A l'occasion d'un rassemblement de protestation organisé, hier, par la Fédération nationale des aviculteurs devant le siège du ministère de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques à Tunis, le Secrétaire général de la Fédération Fathi Ben Khalifa, nous a déclaré que la situation des aviculteurs empire de jour en jour et que leur secteur est menacé d'effondrement faute d'intervention rapide de la part de l'administration et des autorités concernées pour le sauver. Il a jouté que 4 ou 5 aviculteurs ont fui à l'étranger pour s'être vus incapables de régler les problèmes financiers auxquels ils se sont trouvé confrontés, tandis que d'autres ont été emprisonnés alors qu'un aviculteur est mort en voyant son entreprise s'effondrer alors qu'elle était auparavant prospère. Il a noté que la crise a pour origine une augmentation de la production dépassant les besoins du marché local, ce qui a entraîné un effondrement des prix à la production, c'est-à-dire les prix que les aviculteurs appliquent en vendant leur production aux commerçants, de sorte que les aviculteurs vendent à des prix inférieurs au coût de la production. Ainsi, le coût de production du poulet vivant atteint 2 dinars 700 le kilo et les aviculteurs le vendent aux commerçants à moins de 2 dinars, alors que son prix à la consommation au grand public atteint et dépasse 5 dinars, et il en va de même pour la viande de dinde et les œufs que les aviculteurs vendent aux commerçants à des prix inférieurs au coût de production. Cependant, la cause, a-t-il dit, a été la libération du secteur, il y a environ 5 ans, sans prendre au préalable les mesures nécessaires pour assurer la réussite de l'opération. Elle a été décidée à la suite de fausses indications de la part de quelques lobbys influents sous prétexte qu'il y avait de grandes opportunités d'exportation. En conséquence, la production a augmenté beaucoup, enregistrant des excédents. S'agissant des revendications des aviculteurs, le Secrétaire général de la Fédération nationale des aviculteurs qui relève de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche, a rappelé qu'il a été procédé déjà à la création d'une commission technique nationale à caractère consultatif pour assurer le suivi du secteur de la production avicole et elle a présenté, à cet effet, un plan aux autorités concernées et à l'administration pour sauver le secteur dont le coût atteint 10 millions dinars alors que les pertes prévues du secteur en cas où ce plan ne sera pas appliqué atteindront 535 millions dinars durant les deux prochaines années. Des propositions ont été aussi faites pour résorber les excédents au moyen du stockage, soit le stockage de 60 millions œufs, 1000 tonnes de poulet vivant, 1000 tonnes de viande de dinde, outre l'abattage d'un million et 200 mille pondeuses et la régularisation de l'endettement du secteur conformément à ce que le gouvernement a décidé en septembre 2015. De son côté, M'naouer Sghiri, responsable à l'unité de production animale à l'UTAP, a signalé la recrudescence des opérations de spéculation auxquelles recourent les grandes entreprises opérant dans le secteur avicole, et ce en s'abstenant d'écouler directement leur production à travers les abattoirs et en recourant au doping du marché, à travers l'application de prix de vente inférieurs aux prix convenus.