La semaine a commencé hier par trois faits importants. Le premier, tôt le matin, une fusillade a éclaté à l'intérieur de la caserne Bouchoucha. Le bilan de cette opération est de 7 valeureux soldats dont un colonel, pour la formation duquel le contribuable a payé un prix bien élevé... Un soldat interdit de porter d'arme en a arraché celle d'un de ses collègues pour en fusiller d'autres. C'est un épisode digne des films d'horreur. Elle nous renseigne sur la pression intenable que subissent certains de nos soldats à l'intérieur des casernes. Ce n'est pas la 1ère fois qu'un soldat tire sur un collègue. Après la mise à l'écart de l'hypothèse terroriste dans l'explication des faits, le drame reste entier et ses enseignements ne doivent pas manquer d'éclairer nos états majors sur le vécu si stressant et, parfois, à la limite psychologique du supportable pour les non gradés parmi nos forces armées. Ce n'est pas un simple fait divers. C'est beaucoup plus profond qu'une fusillade dans la rue entre braqueurs de banque et agents de l'ordre. L'inquiétude des citoyens et l'amertume ressentie par tous, doivent inciter nos états major à ne pas laisser filer l'évènement sans analyse approfondie des conditions objectives et subjectives qui étaient derrière, ce drame. Il ne faut pas s'auto-suffire en se plaçant derrière le fait que ce n'était pas un acte terroriste. L'autosuffisance est toujours mauvaise conseillère. « Homme des Américains » Le deuxième fait du jour, est la conférence de presse, tenue par l'équipe qui avait accompagné le président de la République dans sa visite chez l'Oncle Sam. Les faits sont là. Un partenariat stratégique aux contours contenus dans le document signé par Joe Biden vice-président de la 1ère Super-puissance mondiale, d'un côté et.....Mohsen Marzouk, conseiller politique du président de la République, comme si Essebsi avait, lui, besoin d'être conseillé en politique. L'image de la cérémonie de signature, est restée gravé dans la mémoire de la classe politique qui n'arrête pas d'en analyser les raisons et les messages codés envoyés au monde. L'homme qui a la bénédiction pour succéder à Caïd Essebsi, dans un avenir proche ou lointain, serait bel et bien, désigné par les Américains, dans la conjoncture actuelle, à savoir le cinquantenaire Mohsen Marzouk, formé au Etats-Unis par Freedom house, avec son ami Samir Dilou, qui serait lui aussi, le prochain secrétaire général d'Ennahdha, selon des sources généralement bien informées. Lors des prochains congrès des deux plus grandes formations, les choses se clarifieront. D'ici là, le secrétaire général désigné de Nida Tounès, s'il échoue à fédérer, sera bien sacrifié. Des divergences reportées Le troisième fait de la journée est la réunion hier, à partir de 18h, du bureau politique de Nida Tounès, sous la présidence de Mohamed Ennaceur, pour trancher la question de la structuration du 1er parti du pays. Les choses sont déjà tracées, travaillées et négociés entre les différents protagonistes. Apparemment, tout marchera sur des roulettes. Dans les faits, la guerre des clans, n'a fait qu'une pause. Mohsen Marzouk, succèdera à Taïeb Baccouche pour le poste de secrétaire général de Nida. Quant à Taïeb Baccouche, absent du périple américain, vient de marquer de bons points avec la libération progressive des Tunisiens arrêtés à Tripoli. De toute façon, les divergences demeureront et le risque d'explosion du parti est grand. Par ailleurs, le succès de l'intervention des services du ministère des Affaires étrangères est rassurant pour la suite du traitement du dossier libyen...Quels enseignements et quelles perspectives à court, moyen et long termes ??? Le lien entre ces faits est la sensation de goût à la fois, amer, salé et sucré, un mélange dont seule l'expérience de transition démocratique tunisienne en est capable. Tous les contraires sont là. Globalement, avec un gouvernement inaudible, des partis politiques penchant pour la politique politicienne et jouant les prolongations de la campagne électorale, les attentes en termes de niveau de vie ne font que s'aggraver en comparaison de 2010. Et personne n'en parle concrètement. La Révolution faite pour la Liberté (chose acquise) et la Dignité (chose dont le niveau de satisfaction est de plus en plus bas), attend toujours la réalisation de ses slogans dont « Ettachghil istehkak ya issabet essourak ». Dans cet ordre d'idées nous craignons qu'on clame un jour «Ettachghil istehkak ya issabet el ahzab ». Comme Ramdhan adoucit les mœurs il faut attendre, la rentrée pour mesurer la vraie chaleur et gravité de la situation.