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Pour l'ancrage de la démocratie et du modernisme
Les efforts réformistes de l'Ugtt à travers l'histoire
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 01 - 2016

A l'occasion de son 70e anniversaire, l'Ugtt a organisé, hier et avant-hier, à Hammamet, en collaboration avec l'Institut supérieur de l'histoire contemporaine de la Tunisie et l'association allemande «Friedrich Ebert Stiftung» (FES), un séminaire sous le slogan «70 ans de construction démocratique et moderniste».
Après un bref préambule retraçant l'histoire militante de la centrale syndicale, le secrétaire général adjoint responsable de la formation syndicale et de la culture ouvrière, Mohamed Mselmi, a donné la parole au représentant de l'association allemande qui a mis l'accent sur l'importance de la coopération entre celle-ci et la centrale syndicale et qui est vieille de 28 ans. Il a rappelé, par-là, que la FES entretient des rapports positifs et assez développés avec les organisations et les mouvements syndicaux allemands et internationaux.
Il s'est dit persuadé que l'Ugtt mènera la Tunisie à bon port. L'invité allemand conclut, en rappelant le séjour du pionnier du mouvement syndicat tunisien, Mohamed Ali Hammi, à Berlin et la sortie d'un ouvrage mémorisant cet événement historique marquant. Le directeur de l'Ishtc, Faouzi Mahfoudh, a porté à la connaissance de l'assistance que ce livre sera traduit en arabe et qu'un stand sera réservé à l'Ugtt, lors de la prochaine foire du livre qui se tiendra au mois de mars prochain.
Pour un nouveau modèle de développement économique
Prenant la parole, l'universitaire a insisté sur le rôle déterminant de l'Ugtt, pendant sept décennies, aussi bien dans la lutte sociale que dans la lutte nationale, où sa large contribution dans la guerre d'indépendance n'est pas à démontrer.
Dans ce cadre, le conférencier tient à souligner que les grandes réformes en matière d'enseignement et de santé, ainsi que dans les domaines économique, social et culturel sont initiées par l'Ugtt, au cours des années 40 et au début des années 50 du siècle précédent, c'est-à-dire longtemps avant la naissance de l'Etat tunisien. La lutte pour l'organisation syndicale ne s'arrête pas à ces confins, puisqu'elle a toujours fait de la démocratie son champ de bataille.
L'un des défenseurs acharnés de cette valeur suprême, cité par lui, est le leader syndicaliste, Ahmed Tlili, qui a lutté sans fléchir contre le totalitarisme et la dictature de Bourguiba. Des œuvres relatant ces faits historiques saillants dans l'histoire de la lutte pour la démocratie seront, prochainement, publiées.
Après ces informations, qui étaient fort appréciées par l'assistance, place était faite au secrétaire général de l'Ugtt, Houcine Abassi, pour prononcer le discours officiel. Au début, il tient à valoriser le rôle de soutien de la FES à l'action menée par leur organisation ainsi que la coopération qu'elle entretient avec la fondation allemande, comme il fait remarquer que l'Ugtt a toujours été dirigée par des forces modernistes. «L'organisation de Hached» a participé au progrès économique et social, à travers la modernisation des forces productives, souligne-t-il.
Ce rôle avant-gardiste, qu'elle assume et revendique haut et fort, ne s'est jamais arrêté, bien au contraire, il se renforce davantage, à chaque nouveau tournant et à chaque nouvelle crise, comme en témoignent ses positions, pendant la révolution, où elle a encadré le mouvement populaire par le biais de ses militants et ses locaux régionaux qu'elle a mis à la disposition des forces révolutionnaires, et où elle a milité pour imposer l'instauration d'une Assemblée nationale constituante, et aussi lors du blocage politique de 2013, où elle a participé, d'une manière prépondérante et efficace, à désamorcer la situation, grâce au Dialogue national, qui était inspiré, selon le secrétaire général, du front national de lutte contre la colonisation.
C'est une manière de dire que le passé sert le présent et que les problèmes économiques, sociaux et politiques font partie intégrante de la lutte nationale qui est loin d'être terminée.
Tout en notant l'importance des acquis majeurs dans les secteurs public et privé, grâce au dialogue entrepris avec le gouvernement et l'organisation patronale, Houcine Abassi revendique la mise en place d'un nouveau modèle de développement économique qui soit susceptible d'établir une vraie justice sociale.
Rappelant le prix Nobel obtenu par le Quartette, il lance un appel à l'endroit des amis de la paix pour apporter leur aide à la Tunisie et défendre les droits légitimes et inaliénables de la Palestine.
Enfin, le secrétaire général de l'Ugtt déclare que le projet de réforme des statuts au sein de celle-ci, relatif entre autres à la bonne gouvernance et au rôle de la femme, et qui est en cours d'élaboration, sera soumis à la ratification du prochain congrès qui se tiendra au mois de décembre prochain.
Tahar Haddad, l'humaniste
La séance scientifique matinale qui a suivi cette séance protocolaire, et qui était présidée par le secrétaire général de la Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Houcine Boujarra, était animée, uniquement, par des historiens. Le premier intervenant parmi eux c'est le Dr Amira Alaya Sghaïer qui développe le thème «La pensée progressiste et moderniste des leaders du mouvement syndical en Tunisie : Tahar Haddad comme exemple». Il souligne, tout d'abord, la contribution de l'Ugtt dans la guerre d'indépendance nationale, à partir de 1952, sur le double plan politique et militaire. Ensuite, il attire l'attention sur le fait que l'on ne doit pas cantonner ce grand penseur dans l'image du défenseur des droits de la femme et de l'auteur du Code de statut personnel (CSP), car il est aussi syndicaliste et réformiste hors pair. Pour en persuader la présence, il cite l'une de ses grades œuvres qui est pourtant parmi les moins connues, à savoir «Pensées», qui rappelle par le titre celles de Pascal, et où il met en valeur l'importance de la raison, de la liberté et du changement.
A ce propos, l'historien fait apparaître la contribution des socialistes et des communistes à l'action réformiste et fait remarquer, par-là, que tous les Français résidant en Tunisie à l'époque coloniale ne sont pas favorables à la colonisation, puisque certains d'entre eux, à l'instar d'Albert Bouzanquet, s'engagent activement dans le mouvement national d'émancipation syndicale et politique.
Tahar Haddad, ce grand humaniste, a essayé, d'après l'historien, d'adapter l'islam aux exigences de l'époque moderne, moyennant une interprétation dynamique et rationnelle du texte coranique, à l'image de Luther et de Calvin qui ont réformé le christianisme, en l'élaguant des doctrines non-bibliques.
Les fonctionnaires, un modèle précurseur
L'historienne Ismahène Yousfi, qui lui succède, traite du thème « Le rôle de la Fédération générale des fonctionnaires tunisiens dans l'élaboration et la détermination des programmes sociaux et politiques de l'Ugtt 1936/1951», à travers lequel elle essaye de développer une sociologie des mouvements syndicaux. Elle commence par montrer que les fonctionnaires tunisiens, pendant cette époque-là, constituent en fait une catégorie naissante, en réaction à une catégorie prépondérante, celle des Français qui jouissaient de tous les avantages possibles à leurs dépens.
Ces fonctionnaires tunisiens, qui militaient contre la discrimination et l'exclusion et qui ont fondé un journal «Le fonctionnaire tunisien» en vue de mieux médiatiser leur cause, ont restructuré leur syndicat en 1945, suite à son interdiction par les autorités coloniales, pendant la seconde guerre mondiale, et où Sadok Chaïbi était élu secrétaire général.
Cependant, leur action militante ne se limitait pas à des revendications matérielles, mais touchait, également, au mouvement de libération nationale. D'où le lien viscéral entre syndicalisme et politique.
Dans sa lutte tous azimuts contre la colonisation, cette fédération revendiquait, avec force, la tunisification de la fonction publique et rejetait même la double souveraineté, bien avant le parti destourien. Une année après la restructuration de la Fgft, le mouvement des fonctionnaires et celui des ouvriers fusionnent au sein de l'Ugtt.
Là, l'historienne se demande si Farhat Hached ne s'est-il pas inspiré de l'expérience de la fédération des fonctionnaires.
Pour sa part, l'historien Adel Ben Youssef insiste sur le grand rôle joué par Mahmoud El Messaâdi dans l'entrée des intellectuels, notamment des universitaires, à l'Ugtt.
Leur adhésion à la centrale syndicale était encore plus massive, pendant les années 70, où un centre d'études et de la documentation était mis en place. A partir de cette date, cette dernière va marquer sa présence dans toutes les universités tunisiennes.
C'est la preuve, selon le Dr Ben Youssef, que l'Ugtt n'est pas seulement une organisation prolétarienne. Enfin, le syndicaliste et enseignant du secondaire et auteur de plusieurs ouvrages édités par celle-ci, Salem Haddad, met l'accent sur la nécessité et l'urgence de procéder au révisionnisme de l'histoire, afin d'élucider la vérité sur nombre de faits majeurs et réconcilier les Tunisiens avec leur passé.
Il soutient qu'à défaut de légitimité militante, certains essayent de s'octroyer un autre type de légitimité puisé dans l'histoire qu'ils tordent pour l'ajuster à leur profil. Cette manière de traiter l'histoire a pour objectif, d'après lui, de minimiser, voire d'occulter l'action populaire, et d'amplifier et de glorifier celle des leaders.


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