La mémoire collective a pour point de départ la réminiscence qui s'enracine dans l'intimité d'une personne et de son expérience personnelle et de son vécu, pour s'étendre aux collectivités sociales et politiques. Elle vient donc au secours de l'histoire, pour aider à rétablir une vérité ou réparer un oubli, comme l'affirme le philosophe français, Paul Ricœur. C'est dans cette optique que la Fondation Farhat Hached a été créée par Noureddine Hached, le fils aîné du syndicaliste et militant qui sacrifia sa vie pour la cause ouvrière et nationale. Le but était de consacrer un fond documentaire et d'archives afin de faire connaître la vérité sur ce militant. Dans ce cadre, et au cours d'une cérémonie dans son siège à la cité Maharajane, la Fondation, a signé hier deux conventions de partenariat, avec la Fondation Ahmed Tlili pour la culture et la démocratie représentée par Ridha Tlili, et avec l'université Yass à Abou Dhabi. Houcine Abbassi, secrétaire général de l'UGTT a assisté à cette cérémonie, en présence de médias, de syndicalistes et de membres d'associations des droits de l'Homme. Dans son allocution de bienvenue, Noureddine Hached a mis en exergue le rôle qu'a joué l'UGTT, aussi bien dans le mouvement national que dans la défense des droits des travailleurs, dans cette conjoncture particulière où le pays souffrait des exactions du colonialisme. C'est la raison pour laquelle, Farhat Hached, fondateur du premier syndicat tunisien fut dans le collimateur des autorités coloniales, pour leur avoir mené la vie dure, avec ses dénonciations des injustices et des atteintes aux droits des autochtones et fut pour cette raison lâchement abattu le 5 décembre 1952. Noureddine Hached, accéda aux archives françaises à Vincennes pour accéder à la vérité sur ce crime abominable qui s'avéra être un crime d'Etat. Ce sont les autorités coloniales qui furent les commanditaires de cet assassinat qui avait marqué une étape décisive dans la lutte pour la libération nationale. La recherche de la vérité sur l'histoire nationale, et le rassemblement de documents, était pour le fils du militant syndicaliste, un projet personnel qu'il a commencé depuis 1965, lorsqu'il était étudiant à Paris. Il avait alors découvert dans une bibliothèque, un document qu'il garda par devers lui, en le conservant soigneusement. C'est un rapport de l'UGTT sur « les problèmes sociaux en Tunisie, édité en 1951. Il s'agit d'une étude économique, sociale et politique de la situation du pays à cette époque. Dans ce document les problèmes cruciaux sont évoqués, tels que celui de l'économie ou l'enseignement avec un programme d'action proposé par la centrale syndicale. Il en a fait don, ainsi que de la carte d'implantation en Tunisie en 1952 de l'UGTT, et les a remis en mains propres à Houcine Abbassi. Emu, et presque au bord des larmes ce dernier, a fait remarquer tout d'abord que la centrale syndicale, a pris le pas sur les pionniers du syndicalisme en Tunisie, lesquels s'étaient intéressés bien avant l'UGTT de la situation économique et Politique du pays, à l'instar de M'hamed Ali, le fondateur du syndicalisme qui avait proposé la création des coopératives entre les salariés. C'était en réponse à la prolifération de l'économie libérale qui néglige le côté social et les travailleurs qui étaient à cette époque lésés par les autorités coloniale. Houcine Abbassi a fait remarquer également que c'était Farhat Hached qui avait créé l'UTICA afin de trouver un interlocuteur, pour une concertation sociale efficace entre tous les partenaires sociaux. Il a ajouté que le rôle de l'UGTT, est aussi bien syndical que politique. C'est ce que certains avaient injustement reproché à une centrale syndicale qui s'était, depuis sa création, ancrée dans la politique sociale, économique, et avait participé au mouvement national qui était tributaire de la situation politique. Depuis l'indépendance elle avait incité aux réformes sociales et économiques, et ses relations avec les autorités étaient en dent de scie, a-t-il précisé. A un moment donné, dit-il, les vrais syndicalistes avaient été écartés pour être remplacés par des représentants fantoches qui n'avaient du militantisme que le nom. De nos jours et après la Révolution, on ne peut nier le rôle qu'a joué l'UGTT, pour préserver les valeurs de la République et consolider les bases d'une véritable démocratie. Houcine Abbassi a souligné que l'UGTT est la seule organisation qui s'est intéressée au problème économique, notamment par ses programmes en 1951, 1956,1984, 2001, et enfin celui proposé en 2011 lors du Congrès de Tabarka. L'UGTT continuera à jouer son rôle social et économique, dans l'intérêt de la paix sociale. Dans la deuxième partie de la séance, les professeurs conférenciers Abdelmajid Belhedi, Karray Ksontini, Ridha Tlili, Adel Ben Youssef et Mohamed Sassi, ont surtout mis en exergue le rôle pionnier de l'UGTT dans la politique économique et sociale nationale.