Pour ceux qui auraient oublié « l'épisode Gbagbo », un bref rappel du personnage et de son odyssée, ainsi, d'ailleurs, que de sa fin. Laurent Gbagbo ex-président de la Cote d'Ivoire, a refusé de se plier au verdict des urnes et à la volonté du peuple, en 2011, et a crié à la falsification des résultats des élections, comme il a crié à l'ingérence étrangère dans les affaires de son pays, en réponse aux tentatives de le raisonner et aux bon offices tentés par plusieurs chefs d'Etats. Gbagbo a exigé recompte sur recompte, et a, toujours, refusé d'accepter les résultats qui donnaient son adversaire Ouattara vainqueur. Cette épreuve de force dura quelques mois, suite à quoi le pays sombra dans une guerre civile sans merci, qui s'est soldée par des milliers de morts. Et pour en finir avec cette mascarade, il a fallu à la communauté internationale le traduire devant le tribunal pénal international qui ordonna son arrestation et sa destitution. Et nombreux sont ceux qui gardent en mémoire les images de son arrestation humiliante en tricot de corps. Et dire qu'à l'époque, Gbagbo avait retenu comme slogan pour sa campagne un fameux « Nous vaincrons... ou nous vaincrons » ! Or, ce qui se passe dans nos murs, ces derniers jours, a de quoi nous donner des frissons, à force de ressemblance avec ce qui avait présidé à la guerre civile en Cote d'Ivoire. En effet, nous sommes en présence d'un des candidats à la présidentielle, qui est, lui aussi comme Gbagbo, président sortant, qui n'a présenté aucun programme ni aucun projet qui tienne, pour sa campagne sauf, peut-être celui de s'acharner sur son rival. Un candidat qui crie, déjà, et à l'avance à la fraude au prochain tour, qui n'a même pas commencé. Un candidat qui assure que si son rival venait à gagner çà ne serait possible qu'au prix d'une fraude massive au vote et au décompte. Qui semble avoir fait de cette thèse de fraude son cheval de bataille pour le second tour. Un thème qu'il a pris le soin de préparer bien à l'avance en intentant des recours, rejetés et jugés inacceptables, pour fraude lors du premier tour. C'était, avait déclaré son directeur de campagne, juste un geste pour attirer l'attention du tribunal et des citoyens sur les méthodes employées pour falsifier le vote, donc pour laisser entendre qu'il y a, bel et bien, eu des manœuvres de fraude, et pour considérer çà comme une réalité. Nous avons, aussi, le même candidat qui a initié sa campagne du deuxième tour en accusant des « parties étrangères » d'ingérence dans les élections tunisiennes. Nous avons, par ailleurs, le même candidat qui semblerait rameuter ses supporters parmi les repris de justice et les bandes organisées des LPR, normalement dissoutes, ce qui laisserait redouter de vrais bains de sang, comme l'ont si bien annoncé ces mêmes supporters. Mais heureusement que les points de ressemblance entre le « scénario à la Gbagbo » et ce qui se prépare chez nous, s'arrêtent là. Car pour ce qui est du slogan de la campagne, notre candidat a bien voulu troquer son « Nous vaincrons... ou nous vaincrons » pour un classique « La Tunisie vaincra », ce qui nous éloigne, fort heureusement, de tout risque de voir notre pays connaitre la crise qu'avait vécue la Cote d'Ivoire, et qui avait expliqué au monde entier la signification du deuxième « nous vaincrons » !