Le gap budgétaire de l'Etat tunisien au titre de l'exercice 2015 est évalué à 7,5 milliards de dinars. Et pour résorber l'écart entre les ressources et dépenses budgétaires, le gouvernement Jomâa a déployé tout un plan de financement approprié permettant de renflouer la caisse de l'Etat et de mobiliser les fonds nécessaires à financer les dépenses qui s'amplifient davantage. Dans ce cadre et après une trêve de 13 ans, la Tunisie a relevé la gageur pour réussir à émettre sur le marché international un emprunt obligataire de 1 milliard de dollar américain, non assorti d'une garantie souveraine. Pour jeter la lumière sur les circonstances les caractéristiques et particularités de l'emprunt obligataire, un point de presse a été tenu hier à la Kasbah par Hakim Ben Hammouda ministre de l'Economie et des Finances et Chedly Ayari, Gouverneur de la BCT. Le gouvernement partant s'emploie sans relâche paraît-il à respecter ses engagements et aller jusqu'au bout de son « contrat objectifs ». « Alléger le déficit budgétaire, mobiliser les ressources budgétaires via l'emprunt national, la lutte contre l'évasion fiscale et la contrebande et la diversification des sources de financement ont été parmi les objectifs de notre gouvernement », affirme Hakim Ben Hammouda, ministre de l'Economie et des Finances. Ainsi et pour tenir la comparaison face au déséquilibre croissant entre les dépenses budgétaires et les ressources limitées de l'Etat et ce, de fait de la faiblesse affligeante de la production et de la productivité, de la baisse des investissements et du repli des exportations, le recours à l'emprunt extérieur s'est avéré incontournable. Chedly Ayari, Gouverneur de la BCT a affirmé dans ce titre que le niveau d'endettement extérieur s'avère soutenable et maîtrisable en Tunisie, ne dépassant pas les 46% du PIB. «Avec l'insuffisance des autres sources de financement dont les dons, les recettes des IDE et les emprunts contractés auprès des institutions internationales, la sortie sur le marché international devient la seule issue pour juguler l'accroissement exorbitant des dépenses de fonctionnement dont les salaires culminent dans le budget de l'Etat à 800 MDt ajouté à la hausse des dépenses de subvention », affirme le gouverneur de la BCT qui s'est félicité du succès inespéré allant au-delà des espérances de cette opération « sans béquilles » ou encore sans garanties souveraines à l'instar des emprunts antérieurs assortis par la garantie des grandes puissances mondiales comme le Japon et les USA. « Un pari gagné », affirme le Gouverneur. Il faut signaler que le gouvernement a émis au préalable un emprunt obligataire de 500 millions de dollars sur le marché international. « La bonne nouvelle et contrairement aux attentes, l'engouement des investisseurs internationaux privés a dépassé toutes les espérances. L'offre a dépassé la barre de 4 milliards de dollars américains pour 270 investisseurs émetteurs dont 10 parmi les plus importants investisseurs dans le monde. Nous nous sommes finalement limités à 1 Million de dollars américains, soit 2 milliards de dinars qui seront à la disposition du prochain gouvernement » A noter que l'émission est assortie d'un coupon de 5.75% l'an, d'une maturité de 10 ans. L'opération a été co-dirigée par deux banques américaines (JP Morgan et Citibank) et une banque européenne (Natixis). « La réussite de l'opération est le fruit d'un travail et d'une démarche pragmatique diligentée par une équipe restreinte dirigée par la BCT et le ministère de l'Economie et des Finances et par un important effort de promotion auprès des investisseurs étrangers en marge des Road show entamés en janvier 2015», affirme Hakim Ben Hammouda qui précise que l'opération a démarré en mars 2014, la décision a été prise en octobre 2014 pour être concrétiser en début de mois de janvier, soit après la réussite des élections. Le ministre a affirmé par ailleurs que taux d'intérêt ou encore le coupon de 5,75% l'an obtenu est très raisonnable et se situe dans la moyenne des taux pratiqués dans les pays émergents. « Les 2 milliards de dinars mobilisés seront destinés aux finances publiques », ajoute-t-il. A priori, les 2 milliards de dinars levés ne sont pas destinés au financement des projets d'investissements mais plutôt les dépenses de fonctionnement entre autres les salaires des 800.000 agents de l'Etat. In fine et malgré la réussite de cette opération et ce regain de confiance des investisseurs étrangers, les défis sont nombreux. Le retard observé dans la formation du gouvernement et la capacité du prochain gouvernement à poursuivre les refontes économiques nécessaires, inquiètent toujours les détenteurs de capitaux.