Le Conseil national du Parti Ettakatol s'est réuni, samedi et dimanche à Khayem Garden à Nabeul. Cette réunion rehaussée par la présence de 120 membres du parti a été consacrée à l'examen de la situation générale dans le pays et à l'évaluation des activités du parti. Dès l'ouverture des travaux, samedi après-midi, en chef du parti, Dr Mustapha Ben Jaafar a tenu un discours apaisant et réconciliateur. En effet, il a appelé les adhérents du parti à se tourner vers l'avenir et à préserver son unité considérant que «ce dont le pays a besoin, aujourd'hui, c'est de stabilité et d'une vision politique et économique claire pour réussir son processus de transition démocratique».La situation exige, a-t--il ajouté, de rétablir la sécurité et de traiter les dossiers sociaux urgents.La Tunisie a besoin d'une feuille de route claire qui réponde aux exigences de la conjoncture. La vigilance s'impose pour réussir les objectifs de la révolution et faire face aux difficultés économiques. Le secrétaire général du parti reste confiant quant aux chances de son parti de convaincre les électeurs lors du prochain scrutin « Il faudrait revenir vite sur la scène politique, se repositionner dans cet espace démocratique modéré et récupérer facilement nos électeurs ainsi que les bons éléments perdus ». Dr Ben Jaafar s'est longuement attardé sur les questions internes du parti. Il ainsi tenu à rappeler les démarches entreprises en matière de consécration de la démocratie interne et de la préparation du prochain congrès national les 5,6 et 7 juillet 2013 avec la participation de toutes les sections du parti à l'échelle locale et régionale. Le parti d'Ettakatol comme nous l'a précisé Mouldi Riahi Président du groupe parlementaire d'Ettakatol à l'ANC continue d'occuper une place avancée au sein de l'échiquier politique tunisien, notant que le parti restera mobilisé au service des intérêts suprêmes du pays et pour relever les différents défis, dans un climat de confiance, de mobilisation et de stabilité. »Nous finissons une étape et nous abordons une nouvelle étape qui donnera réellement un nouvel élan au parti appelé à être un acteur significatif du débat politique actuel et des prochaines élections électorales ? L'ardeur et l'enthousiasme des membres du Conseil National, à leur départ dimanche soir, semble l'indiquer. « Nous abordons une nouvelle ère celle de la restructuration transitoire. Notre parti a vécu certes une crise interne car certains membres n'ont pas accepté cette coalition avec Ennahdha Mais tous nos militants ont estimé que cette position d'Etakattol de faire partie de la Troïka, et donc du gouvernement est réfléchie pour l'amélioration de la transition démocratique et ceci dans le but d'être plus efficace dans la réalisation des objectifs de la révolution, à savoir, l'emploi et la sécurité. La situation socio-économique et la sécurité restent actuellement précaires mais je suis persuadé que notre pays est sur le bon chemin. Notre deuxième congrès national qui se tiendra en juillet revêt une grande importance car il tracera les bases d'une nouvelle période légitime. Auparavant, les sections du parti et les Fédérations seront appelées à organiser leurs congrès pour élire leurs délégués. Cette procédure aboutira à l'élection de 400 congressistes qui seront présents à notre congrès qui sera rehaussé par la présence de plus 400 invités tunisiens et étrangers. Les préparatifs ont commencé avec un noyau qui préparera le congrès et notamment le projet de révision du règlement intérieur. A l'inverse de ceux qui pensent que le parti est en difficulté, nous leur dirons que le parti se porte bien. Il est sur la bonne voie. Nos militants sont capables de résister à la bourrasque malgré que nous sommes attaqués de toutes parts, dans les médias, par d'autres partis. Côté coalition, M Riahi a précisé qu'Ettakatol est sollicité par certains partis comme El Amal Tounsi, la coalition démocratique et d'autres partis. « On est en train dit-il d'étudier cette proposition. Nous sommes ouverts à toute coalition sérieuse et démocratique. Le dialogue est nécessaire. L'essentiel c'est de bâtir cette société citoyenne ouverte qui répond aux attentes des Tunisiens »
Dr Mustapha Ben Jaafar (Président de l'Assemblée nationale constituante et chef d'Ettakatol) Le processus démocratique avance d'une manière sûre malgré les obstacles Nous pouvons aller aux prochaines élections avec assurance Ettakatol a résisté à la bourrasque parce qu'il a fait un choix dans l'intérêt du pays mais qui n'est pas toujours bien compris par une partie de l'opinion publique et des militants Je ne lâcherai pas le parti alors qu'il est en pleine reconstruction Le Temps : Comment jugez-vous la situation politique du pays ? Mustapha Ben Jaafar : Elle est satisfaisante dans la mesure où le processus de transition est sur les rails. Evidemment, question rythme nous pouvons considérer que nous allons pas vite même si je pense tout à fait le contraire mais toujours est-il que malgré les difficultés inhérentes à toute situation de transition après la révolution, nous sommes à la veille de la mise de la proposition d'une constitution. Nous allons présenter ce projet à la fin de ce mois-ci après avis des experts. Par la suite, il nous restera à adopter la constitution article par article et j'espère que si le calendrier est respecté et le consensus est préservé et qu'il y a une volonté politique de tous les partis politiques pour aller dans le sens du compromis, l'adoption en première lecture se fera durant la première semaine de juillet. Après cela il faudra organiser les élections et nous avons laissé une marge pour que l'ISIE soit mise en place et donne son avis et on prévoit que les élections se feront avant la fin de l'année c'est-à-dire entre le 15 octobre et le 15 décembre Mais ces tiraillements politiques ne sont-ils pas un obstacle à cette transition démocratique ? Ces tiraillements auraient pu être évités au lendemain des élections en constituant un gouvernement d'intérêt national qui aurait regroupé tous les partis qui ont milité contre la dictature. Notre proposition n'avait pas eu d'écho et on s'est retrouvé avec les trois partis qui ont remporté les élections. On a finalement constitué un gouvernement pour éviter en pays le chaos et malgré certaines erreurs de parcours et certains dérapages, je pense que si on compare la situation de la Tunisie avec celle d'autres pays du printemps, je crois que la Tunisie et les tunisiens ont de quoi être fiers du moment que le processus avance d'une manière aussi sûre malgré les obstacles Est-ce que vous êtes optimiste pour la réussite de ces élections ? Bien sûr, malgré les difficultés de 2011 en termes d'insécurité et d'instabilité et de taux de croissance négative, nous avons pu réussir grâce à cette culture de consensus les premières élections démocratiques de notre histoire. Donc il n'y a aucune raison d'avoir peur. Je pense que nous pouvons aller donc à ces élections avec assurance pour ma part je ne vois pas pour quoi est-ce que les prochaines élections n'auront pas lieu dans les meilleures conditions et dans la transparence ? Quel est l'état de santé d'Ettakatol à la veille de la tenue de votre prochain conseil national ? Ettakatol a résisté à la bourrasque parce qu'il a fait un choix dans l'intérêt du pays mais qui n'est pas toujours bien compris par une partie de l'opinion publique et des militants. Je crois que maintenant on peut déjà faire un premier bilan et voir quelle était l'importance de ce choix que nous considérons historique d'Ettakatol et je pense que les semaines à venir vont encore confirmer que la participation d'Ettakatol dans la Troïka n'était pas une chose anodine. Elle est impérative pour sauver le pays du chaos et assurer à cette transition démocratique les meilleures conditions de réussite. Je crois que maintenant nous sommes en train de nous mettre en état de marche et préparer la prochaine électorale. Pour cela nous comptons nous mettre en ordre de bataille, restructurer notre parti et préparer dans les meilleures conditions les prochaines échéances électorales Comptez-vous vous allier à d'autres partis ? Ca peut-être envisagé. Nous sommes en discussion avec des partis qui sont proches de nous en termes de projet de société et de programme socio-économique parce que les prochaines élections vont être l'ouverture d'une période de stabilité de longue durée. Nous serons plus dans le provisoire mais dans le durable et à partir de ce moment là, il faudra réfléchir en terme de réforme structurelle, s'attaquer au mal profond qui pose l'accession du modèle socio-économique pour le futur car le modèle avec lequel nous avons vécu jusqu'à maintenant s'était essoufflé il a donné le maximum de ses résultats sans parler de certaines orientations qui étaient erronées et qui ont conduit à ce clivage et à cette coupure de la Tunisie en deux une partie marginalisée pauvre et une partie qui arrive à se tirer d'affaire La démission de certains membres d'Attakatol n'affaiblit pas votre parti ? Bien entendu toute démission est regrettable mais on parle beaucoup de démissions mais pas des gens qui ont rejoint Ettakatol parce que ça n'arrange pas ceux qui ne nous aiment pas beaucoup. Attakatol est passé par un test intéressant dont la mesure où cette période difficile a fait le tri entre ceux qui ont la tête bien accrochée entre les épaules et ceux qui se laissent berner par les propagandes de droite et de gauche. Aujourd'hui nous sommes dans une période de lancement des nouveaux et nos militants se rendent compte que le choix du parti est judicieux et perçoivent au niveau de l'opinion publique une compréhension beaucoup plus nette de la justification de nos choix qui vont avec l'intérêt du pays Comptez-vous briguer un autre mandat ? A priori on va voir au terme de cette restructuration. En tous cas je ne lâcherai pas le parti alors qu'il est en pleine reconstruction et dans cette période de transition, il faudra bien préparer la relève et celle-ci est à avec l'arrivée de ces jeunes mais aussi ces militants de combat qui sont avec moi depuis une vingtaine d'années. J'entrevois un horizon tout à fait prometteur pour Attakatol Comment vivez-vous votre présidence de l'ANC ? Je la vis au jour le jour, avec passion et le sens du devoir à accomplir. Vous êtes très proche des socialistes français ? Je suis vice-Président de l'International socialiste donc toutes ces dernières années de braise, j'ai trouvé auprès de ces camarades beaucoup de soutien, de solidarité et en quelque sorte la grande famille Qu'est-ce que vous attendez de la visite de Président français François Hollande ? Une consolidation de relations qui sont déjà très bonnes en terme d'échanges économiques et nous attendons une certaine impulsion de la part de la France pour aller dans le sens de relations plus équilibrées entre la Tunisie et l'Union Européenne. Je pense que la France pourra jouer un rôle important dans ce sens et consolider cette stratégie de co-développement qui jusqu'à maintenant n'est pas très évidente dans le partenariat euro-méditerranéen