Depuis le 1er août 2011, date du début de Ramadan, les Tunisiens constatent un silence radio officiel du ministre du Commerce et du Tourisme. Ce jour-là, Mehdi Houas avait visité quelques magasins et souks afin de s'assurer de l'approvisionnement et des prix prévus pour le mois saint. Or, depuis deux semaines, non seulement les approvisionnements en produits compensés ou non par l'Etat sont insuffisants (pénurie de sucre, de farine, d'eau en bouteille, etc.) mais de plus l'ensemble des prix des produits alimentaires (particulièrement les fruits et légumes de saison) a connu une hausse insupportable pour le budget du citoyen ordinaire. Ce dernier subit cette inflation visible aux yeux de tous sans obtenir d'explications officielles convaincantes ou même rassurantes. Dans cette période particulièrement difficile pour le consommateur tunisien, le silence absolu du ministre ne fait qu'aggraver la situation en donnant l'impression qu'il ne contrôle plus la situation et qu'il laisse faire les choses. Certains vont même plus loin et se demandent si le ministre du commerce est toujours à son poste !! Ramadan : anarchie commerciale ? Au cours de la première semaine de Ramadan, l'eau en bouteille, le sucre, la farine et même les pâtes étaient quasi absents dans la majorité des commerces tant de proximité que de grande distribution du Grand Tunis. Interrogé par TunisieNumerique, le directeur d'un supermarché a indiqué que les approvisionnements, qui étaient en quantités trop faibles, se faisaient le matin et qu'une heure plus tard les rayons du point de vente étaient déjà vidés. Des produits de contrebande d'origines plus que douteuses ont également fait leur apparition et ont rapidement inondé le marché et les tables des familles tunisiennes tels que des boissons gazeuses, au prix de 1 dinar pour 1,5 litre et surtout des pétards vendus librement, en plein jour, à un prix variant de 50 millimes à 3 dinars pièce selon le modèle. Rappelons que l'origine de ces pétards étant inconnue et qu'ils ne répondent probablement pas aux normes tunisiennes, ils risquent de provoquer des accidents graves. En circulant incognito dans les artères de la capitale, un reporter de TunisieNumerique se faisant passer pour un grossiste a contacté un marchand ambulant de pétards qui l'a assuré de la disponibilité à la vente de cartons complets. De plus, il ne faut pas oublier les petits commerçants parallèles qui continuent à envahir les trottoirs de nos villes et créent une concurrence déloyale pour les commerçants officiels qui sont soumis à la législation en vigueur et paient patentes et impôts. Citons le cas de l'eau en bouteille pour laquelle des camionnettes proposaient l'achat d'eau en grande quantité mais pas à l'unité et surtout un paiement en espèce et sans facture bien sûr. Dans ces conditions, comment les citoyens ordinaires et plus particulièrement ceux de l'intérieur du pays qui ont payé le plus lourd tribut à la Révolution tunisienne peuvent-ils s'approvisionner sereinement et régulièrement en produits de première nécessité surtout en cette période de Ramadan ? Comment le Tunisien moyen peut-il se retrouver dans ce système commercial à deux vitesses (officiel et officieux) qui continue à exister avec la complicité tacite des autorités concernées ? « Où est M. Houas ? » M. Houas, qui aime beaucoup voyager, serait-il absent de Tunisie ? Cela expliquerait son silence persistant. Pourquoi n'intervient-il pas fermement et officiellement pour défendre le commerce tunisien particulièrement important en cette période de Ramadan ? Face à cette hausse incontrôlée des prix, le consommateur tunisien, pour équilibrer son budget à la fin du mois, doit-il faire des sacrifices en cette période de mois saint ? Rappelons qu'il devra aussi faire face à des dépenses importantes pour la rentrée scolaire qui aura lieu juste après les fêtes de l'Aïd. Après avoir dépensé des millions de dinars pour « relancer » une activité touristique sans résultats significatifs, M. Houas compte-t-il laisser le commerce tunisien subir le même sort sans intervenir ? Les Tunisiens ne veulent plus entendre de soi-disantes « justifications officielles » successives et peu convaincantes rappelant le discours des responsables du régime déchu (crise financière, prix du carburant, contrebande avec la Libye, etc.). Les Tunisiens veulent des actions concrètes et efficaces et la fin du discours langue de bois.