Son excellence, l'Ambassadeur des Etats Unis d'Amérique à Tunis M.Jake Walles est en fin de mission et va rentrer bientôt auprès des siens après avoir vécu de très prés une expérience unique au monde : le passage d'un pays arabe et musulman, d'un régime autoritaire à une démocratie parlementaire, après quatre ans de tumultes révolutionnaires ! Que retiendra-t-on de ce chef de la chancellerie américaine à Tunis considérée, depuis la nuit des temps, une amie et alliée incontournable de la Tunisie, surtout avec les relations historiques du temps de la dynastie beylicale husseinite et des relations très privilégiées du temps du président Bourguiba ! Tout d'abord, il faut reconnaître à M.Walles un très grand professionnalisme et un savoir-faire méthodique et patient digne des plus grands diplomates avérés. Il a su arrondir les angles en cette période de transition révolutionnaire délicate et bouillonnante à hauts risques et a même démontré par une certaine « complaisance » passive et stoïque un grand sens de la responsabilité alors que la chancellerie de la plus grande puissance du monde ainsi que l'école américaine, étaient attaquées par les feux « amies » de certains extrémistes, pourtant bien appréciés par les « stratèges » de Washington ! Et c'est bien là que le bât blesse ! Les gouvernements successifs américains depuis la première guerre d'Irak, ont tout fait pour s'embourber dans l'erreur fatale de la fuite en avant, parce que les nouveaux successeurs de « Kissinger » au département d'Etat et au Pentagone, ont cru devoir remplacer les régimes « autoritaires » de la modernisation par l'Islam politique à l'identité forte et tenace mais capable de balayer les Saddam Hussein, Kadhafi, Bachar El Assad, Hosni Moubarek et la liste est longue, tout en coopérant « loyalement » avec l'Amérique et protéger ses intérêts « vitaux » dans la sphère arabe et musulmane. D'où, d'ailleurs, toutes ces révolutions détournées et même « volées » du Printemps arabe ! Pourtant, la façon que ces « stratèges » n'ont pas tiré de l'Afghanistan, c'est le retour de manivelle des « Talibans » , anciens alliés des USA contre l'Union Soviétique et le régime de Kaboul inféodé à Moscou, « surarmer » des extrémistes endoctrinés jusqu'à la moelle on évitant de prendre les précautions minimales a donné cette guerre interminable avec des dizaines de milliers de morts américains et civils innocents afghans, ce qui équivaut à une véritable défaite stratégique ! Mais au lieu de rectifier le tir et pousser à des changements « politiques » en conformité au moins avec les valeurs essentielles du peuple américain, tout en sauvegardant la culture de la modernisation, l'Amérique de MM. Bush puis Obama, est allé en guerre de destruction massive contre la Syrie millénaire, civilisée et brillante de culture et d'arts sans jamais prévenir la tragédie immense des peuples et des élites, ni le naufrage humanitaire et civilisationnel de Palmyre, livrée à la barbarie de l'âge de la pierre, dans l'indifférence quasi générale ! Pire encore, l'Amérique a poussé ses alliés occidentaux et européens à armer la fantomatique « opposition démocratique syrienne » contre le régime de Bachar El Assad et le résultat est sans appel, c'est l'émergence de Daëch et ses « frères » qui a pris possession des armes et des munitions occidentales pour menacer la terre entière ! Aujourd'hui, on essaie de se rattraper, avec quelques frappes timides et avec un autre allié d'une très grande ambiguïté, la Turquie d'Erdogan, mais le mal est fait et, est pratiquement irréparable dans ses conséquences ! Parmi ces conséquences dramatiques, l'émigration en masse vers l'Europe prise au piège et comme frappée d'impuissance face à un phénomène jamais vécu depuis la 2ème Guerre mondiale. L'Europe est, aujourd'hui, coincée entre ses valeurs immuables et éternelles droits de l'Homme et du droit d'asile, et sa volonté de sauver son « identité » spécifique et culturelle. M.Jake Walles va, certainement, être remplacé par un autre diplomate américain, tout aussi performant diplomatiquement, mais le problème réel et véritable est du côté des décideurs à Washington ! Pourvu que le nouvel Ambassadeur de notre amie de toujours, l'Amérique, soit chargé de diffuser les « vraies valeurs » du peuple américain et pas de soumettre les peuples de la région d'Afrique du Nord aux « fantasmes » stratégiques qui sont les alliés de fait de l'extrémisme et de l'intolérance. Le désastre vécu à l'échelle planétaire du fait de ces erreurs d'aiguillages à répétition, peuvent avoir servi l'Amérique et ses « alliés » au Moyen-Orient sur le court terme. Mais, sur le moyen et le long terme, la facture bien salée sera assumée par tout le monde et en premier lieu, l'Europe occidentale. Have a nice trip M.Jake Walles and good return to the U.S. ! K.G