PARIS (Reuters)‑— D'autres pays de la zone euro pourraient être menacés si les partenaires de la Grèce lui refusaient leur aide, a déclaré hier en France le président socialiste de la commission des finances de l'Assemblée nationale. Dans un entretien, Jérôme Cahuzac a ajouté qu'il s'agissait de défendre l'euro et a exhorté les socialistes à ne pas s'opposer au projet de loi qui prévoit cette aide. Il a écarté toute comparaison entre les situations grecque et française et dit qu'il ne voyait aucune raison que la dette française soit attaquée sur les marchés financiers. "On ne peut pas laisser un peuple européen ami, un pays membre de la zone euro dans une telle situation", a-t-il dit. "Cette question est une question d'Etat avec laquelle les considérations de politique intérieure ne doivent pas interférer", a-t-il ajouté. Il a ajouté qu'"en l'état du texte, je suis enclin à un vote positif, mais la décision appartient au groupe socialiste à l'issue du débat". La commission des finances examinera demain le collectif budgétaire qui prévoit des prêts de la France à la Grèce allant jusqu'à 3,9 milliards d'euros en 2010, sur un total de 6,3 milliards sur un an. Le plan européen prévoit au total 30 milliards d'euros de prêts de membres de la zone euro. Le texte sera examiné en séance à l'Assemblée les 3 et 4 mai, et les 6 et 7 mai au Sénat. "Je recommanderai à mon groupe de ne pas confondre cette question avec les problèmes réels de politique intérieure", a ajouté Jérôme Cahuzac. Prié de dire si la France, en déficit depuis 1974, avait les moyens d'accorder cette aide, il a répondu : "La question ne se pose pas, il faut le faire." "En défendant la Grèce, on défend aussi notre monnaie", a poursuivi Jérôme Cahuzac. Que les spéculateurs ne gagnent pas Interrogé sur un éventuel risque de propagation de la crise à des pays comme le Portugal, Espagne ou l'Italie, il a répondu: "Si on ne fait rien, la Grèce sera dans une situation intenable, et ces pays pourraient être menacés." Quant à la possibilité que la France connaisse un jour les mêmes difficultés que la Grèce, "cette comparaison me paraît farfelue", a-t-il dit. "Ni la puissance de notre économie, ni le rôle que l'on joue dans le monde, rien de tout cela ne permet de penser que la France pourrait un jour connaître la situation grecque." "La signature de la France n'est pas attaquée aujourd'hui", a poursuivi Jérôme Cahuzac. "A ma connaissance, elle n'est pas menacée et, à mes yeux, n'a pas de raison de l'être." "La situation budgétaire de la France n'est pas préoccupante au regard de ce que les marchés pourraient faire, elle est très préoccupante parce qu'elle prive l'Etat de marge de manoeuvre, on ne peut pas continuer comme ça", a-t-il poursuivi. A propos de la Grèce, Jérôme Cahuzac a estimé qu'"il est bon que les pays de la zone euro envoient le plus fortement possible comme signal aux spéculateurs qu'ils ne gagneront pas". "Si les spéculateurs prennent une claque sur cette affaire là, ils n'y reviendront peut-être pas", a-t-il poursuivi.