Par Rafik EL Herguem Le bras de fer entre l'Utica et le gouvernement à propos de la loi de finances 2018, jugée anti-patrons et entreprises privées quelles que soient leur taille, n'est pas un simple fait d'actualité qui peut passer inaperçu. Au contraire, c'est un événement de taille qui cache un cri d'alarme de la part du représentant le plus important du secteur privé. Comme le gouvernement depuis plus de 6 ans vit des bras de fer virulents avec l'Ugtt, représentant légitime des travailleurs aussi bien dans le secteur public que privé, l'Utica, à travers sa présidente et son bureau exécutif, a exprimé son veto et son ras-le-bol envers les politiques économiques gouvernementales. Pour 2018, l'Utica dénonce l'augmentation des taxes et charges sociales sur les entreprises qui endurent depuis des années des problèmes de récession, d'insolvabilité, de déséquilibre financier profond et de conflits sociaux marqués, notamment, par l'appel aux grèves et la détérioration de la qualité des services publics. Pour certains, l'Utica n'a pas vu juste et même le gouvernement l'a dit clairement. En même temps, et si on met de côté cette idée réductrice du secteur privé et des hommes d'affaires voraces et qui ne paient pas leurs impôts (c'est une partie, mais pas la totalité), on doit comprendre que l'homme d'affaires est un citoyen qui prend le risque d'entreprendre, qui embauche, finance l'Etat par des taxes et impôts, et plusieurs PME souffrent vraiment en ces temps de crise. Le gouvernement ne peut pas se passer du secteur privé qui, contrairement au secteur public, lourd et accablant les finances publiques par une effrayante masse salariale sans contrepartie conséquente dans plusieurs cas, présente des possibilités d'embauche (les PME essentiellement dans les secteurs agricole, digital ou des services), de croissance, d'exportation et de rentrée de devises. Il faut surtout gommer cette image négative auprès même des décideurs politiques, de l'homme d'affaires insoucieux de l'économie et qui ne cherche que son propre intérêt. L'économie est aujourd'hui celle du secteur privé qui constitue dans le monde entier la composante qui réussit le plus la transition numérique et qui s'adapte le plus aux extraordinaires mutations politiques. Comme on a toujours défendu l'Ugtt et le droit des employés à améliorer leurs statuts, on doit aussi comprendre et défendre les intérêts de l'entreprise «citoyenne » qui paye ses impôts et qui contribue activement à la création de richesses.