Pour cette édition, on avait choisi d'honorer le Pr tunisien des sciences sociales, Tahar Labib, le Pr émérite italien de l'université de Pérouse, Salvatore Bono, le Pr hongrois d'histoire contemporaine, Laszlo Nagy, ainsi qu'à titre posthume, Mohamed Talbi, Juliette Bessis et Malek Chabel. C'est dans le cadre évident de la Khaldounia qu'était remis, il y a peu, en sa troisième édition, le Prix Ibn-Khaldoun. Ce prix, qui fait partie du réseau Med 21, réseau de prix pluridisciplinaires pour la promotion de l'excellence et de la coopération en Méditerranée, est attribué «pour la promotion des études et des recherches en sciences humaines et sociales». Implanté dans dix pays des deux rives, le réseau MED 21 a été créé par M. Mohamed Aziza, ancien directeur à l'Unesco, chancelier fondateur de l'Académie de poésie de Vérone, et écrivain bien connu. Le prix a été attribué, dans ses précédentes éditions, à des personnalités aussi célèbres qu'Edgar Morin, Abdelwahab Bouhadiba, Franco Rizzi ou Sato Kantaro. Pour cette édition, on avait choisi d'honorer le Pr tunisien des sciences sociales Tahar Labib, le Pr émérite italien de l'université de Pérouse, Salvatore Bono, le Pr hongrois d'histoire contemporaine Laszlo Nagy, ainsi qu'à titre posthume, Mohamed Talbi, Juliette Bessis et Malek Chabel. Dans ce lieu où résonne l'écho desdits d'Ibn Khaldoun, la cérémonie était particulièrement émouvante, orchestrée par notre ami Hatem Bouryel, en présence des responsables de Med 21, de l'ambassadeur de France, d'anciens lauréats et des représentants de ceux qui nous ont quittés. Evoquant Ibn Khaldoun dont le prix porte le nom, M. Mohamed Aziza déclarait : «A certaines périodes rupturelles de la continuité historique, le changement peut devenir bouleversement comme c'est généralement le cas après une éruption révolutionnaire. Une lecture khaldounienne de la genèse du déroulement et des conséquences de ce qu'il est convenu d'appeler "les printemps arabes" demeure d'actualité, malgré l'éloignement dans le temps du modèle d'explicitation. Cette analyse... peut nous aider à trouver des repères dans l'époque incertaine que nous vivons, où une mondialisation non maîtrisée, une économie financiarisée et une culture formatée, font naître, ici et là, des identités recroquevillées, des violences débridées, et des détresses démultipliées. En ce sens, la médiation de l'enseignement khaldounien peut nous aider à débusquer les causes souterraines des soubresauts qui menacent notre monde, à percevoir les lignes de fractures, à distinguer les étapes d'émergence de la transition et à prévoir les changements dans les paradigmes... Plus de six siècles nous séparent aujourd'hui de ces intuitions et de ces analyses, et pourtant, leur acuité et leur actualité font que nous percevons en leur auteur un contemporain dont la pensée, toujours vivante, paraît susceptible d'éclairer nos tâtonnements dans cette période où un savoir émietté par l'abondance numérique, rend de plus en plus difficile le déchiffrement du monde et la maîtrise des connaissances».