Jour après jour, j'essaie de comprendre les méandres de la politique nationale et surtout ce système hybride postrévolutionnaire entre le présidentiel et le parlementaire, entre l'islamiste de toutes les droites et le syndicalisme de toutes les gauches, entre l'économie libérale et du marché et l'économie de l'Etat prétorien, entre l'institutionnel de la haute dispersion et le parallèle éclaté... et je finis toujours par me cogner la tête sur cette phrase sublime et combien profonde de vérité du président algérien Houari Boumediene : « Les Tunisiens sont trop subtils... ils ont leur système « D... » et quand on croit qu'ils sont foutus... ils arrivent par leur propre alchimie à refaire surface » ! Les bras de fer se succèdent et n'en finissent pas entre le gouvernement et l' UGTT, entre le gouvernement et l'UTICA et entre l'UGTT et l'UTICA, à longueur d'année, ça fait quand même six ans pour nous installer dans un quotidien de la fracture permanente, de la frustration de part et d'autre et de l'angoisse généralisée à tout un peuple médusé et usé par l'irresponsabilité à tous les niveaux. Un collectif citoyen vient de lancer une campagne sur le thème « de la nécessité d'appliquer la loi... à tout le monde sans exception »... C'est bien beau, mais encore faut-il comprendre pourquoi nous sommes le seul pays au monde (dit démocratiquement institutionnel et de droit) où la loi expression de la « volonté générale », censée être « obligatoire et sanctionnée » ne peut plus être appliquée ! Permettez à un vieux juriste (démodé) de vous donner la réponse : « Eh bien, parce que tout le monde s'estime au dessus de la loi » ! Donc, nous voilà le peuple certifié « hors-la-loi » sur la planète terre depuis un certain 14 janvier 2011 ! Tout le monde veut sa part d'Etat, sa part de bien-être économique, sa part de législateur et faiseur des lois, sa part de justice et de justicier et même sa part d'eau et bientôt d'oxygène au vu de la pollution envahissante dans les villes et même dans les campagnes ! Conséquence tous les dialogues qui devraient aboutir au « contrat social », applicable et obligatoire pour tous les partenaires sociaux ressemblent de plus en plus à ce dialogue de sourds (assourdissant) et à cette culture de la « promesse de vente » impossible à finaliser. Tout le monde se met autour d'une table pour vendre la peau de l'ours qu'on n'a pas capturé et le poisson qu'on n'a pas pêché ! Dans quel pays du monde négocie-t-on des augmentations de salaires et autres avantages au titre d'années à venir en l'occurrence (2017-2018) et j'en passe. La procédure est classique : on met la pression sur le gouvernement pour les augmentations dans le secteur public, puis le gouvernement lui-même met la pression sur l'entreprise et le monde économique pour augmenter dans le secteur privé. Alors, bonjour les promesses totalement surréalistes parce que ni l'Etat au bord de la faillite, ni les entreprises à l'agonie ne peuvent faire face et tenir ces promesses « arrachées » sous la pression de la mobilisation sociale des syndicats. Du coup, les accusations et contre-accusations fusent de toutes parts, pour « promesses non tenues » et pour contrats non appliqués ! Or, personne ne veut admettre, reconnaître et dire clairement que ces contrats sont viciés à la base pour ce que les juristes appellent : « le défaut de consentement » ! Le gouvernement passe sa vie à creuser les tunnels de « sortie de crise », mais, n'a jamais le temps de construire les ponts qui peuvent les détourner ou les éviter ! Les 29-30 Novembre, c'est demain... Le grand oral pour tenter le dernier recours de sauvetage du pays en faisant appel aux investisseurs qui viendront en Tunisie du monde entier ! De grâce, Messieurs, les syndicalistes, les hommes d'affaires et les membres du gouvernement, fermez la « chasse à l'ours » jusqu'au 31 Décembre prochain... le temps de voir plus clair, sur ce fameux Plan Marshall de tous les miracles pour la Tunisie ! Le monde nous observe... arrêtons de le décevoir ! K.G