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«Une peinture qui défie... le temps»
Publié dans Le Temps le 23 - 07 - 2015

Il ya juste onze ans disparaissait le 12 Juillet 2004 à Rafraf Mostari Chakroun, l'ami, le peintre.
Mostari Chakroun était né à Bizerte en 1942, il était probablement andalou d'origine. Tradition bizertine oblige, il se prénommait Mostari comme de bien entendu !
Nous saisissons tardivement certes la parution du livre de Khaled Guezmir pour rendre hommage au peintre. Khaled Guezmi a fait paraitre ce livre à ses frais en 2011. Le livre n'a pas attiré à l'époque de sa parution, l'intérêt et l'attention qu'il devait mériter.
Nous réparons cet oubli en évoquant le travail du peintre des les années 70 jusqu'à sa mort en 2004. Il faut signaler ici que Abderrazak Fehri , Ali Horchani et moi-même ( Tlili Hocine ) avons accompagné la naissance de la peinture de Mostari Chakroun ainsi que son évolution.
Mostari Chakroun a fréquenté l'école primaire et secondaire à Bizerte, puis a fini par intégrer l'école des beaux arts de Tunis où l'a retrouvé Abderrazak Fehri, Habib Bouabana et d'autres encore. Mostari Chakroun quitta l'école des beaux arts de Tunis pour l'école supérieure des beaux arts de Paris où il suivit de 1966 à1969 les cours de peinture à l'atelier de Raymond Legeult.
Il rejoindra à son retour de Paris , la télévision tunisienne comme décorateur professionnel. Socialement, culturellement, il est devenu peintre actif de 1970 à sa mort en 2004.
Le livre de Khaled Guezmir nous a relaté par l'image toute l'aventure picturale de Mostari Chakroun. La chronologie précise des œuvres Crès aide le chercheur à lire précisément l'évolution du peintre. Les continuités comme les ruptures constatées dans la production de Chakroun. Les collections rassemblées des œuvres de l'artiste par ses propres amis aident à nous livrer une lecture précise et globale du travail de l'artiste.
Mostari Chakroun; le peintre discret
Mostari Chakroun était un peintre discret. Il était un peintre qui comptait dans le mouvement pictural naissant en Tunisie et représentait la face critique de ce mouvement. Tout porte à croire que le peintre a évolué en dehors de l'influence du groupe de l'école de Tunis. Il avait même développé une attitude défavorable à l'école. Il voulait participer à l'éclosion d'une démarche artistique critique expressionniste. La seule authenticité qu'il défendait était celle d'exprimer la vérité sociale et l'engagement pour soutenir toutes les libertés, surtout celle de la liberté d'expression et de création mais l'époque n'était pas propice à cela. Rares sont les peintres tunisiens qui comme lui, ont osé exprimer publiquement leur solidarité avec les luttes sociales qui se sont développées dans notre pays à l'époque. Hatim el Mekki, initiateur du "mouvement de la paix " a été le précurseur à avoir dénoncé dans ses œuvres la famine, les guerres, la répression et la mort en Algérie et au Vietnam.
Mostari Chakroun a été lui, le chantre, à la fin des années 70 des luttes contre l'arbitraire et l'injustice. Mostari Chakroun était le peintre du mouvement populaire de Janvier 78.
L'exposition que la Galerie Attaswir lui organisa en 1979 a révélé un grand peintre d'une grande sensibilité. Le livre de Khaled Guizmir relate cela par l'image d'une manière claire. L'exposition du peintre organisée à la Galerie de l'information en 1980 confirme la nouvelle démarche du peintre.
M.C: Le Peintre engagé
Les œuvres reproduites dans le livre de Khaled Guezmir illustrent cet engagement qui était tout azimut, pictural, poétique et sociale.
Picturalement, l'artiste a évolué durant sa carrière entre trois conceptions de la composition spatiale de ses œuvres. Sa première conception a consisté à élaborer son espace du point de vue géométrique, voire cubiste où les distanciations se faisaient à travers des arêtes abruptes et des différentiations colorées nettes. Les représentations continuent à se référer au monde extérieur mais ce monde est jalonné de crevasses et césures profondes. La deuxième méthode développée par le peintre a consisté à développer des conceptions plutôt nuageuses voire nébuleuses par excès. La composition devient magmatique. La troisième méthode a évolué comme une synthèse entre les deux approches antérieures. C'est alors une apparition/disparition des structures favorisant ainsi une expression poétique très expressionniste.
Mostari Chakroun n'est plus à la recherche d'une beauté idéale sans histoires. Mostari Chakroun ne peint plus les paysages sans crevasses. Il ne peint plus les beaux bleus-azurs du Golf . Le Golf est traversé par les tempêtes. les points de vue ne sont plus seulement les points de vues de Sidi Bou Saïd, même le Boukornine n'est plus si serein que cela. Mostari Chakroun s'est attaché à promouvoir une transgression culturale et poétique plurielle. La poésie qui en émane est une poésie de douleur. Mostari Chakroun n'idéalise plus le monde, sa beauté qui se développe ne se contente plus d'exprimer une beauté anonyme, tranquille et sereine, sa peinture est comme la rencontre des tensions et les mouvements qui démontrent et tordent les barreaux de nos prisons et annoncent nos libertés d'aujourd'hui. La force libérée par les tensions dans ses toiles des années 70-80 a développé une dynamique et une turbulence qui ont bousculé les traditions picturales orientalistes et néo-orientalistes de l'époque. Les aplats, les couleurs fines, les belles formes sont désormais lézardés.
Khaled Guezmir a eu le mérite dans son livre d'avoir rassemblé le maximum de faits plastiques sans lesquels la lecture des œuvres du peintre seraient impossible aujourd'hui. Il est vrai qu'un travail d'inventaire plus exhaustif est encore nécessaire !
On devrait tenter de solliciter la collaboration d'autres collectionneurs comme Moncer Rouissi, Abderazak Lejri, Ali Horchani, Abderazak Fehri ... pour préparer une grande exposition rétrospective dédié au peintre Mostari Chakroun. Cette Initiative est de l'ordre du possible. Elle est urgente comme est urgent de rendre un hommage officiel, culturel au travail de ce peintre, de ce militant dans notre pays !


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