeur concerne son avenir professionnel : il peut ainsi s'agir d'une note administrative jugée inéquitable, d'un refus de titularisation, d'une proposition de mise à pied ou de révocation etc. Il est vrai que les doléances ne sont pas toutes fondées et que dans certains cas, ce sont les directeurs de lycées, les inspecteurs et les conseillers pédagogiques qui devraient à leur tour crier à l'injustice et à la diffamation. Seulement voilà, il existe dans l'enseignement, comme dans la plupart des métiers, des responsables administratifs qui abusent de leur autorité et qui vont trop loin dans la rigueur ou dans l'incohérence. Impressions contradictoires On nous a tout récemment cité le cas d'un professeur à qui l'on a refusé, pour soi-disant incompétence pédagogique, le renouvellement de son contrat alors que la dernière note qui lui fut attribuée par son inspecteur était de 12 sur 20 et que sa note administrative était de 70 sur cent. L'administration a néanmoins jugé bon de l'inspecter de nouveau, et la tâche fut confiée à un simple conseiller pédagogique lequel n'a pas pris la peine de se rendre dans la classe de l'enseignant mais se contenta de contrôler le cahier des textes rempli par ce dernier. A la lumière de la tenue de ce document, il attribua un 7 sur 20 au professeur, note suffisamment basse pour justifier son licenciement. Ce genre d'incohérence est assez fréquent, nous disent les professeurs. Des fois, l'appréciation de l'inspecteur est excellente, mais l'administration n'en tient pas compte et s'appuie sur d'autres critères (souvent non pédagogiques) pour évincer l'enseignant de son poste. Les «proies» faciles Les jeunes enseignants qui ont réussi le concours du CAPES n'échappent pas à ce genre de mesures contradictoires. L'un d'eux attend toujours sa titularisation après 3 ans de stage. Un autre a obtenu 8 sur 20 pour le mémoire alors que sa note pédagogique est de 12 sur 20. Se peut-il que le travail écrit soit à ce point décalé par rapport à la prestation de classe ? C'est d'autant plus aberrant que les inspecteurs sont censés accorder au mémoire du jeune stagiaire un suivi régulier qui épargne à ce dernier les maladresses préjudiciables à sa titularisation. On rapporte également le cas de certains « Capésiens » qui devaient passer devant une commission pédagogique appelée à évaluer leur compétence ; mais ces candidats furent finalement révoqués avant même que la commission ne se réunisse. En fait, les victimes idéales des abus pédagogiques et administratifs sont plutôt les Maîtres-Auxiliaires Catégorie A (M.A.C.A.) sur l'intégration desquels un accord a été conclu en 2006 entre le Ministère de l'Education et le syndicat de l'enseignement. Depuis cette date, l'application de la convention se fait au compte-gouttes et, chaque année, on « oublie » de titulariser des candidats qui ont plus de 5 ans d'exercice et dont la compétence est confirmée par leurs inspecteurs respectifs et par l'administration qui renouvelle régulièrement leurs contrats. Cette catégorie d'enseignants au statut très précaire continue de faire les frais des mauvaises humeurs « pédagogiques et administratives » : récemment, un inspecteur décida le licenciement de six professeurs à la fois. Mais la commission qui statua finalement sur leur cas jugea que trois d'entre eux étaient d'excellents enseignants dans leurs classes respectives. Blocage Pourquoi en arrive-t-on à de telles incohérences et à des abus aussi impardonnables ? Nous ne cherchons pas à incriminer tous les proviseurs et tous les inspecteurs parmi lesquels on dénombre une majorité de fonctionnaires parfaitement intègres et hautement qualifiés. Nous déplorons toutefois que la carrière d'un diplômé de l'Université dépende d'impressions très changeantes qui n'ont absolument rien à voir avec l'art d'enseigner et d'éduquer. Nous regrettons qu'à l'heure où le gouvernement impose l'emploi des diplômés comme l'une des priorités nationales, des agents de l'Etat se permettent sur des coups de tête, pour une incompatibilité de caractère ou de manière de penser, ou tout simplement parce que la tête de tel ou de tel autre enseignant ne leur revient pas, de mettre au chômage de jeunes Tunisiens pour lesquels toute la communauté, et pas seulement leurs petites familles, a consenti des années de sacrifices énormes. On nous dit que le dossier de ces « indésirables » de l'enseignement n'a pas été rouvert depuis 3 ans. Ce retard a tout logiquement entraîné une augmentation du nombre des cas à étudier. D'habitude, des commissions administratives et syndicales sont constituées pour décider du sort final de ces professeurs et parvenaient à en réintégrer un bon nombre dans la fonction publique. Mais pour le moment, il y a comme un blocage sur la question ! Badreddine BEN HENDA ------------------- Chiffres Les résultats définitifs des mouvements de mutation entre les régions ont donné les chiffres suivants : sur 7600 demandes, 1094 ont été satisfaites. Dans le cadre des mutations pour rapprochement de conjoints, seules 148 demandes sur 1900 ont reçu une réponse favorable. *A la première session du bac de 2010, 70 % des candidats ont eu une note inférieure à 10 dans l'épreuve d'histoire-géo. C'est apparemment pourquoi la plupart des candidats ajournés ont évité de repasser l'examen dans cette matière.