La frappe américaine sur un des camps de l'état-major de Daëch, à Sabrata, en Libye, doit nous interpeller à plusieurs titres. S'agit-il d'une option stratégique sur le court et le moyen terme ou s'agit-il d'une réaction punitive isolée contre les opérations terroristes du Bardo et de Sousse qui ont fait de nombreuses victimes surtout parmi les citoyens britanniques, ou bien encore, d'une mise en garde aux « boss » de Daëch à Syrte, Derna et tout le reste des poches criminelles qui infectent la Libye et qui menacent les intérêts majeurs des Occidentaux, dont l'incontournable énergie du pétrole et du gaz ! D'abord, une constatation, première. Quand l'Amérique et les Occidentaux veulent réellement frapper un objectif « ennemi » ils peuvent le faire et avec beaucoup de précision. D'où cette autre déduction, c'est que les Américains n'ont pas toujours cette « envie » ni cette détermination à le faire parce que les « Daëch » sont multiples malgré les apparences de l'unicité. C'est un peu comme les virus malus-bonus. Certains nous font mal et menacent notre santé alors que d'autres peuvent servir notre immunité existentielle et nos intérêts ailleurs. D'ailleurs, le patron du Pentagone américain a bien déclaré récemment que « Daëch » ne constitue pas une menace pour l'Amérique sur son sol » et c'est tout dire ! Message reçu ! Aujourd'hui, nous sommes certainement reconnaissants à nos alliés américains de nous débarrasser des criminels qui ont ensanglanté le Bardo et Sousse, mais de l'autre côté, nous versons des larmes de compassion sur les « Daëchs » qui se font, les pauvres, éliminés par les Russes en Syrie e qui empêchent nos « frères » turques de s'installer confortablement à l'intérieur du territoire syrien sur une zone de presque le 1/3 de la Syrie officielle et reconnue, comme telle que les Nations-Unies. Ne cherchez pas à comprendre, il y a les « Daëchs » en Syrie, nos bons partenaires et outils de destruction de l'Etat syrien et du régime de Bachar Al Assad, et il y a les « Daëchs » de Libye qui ont osé dépasser les limites prescrites et doivent réfléchir à l'avenir avant d'aller roder autour des puits de pétrole de l'Est libyen. Par conséquent la guerre contre Daëch n'a pas lieu encore et elle n'aura peut être pas lieu, si les états-majors de « l'Etat islamique » très malins et fin stratèges eux aussi, rectifient le tir et se mettent à carreaux, pour faire leur lit à Syrte, tranquillement, consolider leur « émirat » et renoncer à leurs appétits très mal vus et très peu appréciés par les puissances du globe qui comptent. Ce qui est à craindre au regard de notre pays fragilisé au plus haut point surtout par la situation de la Libye, qui a toujours été une source importante de revenus des populations tunisiennes du Centre, du Sud, et même de la capitale qui abritent plus d'un million de citoyens libyens, leurs familles et leurs enfants, c'est de voir ce pays voisin s'installer dans cette tragédie de « Ni guerre... ni paix » contre Daëch, comme c'est le cas en Syrie et en Irak. L'instabilité risque d'empirer et de s'installer dans la durée, avec l'option de voir « Daëch » « institutionnalisé » comme force d'orientation et d'influence permanente sur le système politique et la société libyennes, comme c'est le cas au Moyen-Orient. D'ailleurs, où classer « Jabhat Ennosra » et « Jound El Khilafa » en Syrie et même Al Qaïda... alliés, d'un jour ou « partenaires » maudits de toujours ! Attendons pour voir, s'il y aura une suite à Sabrata, ou s'il ne s'agissait, en fait, que d'un baroud d'honneur, pour dire aux mauvais élèves de Daëch, en Libye : « Attention, Rome et César... ne tolèrent pas la rébellion et l'indiscipline... Observez vos limites... Vous existerez pour longtemps heureux et en paix au Royaume des sables dorés de Libye et d'Afrique du Nord » ! Entretemps soyons heureux de ne pas savoir ni comprendre comment Syrte est devenue la citadelle imprenable de Daëch en Libye. Comment ces « seigneurs » et guerriers ont-ils fait et avec quelles complicités, la traversée des airs et des mers, avec toute l'artillerie lourde et la logistique qui feraient bien des jaloux parmi les généraux de nos armées régulières ! Tout cela au vu et au su des satellites amis capables de déceler une orange dans une corbeille de fruit à Menzel Bouzelfa, notre merveilleuse orangeraie du Cap-Bon ! K.G