La France, frappée au cœur à nouveau, à Paris même, capitale de la lumière, de l'Histoire universelle, des arts et des lettres et le peuple de France endeuillé dans la douleur mais aussi avec grandeur et dignité. Jamais nous nous sommes sentis aussi proches et aussi solidaires avec cette grande Nation, qui a donné asile à une multitude de fragilisés et de « damnés de la terre » et qui a ouvert ses écoles et ses universités à la jeunesse estudiantine du monde depuis plusieurs siècles. Mais, ce peuple attachant et brave saura rebondir pour s'immuniser contre la barbarie des temps actuels et défendre les valeurs universelles de l'humanité, comme il l'a toujours fait. Mais, au-delà de la peine et de la douleur que nous ressentons après ces actes criminels qui ont fait quelque 500 victimes innocentes, entre morts et blessés, sans compter les traumatismes psychologiques du peuple de Paris, il faut avoir le courage et la lucidité de l'analyse honnête et sans concessions, parce que le sang des victimes nous interpelle et le devenir de l'humanité civilisée et fraternelle ne donne pas d'autre choix que celui de vivre et survivre, ou subir la loi du totalitarisme exécrable au nom des « religions ». Je dis bien « religions » au pluriel, car il ne s'agit même plus de la « religion » islamique véhiculée par ces criminels de Daëch, mais, de sectes d'assassins, qui rappellent en tout point les « Hachachines » décrits par l'écrivain franco-libanais Amine Maâlouf dans son maître ouvrage : « Les croisades vues par les Arabes ». Avec une certaine distance et relativité, quand même toute fraîche, il va falloir, faire la part des choses et bien se regarder dans les yeux et s'il le faut devant un miroir et poser la question véritable et essentielle : Le monde est-il réellement uni contre « le » terrorisme ou plutôt désunis contre « les » diverses terrorismes. Car, au niveau de la réalité des faits, nous sommes en présence de plusieurs « terrorismes » et les acteurs qui agissent ou le subissent parmi les Etats ne font pas une même lecture du terrorisme et ne font pas la même guerre contre lui, sans parler des complications culturelles et identitaires à la base de l'ensemble du phénomène. Le G20 à Antalya, en Turquie, a donné encore une fois, l'image de ce « bazar » terroriste auquel font front en toute bonne apparence et en toute « civilité » des puissances et des pays plus divisés qu'unis, et qui font chacun « sa » guerre spécifique avec « des » alliés spécifiques et en conformité avec leurs intérêts sordides et majeurs spécifiques dans cette région éclatée du monde. Les communiqués laconiques des uns et des autres ne trompent pas ! Ces Messieurs à Antalya n'avaient pas le même ennemi et encore moins la même vision de ce qui doit être fait pour éradiquer le terrorisme. Entre frapper Daëch et défaire ou tolérer le régime de Bachar El Assad, il y a tous les « terrorismes » que les uns et les autres, y compris certains membres du G20, veulent sauvegarder dans le cadre de stratégies propres. Si Daëch est l'ennemi à abattre pour les Russes et les Français, il ne l'est pas en priorité pour les Turcs, les Saoudiens et même les Américains qui y voient à travers les Chîismes et dérivés de « Jabhet Ennosra », plus orienté vers El Qaïda, des groupes de pression et de harcèlement du régime de Bachar El Assad et des nationalistes arabes en Irak et en Libye. C'est pour cela, que les frappes russes et américaines et alliés, ne visent pas le même ennemi et un grand stratège français a révélé à « France 2 », que jusque-là les avions américains n'ont frappé qu'en Irak, se contentant de faire des « vols de reconnaissance », uniquement, sur la Syrie, contrôlé au 2/3 par Daëch ! Voilà qui est clair et qui n'appelle même pas de commentaire. Daëch et l'Etat califal islamique, sont perçus par les Turques, les Américains et les Saoudiens comme les forces de frappe avancées contre Bachar El Assad et son régime. Tout cela pour dire, que nous avons la conviction, que si les Etats-Unis, la Turquie, la France et l'Arabie Saoudite, avaient la même perception que les Russes, les jours et même pas les mois ou les années, de Daëch, seraient comptés. Si le potentiel de ces puissances mondiales et régionales, au niveau logistique, militaire et du renseignement, était orienté réellement vers le combat de Daëch, on pourrait parler réellement de « guerre mondiale » contre le terrorisme. Mais, pour le moment, ce n'est pas encore le cas et chacun a « sa » guerre spécifique en fonction de sa géostratégie et ses intérêts particuliers dans la région. D'ailleurs, le Président français, François Hollande, qui a les pieds sur la braise, comme dit notre proverbe tunisien « Ma yehiss Ajjamra kan elli yaâfess aâliha », va peiner et s'évertuer à rapprocher les points de vue américain et russe sur Daëch, Jobhat Ennosra, Jound El Khilafa, d'un côté, et Bachar El Assad, de l'autre, en Syrie, en attendant d'autres foyers annoncés comme l'Emirat de Syrte en Libye et Boko-Haram, au Nigeria, et en Afrique subsaharienne. Finalement, la « guerre planétaire » contre le terrorisme dont tout le monde en parle dans les communiqués officiels des puissances, des Etats intermédiaires de l'ONU et même du « G20 », n'a jamais été entamée. C'est, malheureusement, le chacun pour soi, ni plus ni moins. Il y a des puissances régionales comme la Turquie, l'Iran et bien d'autres parties moins en vue qui tirent profit de cette catastrophe, bien planétaire pour devenir le centre de gravité du Moyen-Orient et sans lesquels rien ne peut être fait. Y a-t-il, en ce moment, des pays plus ascendants que la Turquie et l'Iran dans cette région ! Je ne le pense pas. Notre frère et ami Erdogan, a validé ses élections, réuni son G20 et propulsé la Turquie au centre décisionnel du monde. L'Europe submergée par les vagues successives et ininterrompues d'émigrants, lui demande de l'aide pour ralentir au moins le phénomène. Sa candidature à l'Union européenne n'est plus un tabou et est à nouveau sérieusement envisagée. L'Allemagne la plus touchée, la cautionne ainsi que la France, autrefois, réticente du temps de M. Sarkozy. Quant à l'Iran, les mesures coercitives et pénalisantes de l'Occident américain et de l'Europe sont un lointain souvenir. D'ailleurs, le Président iranien, Rayhani est attendu à Paris. Qui l'aurait cru, il y a un an ! Ainsi va la politique... « Farès man requeb el youm » (Est chevalier celui qui monte aujourd'hui) ! Les Français et les Tunisiens, unis et solidaires, dans l'épreuve et la lutte contre le terrorisme, doivent s'en souvenir. Pour le moment, nous vivons la « drôle de guerre » planétaire en attendant la vraie, si M. Hollande arrive à convaincre MM. Obama et Poutine de se mettre en marche unifiée contre tous « les » terrorismes ! K.G