Mardi 20 juin, le président de la République rencontre des membres de la Commission de conciliation, chargée de récupérer les hypothétiques avoirs spoliés de l'Etat. Prenant la parole, une membre de la commission évoque au président de la République le dossier d'un homme d'affaires, actuellement en prison, qui serait prêt à verser à l'Etat quelque dix billions de dollars. La dame s'est clairement trompée de chiffre, puisque personne, au monde, ne possède un tel montant. Elle voulait dire milliards au lieu de billons. Quand bien même, ce montant est également exagéré puisqu'il ferait de cet homme d'affaires l'homme le plus riche du monde arabe. Or, il s'agit d'un illustre inconnu. Dans son émission sur Shems FM, notre consœur Zina Zidi a résolu l'énigme. L'homme d'affaires en question souffrirait de troubles psychiatriques et ce d'après le témoignage de membres de sa famille. En conclusion, la membre de la commission a trompé le président de la République en lui racontant une histoire non vérifiée, montée de toutes pièces par une personne en état de captivité et atteint de troubles. Pourtant, force est de rappeler que son collègue, assis à ses côtés, l'a rappelé à l'ordre en précisant au président que l'information n'est pas vérifiée. La membre ne s'est pas laissée intimider et a poursuivi sa diatribe induisant en erreur le président et les Tunisiens, puisque la vidéo de la rencontre a été diffusée par la présidence. Depuis mardi, l'histoire ne cesse de susciter des moqueries. Sauf qu'il faut tirer les leçons d'une telle histoire. La première d'entre elles est que la membre de la commission doit immédiatement être limogée. On ne peut pas se permettre de maintenir une personne si peu sérieuse dans une commission chargée de négocier avec des milliardaires repentis. Il s'agit, en outre, de négocier la réconciliation sur la base de contreparties financières. Or comment négocier ces contreparties, si la dame confond milliards et billions, dinars et millimes ? Ce qui est grave, c'est que la dame peut être manipulée par n'importe qui. Et quand on sait qu'elle a à faire à des criminels en col blanc, il est fort à craindre que la commission soit menée en bateau de long en large. Deuxième enseignement de cette affaire polémique, Kaïs Saïed doit nommer dans les plus brefs délais un chef de cabinet. Il revient à ce dernier de filtrer les rendez-vous présidentiels et d'éloigner les gens peu sérieux qui peuvent induire en erreur le chef de l'Etat. Dernier enseignement, la présidence doit avoir une cellule et un responsable de communication pour filtrer les vidéos diffusées au public. La vidéo du manège de la dame, ses billions et milliards, n'aurait jamais dû être diffusée par la présidence de la République.