LE CAIRE (TAP) - L'ex-président égyptien Hosni Moubarak, condamné pour avoir coupé l'Internet pendant la révolte qui l'a renversé, a fait appel et accuse son remplaçant de facto, le maréchal Hussein Tantaoui, d'avoir été impliqué dans cette décision, a indiqué vendredi l'un de ses avocats. Moubarak, son ancien Premier ministre Ahmad Nazif et l'ex-ministre de l'Intérieur Habib el-Adli avaient été condamnés le 28 mai à payer conjointement une amende de 90 millions de dollars (64 millions d'euros) pour avoir "porté préjudice à l'économie" égyptienne en décidant de couper l'internet et le téléphone. L'un des avocats de Moubarak, Mohammed Abdel Wahab, a indiqué à des journalistes que son client avait fait appel jeudi auprès du Haut tribunal administratif. D'après lui, c'est une commission, présidée par Nazif et composée du maréchal Tantaoui alors ministre de la Défense, de Adli, du chef de la diplomatie de l'époque Ahmed Aboul Gheit, du ministre de l'Information Anas el-Feki, de celui des Communications Tarek Kamel, ainsi que du chef des renseignements Omar Souleimane, qui a pris cette décision. L'ex-président dit ne pas avoir décidé de former cette commission, selon son avocat. "Moubarak considère que les forces armées l'ont abandonné au moment où il était leur chef suprême, il essaye donc de régler ses comptes avec elles", a dit Abdel Moneim Qatou, l'un des responsables de la communication des forces armées. Le procès de Moubarak pour corruption et meurtre de manifestants s'est ouvert mercredi au Caire avant d'être ajourné au 15 aoot. Le maréchal Tantaoui, qui dirige l'Egypte depuis la démission de Moubarak le 11 février, est prêt à témoigner au cours de ce procès si les avocats de la défense le font convoquer, a affirmé jeudi un haut responsable de la sécurité. Farid al-Dib, l'un des avocats de Moubarak, a demandé au juge de convoquer 1.600 témoins parmi lesquels le maréchal et le chef des armées Sami Anan. Cette demande a été interprétée par certains comme une menace implicite du président déchu, visant à embarrasser Tantaoui dont beaucoup pensent qu'il a personnellement signé la décision de poursuivre l'ancien chef d'Etat en justice.