La Presse - La Tunisie célèbre aujourd'hui la Journée nationale du tourisme. Une opportunité pour faire un bilan à mi-chemin de ce qui se passe dans ce secteur stratégique dans notre pays. En effet, si l'année 2009 est partie sur la pointe des pieds mais non sans faire du fracas, avec en toile de fond la flambée du baril de pétrole, la crise économique, la pandémie de la grippe A H1N1 et les remous qui s'en suivirent chez les distributeurs, allant même jusqu'à provoquer la panique chez les réceptifs, l'année 2010, qui a commencé dans un contexte de consommation en berne, s'est également réservé son lot d'incertitudes, d'événements et de rebondissements, tels les rachats et les fusions et dépôts de bilans. Cependant, même si l'on admet que les incertitudes cette année aussi sont légion avec des heurts sans doute, des bouleversements très certainement, qui provoqueront d'inévitables mutations peut-être souhaitables pour notre industrie, mais de toute façon de réels espoirs de rebond existent pour les destinations qui peuvent prédire et sortir les parapluies pour que la casse ne soit pas trop importante. Qu'en est-il en Tunisie? Malgré le léger tassement constaté en 2009, on croyait que l'année 2010 allait promettre une meilleure cadence que prévu pour le tourisme tunisien. En effet, plusieurs décisions présidentielles en faveur du secteur touristique sont venues au secours des professionnels, échafaudant ainsi des solutions à court et moyen terme qui ont assurément évité à notre économie touristique de caler. C'est que les directives présidentielles ont permis, non seulement de déboucher sur l'élimination des problèmes structurels qui limitent encore la croissance et la rentabilité du secteur, mais elles ont aussi le mérite de baliser la voie à une restructuration en profondeur de cette industrie. Autant de décisions qui reflètent la détermination du Chef de l'Etat de faire du tourisme une activité à fort potentiel pour le pays, en termes de développement économique, social, humain et régional, par une révision stratégique et profonde à même de repositionner la destination touristique tunisienne sur le marché, de rétablir la compétitivité du produit Tunisie, de restructurer le dispositif de promotion et de garantir la rentabilité des investissements touristiques. Il s'agit en effet de renforcer et mieux cibler le travail de promotion, en accroissant notamment les budgets de marketing et les actions de promotion, surtout par le biais d'une plus grande et une plus judicieuse utilisation des technologies de la communication, autant d'actions à entreprendre pour rendre le produit touristique tunisien à la fois plus visible et plus compétitif. Car, pour résister mieux que d'autres à la morosité ambiante que connaît le tourisme à l'échelle mondiale, il faut anticiper au mieux la nouvelle donne en misant sur la recherche de nouveaux leviers de croissance pour maintenir sa place sur l'échiquier des destinations, où le combat se joue sur l'offre alternative et la qualité des services. Mais aussi, il appartient aux professionnels de présenter un produit touristique de qualité authentiquement tunisien, fruit du brassage des composantes de l'identité nationale dans toute sa richesse, qui élève le produit tunisien au-dessus de la simple vision éculée d'activité d'agrément et de spectacle. Prendre le virage vert En effet, les instructions présidentielles, qui ont porté sur la nécessité de consolider l'effort de promotion au profit de la destination tunisienne, de conforter le système de formation touristique, de veiller à l'application des nouvelles normes de classification des établissements touristiques, ainsi que sur une plus grande diversification et valorisation du produit touristique national, reflètent la détermination du Chef de l'Etat de faire du tourisme une activité à fort potentiel pour le pays, en termes de développement économique et social. Ces directives, qui s'inscrivent dans le droit fil d'une révision stratégique et profonde à même de repositionner la destination touristique tunisienne sur le marché mondial, sont propres à remédier aux quelques problèmes structurels qui limitent encore la croissance et la rentabilité du secteur mais elles sont aussi de nature à permettre une restructuration en profondeur de cette industrie. Le Président de la République a ainsi judicieusement défini les actions à entreprendre en vue de rétablir la compétitivité du produit touristique national, de restructurer le dispositif de promotion et de garantir la rentabilité des investissements touristiques. De fait, en soulignant la nécessité d'œuvrer à tirer encore plus vers le haut le secteur du tourisme, le Président de la République a indéniablement balisé la voie à une nouvelle stratégie de croissance à même de faire entrer le tourisme tunisien dans un cercle plus vertueux. Cependant,pour prendre le virage vert et bien se positionner au moment de la reprise, les messages sont clairs : il n'est plus acceptable d'évoluer constamment dans le chaos, il est aussi temps de se mettre au parfum des destinations performantes, de mettre de l'avant la qualité des services et de miser sur une proposition attirante. Bref, il faut continuellement innover pour progresser. En effet, après avoir dépassé le cap symbolique de sept millions de touristes en 2008, les effets de la crise économique ont fini par freiner le train évolutif des réalisations sans pour autant affecter la capacité de résilience du secteur, et ce, malgré le trou d'air signalé à fin mai 2010. Un trou d'air ? Il y a de quoi rougir. La veille de la haute saison, presque tous les indicateurs ont viré au rouge et le déroulement de la moyenne saison a confirmé les inquiétudes des professionnels. Avec une contre-performance au niveau des nuitées, des entrées et du taux d'occupation et le peu de jours qui nous séparent de la haute saison, le retard à combler sur les ventes s'avère une mission quasi impossible. Au mieux, les ventes de dernière minute limiteront la casse. Les recettes touristiques, à titre d'exemple, ont totalisé au terme de la première décade du mois de mai 2010, plus de 1.000 millions de dinars, soit une baisse de l'ordre de 4% par rapport à la même période de l'année 2009 et prouvent que les dépenses par touriste continuent à être en dent de scie. Sans bornes ni balises? Sans vouloir survoler d'un œil morne les dossiers qui plombent encore le développement escompté de notre tourisme, certaines vérités méritent d'être rappelées à l'occasion de la célébration de la Journée nationale du tourisme tunisien. Ainsi, au registre de la communication et de l'information touristique, l'on signale avec regret que la borne interactive de l'ONTT à l'aéroport est depuis belle lurette hors service. La mise à jour du site web institutionnel du ministère du Tourisme est toujours renvoyée aux calendes grecques. Deux projets de portail au moins ont connu un flop inexplicable (TunZie.com et médina.com). Toujours au plan de la communication visuelle, l'absence de signalisation touristique adaptée à même de permettre aux touristes motorisés ou pas d'identifier plus facilement les circuits thématiques et les sites dignes d'intérêt, transforme les villes en un grand labyrinthe de béton. Face à la concurrence qui devient de plus en plus rude et où les destinations deviennent des «labels», il est important qu'on appréhende toutes les potentialités de l'information et de la communication, cet outil orienté vers le développement de la promotion. En effet, l'information touristique ne se limite plus à un simple lieu où l'on distribue des prospectus ou des informations. De ce fait, les bureaux d'information intègrent désormais une finalité économique, développant ainsi un accueil force de vente, personnalisé, adapté à la demande du visiteur. En effet, étant en contact permanent avec la demande touristique, disposant d'une connaissance professionnelle de l'offre touristique, et le plus souvent en osmose avec la population locale, le syndicat d'initiative ou l'office de tourisme sont avant tout des animateurs de développement touristique, pour le compte de la collectivité territoriale. Outil résolument tourné vers le développement de la promotion des ressources touristiques, il est indéniablement porteur de retombées économiques s'il dispose des moyens nécessaires pour assumer en qualité les missions qu'on lui confie.