L'impact sur l'économie de la sphère informelle varie, selon les secteurs, entre 30, 60 et 70%". Le commerce informel est fort à la veille du ramadan. Ce secteur constitue une concurrencedéloyale vis-à-vis du commerce organisé, puisque ses acteurs ne paient pas de taxes, et donc un important manque à gagner pour le gouvernement, qui a lancé fin août 2013 une opération visant à éradiquer les échoppes illégales. Une recherche conjointement menée par l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica, patronat) et l'Institut pour la liberté et la démocratie (ILD), une ONG péruvienne, a révélé que sur 616 000 entreprises existant en Tunisie, 524 000, soit 85 % d'entre elles, sont extra-légales, leur valeur totale étant évaluée à 34 milliards de dinars tunisiens (15,5 milliards d'euros). Plus important encore, 85 % des PME tunisiennes légales celles qui paient des impôts et des taxes opèrent dans des secteurs directement mis à mal par la sphère informelle. Ainsi à l'approche du mois saint de Ramadan, l'Organisation tunisienne de défense du consommateur (ODC) appelle les Tunisiens à boycotter les circuits parallèles et s'approvisionner en produits de consommation des marchés formels et à rationaliser leur consommation tout en respectant leurs budgets et leurs pouvoirs d'achat.« Les consommateurs devraient utiliser le boycot comme une arme contre les produits trop chers, les commerçants qui ne respectent pas les principes du commerce loyal et ceux qui optent pour la vente conditionnée et n'affichent pas les prix », lit-on dans le même communiqué. L'organisation appelle également le gouvernement à intensifier le contrôle et à assurer plus de veille pour faire face à la contrebande et à dissuader les contrevenants ».Ce qui frappe avant tout c'est le nombre de jeunes hommes semblant désœuvrés dans les rues et le nombre de marchands de légumes et de fruits. Ces véritables marchés informels de fruits et de légumes permanents fleurissent un peu partout sur le territoire durant ce mois sacré. La plupart des commerçants travaillent sans registre du commerce et sans factures.. Pis encore, l'informel a provoqué une désorganisation profonde des marchés de gros et ceux de proximité. Ainsi, il a ouvert la voie à la spéculation, engendrant de ce fait la hausse effrénée des produits sur les étals. Les centres-villes sont devenus d'énormes bazars à ciel ouvert. Les trottoirs sont envahis par des tréteaux et des présentoirs de fortune qui proposent au chaland tous types de produits. Les prix des fruits et légumes s'envoleront sous l'effet de la spéculation et des pratiques déloyales des commerçants dans un marché encore amplement dominé par l'informel. Chaque année, c'est la fièvre des prix au début du mois sacré et ce sont généralement les commerçants, séduits par le gain facile, qui sont montrés du doigt dans cette flambée et accusés de faire monter les prix pour réaliser de grands bénéfices. La bourse du citoyen ne supporte pas cette flambée des prix Sur un autre registre se rapportant à la qualité des produits, une question se pose : est-ce que la surveillance actuellement quelque peu renforcée des agents du commerce dans les marchés de contrôler durant ce mois les lieux de stockage, de lutter contre le commerce parallèle et de contraindre les commerçants à afficher les prix des produits exposés à la vente pourront apporter leurs fruits et dissuader ces commerçants de s'adonner à de telles pratiques ? Plusieurs d'entre eux étalent toujours leurs marchandises à même le sol et proposent au consommateur des produits nécessitant une conservation dans des endroits frais tels les fromages, les poulets, les poissons et les boîtes de thon mettant ainsi la vie des Tunisiens en danger par ce manque d'hygiène alimentaire largement répandu pendant le Ramadhan. Face à ce commerce informel, l'Etat doit agir vite et faire face à ce fléau inquiétant qui nuit à notre santé et à notre économie