- La deuxième phase de l'initiative de l'UGTT se tiendra début mai L'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) ne compte pas rejoindre les consultations qui se déroulent depuis le 15 avril dans le cadre du dialogue national initié par la présidence de la République. C'est ce qui ressort d'une réunion tenue hier entre une délégation composée de représentants des partis ayant pris part au dialogue qui se déroule à Carthage et des dirigeants de la principale centrale syndicale en Tunisie. "Nous estimons que l'initiative du Président de la République Moncef Marzouki n'englobe pas tous les acteurs politiques. L'UGTT dont le rôle est de rassembler les forces politiques sans exclusion et d'être le catalyseur d'un consensus autour des grandes questions de l'heure ne pourra pas, de ce fait, rejoindre ce dialogue boycotté par certains partis", a souligné le secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé de l'information, Sami Tahri, à l'issue de la réunion. La délégation des représentants des partis est composée de Maya Jeribi (Parti républicain), Mouldi Riahi (Ettakatol), Sahbi Attig (Ennahdha), Mehdi Ben Gharbia (Alliance démocratique) et Ridha Belhaj (Nidaâ Tounès). Tout en refusant de prendre le train en marche, l'organisation qui a toujours joué un rôle politique depuis sa fondation en 1946 a , cependant, choisi de relancer son initiative de dialogue national. "Nous allons annoncer incessamment la tenue de la deuxième phase de notre initiative de dialogue national d'autant plus que tous les partis, dont le mouvement Ennahdha, ont exprimé leur prédisposition à y participer". Retournement de situation La première phase de l'initiative de l'UGTT, qui a eu lieu le 16 octobre 2012 à Tunis, avait été boycottée par le mouvement Ennahdha et le Congrès pour la République (CPR). Ces deux formations qui forment avec le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL/ ou Ettakatol) la coalition tripartite au pouvoir avaient, alors, refusé de se réunir autour d'une même table avec des représentants de Nidaâ Tounes. Curieux retournement de situation, ce même parti que le CPR et Ennahdha avaient accusé de recycler les anciens cadres du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) participe au dialogue national initié par Marzouki! La deuxième phase de l'initiative de l'UGTT devrait être marquée par la participation de tous les partis politiques ainsi que les organisations de la société civile . Le dialogue national initié par la présidence de la République a réuni les principaux partis politiques représentés à l'Assemblée nationale constituante (ANC). Outre les représentants de la coalition au pouvoir, les partis de l'opposition sont représentés à ces consultations par le Parti Républicain, le Mouvement Nidaâ Tounes, l'Alliance démocratique et le Parti Al-Moubadara.Le Parti des Travailleurs, le Mouvement Wafa, la Voie démocratique et sociale (Al-Massar) et le Parti des Patriotes Démocrates unifié invités à la réunion l'avaient boycotté. Feuille de route Certains partis qui ont pratiqué la politique de la chaise vide ont justifié leur attitude par l'absence de l'UGTT alors que d'autres ont vu dans l'initiative de la présidence de la République une tentative visant à redorer le blason de Moncef Marzouki, dont les récentes menaces contre les opposants et les pourfendeurs du riche Etat pétrolier du Qatar ont été largement décriées. Certains autres partis ont , quant à eux, pointé une tentative de "normalisation avec le RCD", en allusion à la présence de représentants de Nidaâ Tounes à Dar Dhiafa. L'idée de l'organisation d'un dialogue national a été lancée depuis l'été 2012 par la principale centrale syndicale du pays et une partie de l'opposition. Les initiateurs de cette idée ont constaté que les travaux au niveau de l'ANC n'avançaient pas au rythme souhaité , ce qui risquait d'allonger le processus transitoire et de créer un climat de tension et de surenchères peu propice à la relance de l'économie nationale et à la tenue des élections dans un climat serein. Le dialogue national devrait, en définitive, aboutir à des solutions de compromis et à un consensus sur les principaux points en litige. Il s'agit essentiellement de la rédaction de la Constitution, le rétablissement de la sécurité, la nature du régime politique, le type de code électoral, le calendrier des élections et la mise en place des institutions et instances indépendantes telles que l'Instance supérieure indépendante des élections, l'Instance provisoire de la magistrature et la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle. Les solutions de compromis devraient être inscrites dans une feuille de route attendue qui sera soumise à l'ANC vers la mi-mai prochain au plus tard.