L'émission a été assortie d'un coupon de 5,75% l'an, soit un taux inférieur à celui pratiqué sur les bons du Trésor émis sur le marché domestique, qui s'élève à 6,35%, et au taux de 7,35% contracté lors de la dernière sortie sur les marchés internationaux, en 2005, quand la Tunisie était classée «Invest Grade» La Tunisie a levé un milliard de dollars à un taux de 5,75% et une maturité de dix ans, lors de sa première sortie sur les marchés internationaux, sans aucune garantie de pays tiers, qui a été codirigée par deux banques américaines, à savoir JP Morgan et Citibank, et une autre européenne, Natixis. C'est une performance à plus d'un titre, ont défendu le ministre de l'Economie et des Finances, M. Hakim Ben Hammouda, et le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), M. Chedly Ayari, qui avaient détaillé cette sortie «expérimentale» lors d'une conférence de presse tenue, hier, au siège du Premier ministère. L'affluence des investisseurs a été plus que visible, s'est félicité le ministre de l'Economie, rappelant que le total des ordres a atteint 4,3 milliards de dollars, exprimés par plus de 270 investisseurs à travers le monde pour une taille de référence ciblée de 500 millions à 1 milliard de dollars américains. «Ça y est, c'est complet !», c'est par ces mots que le gouverneur de la BCT avait décliné les dernières offres de certains investisseurs qui se précipitaient à prendre part à cette émission obligataire. Pour sa part, Ben Hammouda a souligné que sur une liste de cent investisseurs, seulement trois n'ont pas réagi favorablement à l'offre tunisienne. Mieux encore, les dix plus grosses institutions financières ont investi dans l'avenir de la Tunisie», a-t-il vanté. Il a confié à La Presse que le montant de l'emprunt a été mobilisé à raison de 40% auprès des investisseurs américains, 20% des européens, 30% des asiatiques et 10% des arabes. Le taux n'est pas exorbitant Par ailleurs, il a réfuté la thèse selon laquelle le prix fort de ces obligations est à l'origine de la ruée des investisseurs, rappelant que ce taux est appliqué pour des pays dont la situation économique et le rating sont bien meilleurs que ceux de la Tunisie, sans citer de pays. De même, ce taux est bien inférieur à celui pratiqué sur les bons du Trésor émis sur le marché domestique, qui s'élève à 6,35%, et au taux de 7,35% contracté lors de la dernière sortie sur les marchés internationaux, en 2005, quand la Tunisie était classée «Invest Grade». Pour ce qui est de la maturité de dix ans, il a commenté que c'est un «délai exceptionnel», et que la majorité des émissions d'obligations se négocient pour un terme de cinq à sept ans. Au-delà des bonnes surprises au sens des deux artisans des politiques budgétaire et monétaire du pays, la réalité économique dicte le recours à l'endettement. En effet, ces fonds de presque deux milliards de dinars seront mobilisés pour honorer les engagements de l'Etat, principalement à court terme, notamment l'enveloppe des salaires de quelque huit cents millions de dinars par mois, les échéances de remboursement de la dette domestique au mois de février d'environ deux cents millions de dinars, les dépenses de compensation ainsi que les dépenses d'investissement. La prochaine formation gouvernementale n'aura pas la réalité en face avec des caisses vides, a noté le gouverneur. Par ailleurs, les gaps enregistrés entre le niveau d'épargne et les besoins d'investissements, les ressources budgétaires propres et les dépenses publiques ainsi que le déficit commercial ne laissent aucune marge de manœuvre aux dirigeants. Pour limiter le recours à l'endettement, il faut produire, exporter et épargner, a insisté le gouverneur, car les béquilles ne remplacent guère la validité de l'être. Et d'illustrer : «Si le bassin minier avait fonctionné normalement, on n'aurait pas été obligé de chercher des fonds de l'extérieur». Et pour positiver, le gouverneur a mis l'accent sur la soutenabilité de la dette extérieure de la Tunisie dont le niveau de la partie ne dépasse pas 46%.