Ce n'est pas parce que Maâloul risque de réussir (et nous le lui souhaitons par attachement à nos couleurs) qu'il sera à classer comme le meilleur technicien du pays. Tout comme la fédération qui devrait s'abstenir de porter à son actif toute éventuelle qualification car son rôle dépasse de loin ces étroites contingences. Cela ne date pas de ces dernières semaines. A chaque fois que l'équipe nationale a des problèmes, on évoque le nom de Nabil Maâloul. C'est le messie patenté que l'on estime capable de tout remettre en ordre et de relancer la machine. Des affirmations fusaient par-ci, par-là, les informations les plus diverses se suivaient, annonçant son retour imminent, alors que l'intéressé se trouvait souvent sous contrat. Ces «assurances étaient si bien distillées que l'on finissait par croire qu'un véritable lobby était en constant éveil pour tout orchestrer et préparer le terrain de ce «retour». Cette fois-ci, les choses semblent prendre une tournure assez sérieuse. Tout est en ordre pour justifier le rappel de ce technicien : il est libre de tout engagement (sans prendre en considération ses attaches avec la chaîne de retransmission des matches TV), les «noms» proposés, parfaitement respectables, sont engagés ou ne font pas l'unanimité, et bien sûr, la confirmation du congédiement du technicien polono-français, l'empressement de certaines personnes pour plier l'affaire et renouer avec ce technicien. En fin de compte, où l'équipe nationale trouve-t-elle son compte dans cet imbroglio dans lequel pataugent les uns, se débattent les autres ? L'équipe de Tunisie de football, depuis ses derniers déboires, vit un véritable cauchemar : on fait tout pour soutenir les affirmations les plus invraisemblables, alors que la vérité et la logique sont ailleurs : - Ce n'est pas parce que l'équipe nationale ira mieux que nous allions penser que la fédération fait son travail convenablement. Les équipes qui se débattent dans des problèmes sans fin par la faute de choix complètement inadaptés, les installations pitoyables, l'ambiance dans laquelle se déroule la majorité des rencontres, la formation, les rapports entre clubs et fédération, et bien d'autres choses encore, prouvent,si besoin est, que cette sélection ne doit en aucun cas être l'arbre qui cache la forêt. - Ce n'est pas parce que Maâloul risque de réussir (et nous le lui souhaitons par attachement à nos couleurs) qu'il sera à classer comme le meilleur technicien du pays. Tout comme la fédération qui devrait s'abstenir de porter à son actif toute éventuelle qualification car son rôle dépasse de loin ces étroites contingences. Tout est donc relatif. Les meilleurs techniciens du monde connaissent des hauts et des bas et ce n'est point pour cette raison qu'on remet leur compétence en doute. L'Allemagne, détentrice du titre, est dirigée par un technicien que l'on a choisi pour ses qualités humaines beaucoup plus que pour son passé en tant que joueur ou technicien ou encore pour son bagage technique. Et il a réussi. Nous pourrions citer bien d'autres exemples. Celui d'Arsen Venger à Arsenal. Il y est depuis vingt ans et ses compétences sont unanimement reconnues et ce n'est pas parce que son équipe vit des hauts et des bas que l'on s'évertuera à tout remettre en question. Autant dire que le retour de Maâloul n'est pas le plus important. Reconnaissons tout d'abord que ce technicien possède quand même des références sérieuses : il a déjà été un adjoint agissant auprès de techniciens de valeur, il a entraîné de grands clubs comme le Club Africain et l'Espérance avec laquelle il a remporté des titres sérieux. Il a pris en main l'équipe nationale du Koweït avec laquelle il a réussi de bons résultats n'eût été la sanction infligée à cette sélection qui a écourté cette expérience, il aurait pu sans doute enregistrer de meilleures performances. Ce technicien n'est donc pas à présenter, mais ce qu'on lui reproche tient beaucoup plus de ses contacts humains assez rugueux, avec son entourage qu'autre chose. Maâloul est difficile et quelque peu provocateur. On le craint parce qu'il...ne se laisse pas intimider. Et cela ne fait pas l'affaire de ceux qui veulent en tant que gestionnaires administratifs tout régenter, contrôler, se mêler des affaires de l'équipe nationale. Mais encore une fois, l'arrivée ou le retour de Maâloul, dans les conditions actuelles et au vu des remous, des hésitations, du manque d'initiatives et des désaccords qui règnent dans la mouvance fédérale, pourra-t-il servir les intérêts de l'équipe nationale ? C'est la question que l'on devrait se poser. Maâloul a un avantage que beaucoup d'autres techniciens ne possèdent pas : sa profonde connaissance du football qu'il «sent» et analyse vite. Il connaît les joueurs et en tant qu'ancien joueur de haut niveau, parle le même langage qu'eux. Il sait comment aborder les problèmes et les résoudre grâce aux contacts et réseaux qu'il a bien su tisser. L'équipe nationale a besoin de ces atouts pour rompre avec l'encadrement quelconque qui lui a énormément nui, ce qui a contribué à créer des cloisonnements assez étanches entre des joueurs venus de tous les horizons. Dans cette phase transitoire, il nous semble que faire appel à une personne qui connaît parfaitement la maison peut aider à la reprise en main rapide du groupe. L'équipe nationale a besoin d'un homme qui connaît les problèmes, qui a bénéficié d'une bonne période de recul pour analyser son premier passage en équipe nationale, qui sait donc à quoi s'en tenir, et qui apparente son retour à un défi qu'il fera tout pour relever. Autant dire qu'il ne s'agit nullement de choisir entre la peste et le choléra. Ce retour peut avoir des répercussions positives, car la situation dans laquelle se trouvait l'équipe de Tunisie n'était en rien enviable.