Une soirée mémorable, à ne pas oublier. Celle d'hier a confirmé la finesse artistique des Tunisiens. Le Théâtre Romain de Carthage a été, pour une nuit, le temple de la musique sacrée, l'antre d'une voix exceptionnelle et une présence sur scène académique. Charles Aznavour, l'artiste, la légende éternelle de la chanson française, a envouté un public assoiffé, en manque de symphonie transcendante et ardente et qui ne peut rester calme devant le ténor de «Paris au mois d'Août», «Que c'est triste Venise, «Emmenez-moi au bout de la terre» et l'immortelle… La bohême. Aznavour a été fidèle à lui-même… romantique, chaleureux et heureux d'être là devant ce public – jeunes et adultes – qui était tout ouïe… applaudissant d'un morceau à l'autre… sans excès, car le personnage impose tout le respect… Aznavour la légende, a coupé le souffle et toutes les âmes étaient tendues vers ce prodige de la chanson… C'est un peu la rencontre de deux mondes: l'Afrique et l'Europe… Ils se sont alliés devant ce lieu indélébile... qu'est la musique égrenée par une voix suave, grave et rare. Même le peu d'eau sur scène ne doit pas être taxé d'un malheureux accident, au contraire c'est bon «cygne»… Le Tchaïkovski Aznavour était dans un lac embaumé de mystères que seule la bohème pourrait décrypter… Le public nombreux aussi… La fin, une partition sans musique… Cappella pour sa petite fille et ce cher public… Ah… Charles… Ter… Ter… Ter…