Par Abdessalem M'HALLA * Il y a déjà plus de 15 siècles, le Calife Omar a qualifié «Ifriquiya», la Tunisie d'aujourd'hui, de «moufarriqua» et que Charles André-Julien a traduit par «pays perfide», il a interdit à son chef des armées Omar Ibn El Aâs qui venait de conquérir l'Egypte de marcher sur l'Ifriquiya d'alors. La conquête de l'Ifriquiya ne se fera que sous l'Empire omeyyade sous un régime monarchique héréditaire qui n'a de qualificatif islamique que le nom. Les Aghlabides se sont conduits comme des colonisateurs et non comme «fatihine» musulmans. C'est ce qui explique la révolte d'inspiration kharijite conduite par Maysara, originaire de la région de Tanger et qui a chassé les Arabes de l'Afrique du Nord. Le pouvoir kharijite a duré environ deux siècles dans toute l'Afrique du Nord et c'est sous son égide que l'Afrique du Nord a été islamisée et non sous le pouvoir aghlabide. Le kharijisme a été par la suite écarté du pouvoir par les Fatimides. Les berbères de l'Afrique du Nord, les habitants autochtones, ont adhéré au kharijisme à cause de ses fondements égalitaristes. Et c'est par réaction au kharijisme que l'école malékite de Kairouan s'est développée. Le malékisme ne diffère point du kharijisme dans son essence, ils sont tous deux orthodoxes. Mais le malékisme s'appuie sur l'autocratie alors que le kharijisme est d'inspiration égalitaire. Le malékisme est le soutien d'un Islam conservateur et rituel, alors que le kharijisme est le soutien d'une foi rigoureuse qui assure l'égalité et la justice sociale et combat l'esprit de caste et d'élite intouchable détentrice de la vérité absolue et au-dessus de tout soupçon. Tariq Ramadhan explique dans son livre «Islam et le réveil arabe» d'une façon claire avec preuves à l'appui les causes de ce qu'on appelle «le Printemps arabe». Il explique d'une façon pertinente le rôle et le jeu des Occidentaux et à leur tête les USA dans tout cela. Il explique comment nos jeunes cyberdissidents ont été formés pour exécuter une révolte pacifique, et ce, depuis la guerre de Yougoslavie. Le but de ces révoltes pacifiques baptisées «Printemps arabe» n'était pas d'instaurer les régimes démocratiques respectueux des droits et des libertés individuelles et d'assurer des croissances économiques, bien au contraire. Le but était une meilleure mainmise sur ces pays, véritable chasse gardée de l'Occident, et de les soustraire à l'invasion économique asiatique, chinoise en premier lieu. C'est l'enjeu principal du Printemps arabe. Quant aux peuples, ils sont dupes. Et comme l'a si bien dit Voltaire : «Le peuple restera toujours canaille, il brûlera demain ce qu'il a adoré hier». L'ONU et ses droit-de-l'hommistes ne sont qu'un jeu d'enfants, un «machin» comme aimait à le dire feu le général de Gaulle. Il ne cessait de le répéter à qui voulait l'entendre : «L'ONU échouera comme a échoué sa sœur aînée la Société des nations». Le général de Gaulle est un grand homme d'Etat doublé d'un connaisseur averti de l'histoire humaine et notamment contemporaine. C'était un grand homme à principes et non un machiavéliste. Il a sauvé son pays par deux fois et n'a jamais marchandé ses services à sa patrie. C'était un homme intègre et croyant. Les principales réalisations politiques sociales, économiques, scientifiques et militaires en France sont son œuvre et effectuées sous son égide. La sécurité sociale, le droit de vote des femmes françaises, pour ne citer que ces deux exemples, sont ses œuvres et non celles des francs-maçons socialistes et communistes. Il a prédit l'échec de l'ONU et nous assistons actuellement à cet échec qui, très bientôt, débouchera sur une Troisième Guerre mondiale. Tous les indices sont réunis. Le général de Gaulle rappelle les grands hommes de l'Islam tels que Abou Bakr et Omar, mais c'est un homme contemporain. Durant son passage au pouvoir en France pour deux fois, il quitte le pouvoir de lui même. Il ne s'est jamais vendu. Lors de l'incendie de sa maison à Colombey-les-deux Eglises par les occupants allemands, il a occupé un appartement à Paris en guise de logement de fonction alors qu'il assumait la mission de président du Conseil (Premier ministre), il l'a occupé pendant un trimestre, le temps de réparer sa maison. En quittant l'appartement il a payé son loyer. Après avoir démissionné en 1969, il a refusé de toucher ses indemnités en tant qu'ex-président de la République et membre d'office du Conseil d'Etat. Il n'a accepté de percevoir que sa pension de général deux étoilés et ce qui provient de ses écrits. A sa mort, il a refusé les funérailles nationales et d'être enterré au Panthéon, il a préféré être enterré auprès de sa fille. Le jour où les «élites» du monde arabe et musulman suivront le chemin du général de Gaulle sans aller jusqu'à Omar Ibn El Khattab, le soleil brillera de nouveau sur le monde arabe et un véritable printemps réchauffera les cœurs de nos peuples, pas avant. (* Vétérinaire)